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Cet ouvrage constitue les Actes du dernier séminaire de la Communauté d’études pour l’aménagement du territoire (CEAT), tenu en 2012. La CEAT est reliée à l’École polytechnique fédérale de Lausanne, et plus particulièrement, à sa Faculté de l’Environnement naturel, architectural et construit (ENAC). Portant sur le thème « Les horizons de la gouvernance territoriale », appliqué essentiellement au cas de la Suisse, l’ensemble des contributions n’en comporte pas moins une portée générale aux plans théorique et pratique. Sur le plan théorique, parce qu’il contient des analyses et des réflexions pénétrantes sur le concept de gouvernance territoriale, et au plan pratique, parce qu’à partir des apports d’universitaires de diverses disciplines, mais aussi d’acteurs politiques, administratifs et experts, les responsables du séminaire ont eu une préoccupation pour l’opérationnalisation des principaux concepts présentés. En effet, dans le dernier chapitre (XIX) et l’annexe de l’ouvrage, ils s’emploient, sur la base de ces concepts, à la présentation de grilles d’analyse interreliées pour aboutir à un dispositif méthodologique pouvant servir à la construction d’une nouvelle gouvernance territoriale.

Le séminaire a été construit sur le postulat qu’il existait, d’un côté, le territoire et ses enjeux qui vont croissants, et de l’autre, la gouvernance de ce territoire et les défis inhérents. La gouvernance territoriale concernerait la gestion et la régulation des enjeux territoriaux. L’interdépendance entre le territoire et sa gouvernance mènerait à une dynamique circulaire, pouvant conduire à un cercle vertueux ou vicieux. Les auteurs de l’ouvrage partagent l’idée générale qu’il s’effectue un passage nécessaire du gouvernement à la gouvernance, parce qu’il y a de plus en plus une non-correspondance entre espaces fonctionnels et institutionnels.

Au plan des contributions théoriques, deux chapitres méritent particulièrement l’attention. Au chapitre trois, les auteurs Boisseaux et Leresche, en analysant l’émergence de la notion de gouvernance en Suisse, considèrent que cette notion est insuffisante pour analyser les hiérarchies qui se développent entre territoires et que nous aurions intérêt à la compléter par d’autres éléments théoriques. Ils proposent à cet égard les concepts relatifs à la différenciation et à la standardisation de l’action publique, à la spatialisation de l’État (rescaling) et enfin, aux changements d’échelle dans le redéploiement de l’État. Puis, dans le chapitre XIV, Luc Vodoz soutient que gouvernance et participation sont deux « facettes de la gestion collective des territoires » et que, bien qu’elles puissent exister indépendamment l’une de l’autre, il est devenu nécessaire d’analyser leurs articulations. Pour l’auteur, le recours à un dispositif de gouvernance s’apparente à la mise sur pied d’un processus participatif ad hoc et il pose les conditions générales de succès d’un tel processus dans le contexte d’une opération de gouvernance territoriale.

Quelques idées maîtresses sont pertinemment rappelées en conclusion par les directeurs de l’ouvrage. Qu’il suffise de mentionner celles qui considèrent que la gouvernance, territoriale en l’occurrence, ne remplace pas le gouvernement, mais est là pour compléter et renforcer l’action des pouvoirs publics, et que, comme pour le gouvernement, sa performance s’évalue sur la base de ses effets en termes d’efficacité et de légitimité, effets qui se mesurent le plus souvent à relativement long terme.