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Sébastien Fleuret a réuni 29 textes dans ces actes du colloque Peut-on prétendre à des espaces de qualité et de bien-être ? tenu à Angers les 23 et 24 septembre 2004. Notions subjectives et relatives, le bien-être et la qualité de vie ont été les dénominateurs communs des communications qui ont traité des représentations et des pratiques spatiales, des acteurs qui façonnent nos milieux de vie, ou des outils et des approches méthodologiques devant permettre d’évaluer voire de mesurer le bien-être et la qualité de vie. Malgré l’apport de plusieurs disciplines incluant l’anthropologie, la sociologie ou l’urbanisme, et l’ouverture annoncée à « l’ensemble des sciences sociales », c’est à la géographie que l’on doit la plus grande part des contributions.

Plusieurs thèmes, dont le vieillissement de la population, l’exclusion sociale et la santé, sont récurrents dans les divers travaux présentés, témoignant des préoccupations de la société actuelle. Maintenant que les pouvoirs publics tentent d’aménager des « espaces de qualité », ces travaux sont d’actualité certes, mais manquent souvent de profondeur et sont de facture inégale, ce qui est fréquent dans ce type d’ouvrage. Parmi les contributions de qualité supérieure, certaines ont retenu notre attention. C’est le cas notamment du texte d’Antoine Bailly intitulé « De la géographie du bien-être à la médicométrie, un voyage en géographie ». Plus de vingt ans après ses premiers écrits sur la géographie du bien-être, Bailly nous en rappelle les fondements. « À la géographie de continuer à expliquer comment la relation de l’homme à l’espace contribue au bien-être, quels sont les processus en cause et les interventions possibles » (p. 26) écrit-il en conclusion. Dans un tout autre registre, Lucille Grésillon (« De l’espace de qualité à celui du bien-être : une question d’appropriation sensorielle ») propose de mesurer le bien-être à partir des perceptions individuelles et des propriétés perceptibles des espaces. Il ne suffit pas de créer des espaces de qualité. Ceux-ci doivent aussi répondre aux besoins sensoriels des habitants dont les caractéristiques physiologiques et psychologiques diffèrent. Mais, souligne Béatrice Chaudet (« Développer des espaces de qualité et de bien-être pour tous : une voie accessible ? »), les espaces de qualité devraient aussi répondre aux besoins d’accessibilité des personnes en perte de mobilité telles que les personnes âgées. Le modèle d’analyse des parcours qu’elle a développé devrait permettre d’évaluer l’égalité d’accès aux différents espaces de la ville et de proposer des alternatives d’aménagement plus intégrateur.

L’ouvrage comporte plusieurs points faibles. Une trop brève introduction tente de tracer un fil conducteur et d’annoncer une structure cohérente à l’ensemble des textes rassemblés sous quatre rubriques. Mais les liens qui unissent les textes sont souvent tenus, ce qui laisse à penser que plusieurs contributions pourraient indifféremment se retrouver dans l’une ou l’autre des sections de l’ouvrage. Par ailleurs, aux quelques coquilles repérées dans les textes, s’ajoute une qualité graphique déficiente des rares figures présentées. Certaines sont tout simplement illisibles. Malgré ces lacunes, cet ouvrage trouvera son utilité auprès des néophytes et de ceux intéressés à poursuivre la réflexion sur le renouveau de la géographie du bien-être.