Note d’information

Retours sur l’école thématique SCEMSITE : « Scénarisations, modélisations et simulations spatialisées pour le territoire »[Record]

  • Thomas Houet

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En 2007, Kok et Verburg dressaient une photographie des enjeux liés à l’exploration des futurs dans le domaine aujourd’hui appelé Land Change Science (Turner et al., 2007). « Scénarios », « modèles » et « participation » constituaient les pierres angulaires méthodologiques à combiner pour améliorer les connaissances sur les futurs possibles et leurs conséquences environnementales et socio-économiques, dans le but d’éclairer l’action présente et d’aider les décideurs à mettre en oeuvre une stratégie d’aménagement du territoire qui soit plus durable que s’il n’y avait pas eu cet éclairage prospectif. Néanmoins, Kok et Verburg (2007) constataient que, si de nombreuses études se prévalaient de les mobiliser toutes, leur couplage était le plus souvent unilatéral : les experts (scientifiques) construisaient des scénarios, parfois avec les acteurs, pour alimenter des modèles de simulation dont les sorties pouvaient être restituées aux acteurs. Chacun de ces termes se référant à des fondements méthodologiques, des communautés, voire des écoles de pensées propres (Houet et Gourmelon, 2014), de nombreuses études contribuaient à faire évoluer les méthodes et approches pour explorer le futur, à l’aune de la participation et de la modélisation. Néanmoins, fruit de l’interdisciplinarité inhérente au couplage de la prospective, de la participation et de la modélisation, une confusion grandissante engendrait un besoin de clarification. Ainsi, certains termes comme « scénario » peuvent avoir des significations différentes en prospective ou en modélisation. Certaines approches telles que la validation peuvent se référer à des protocoles méthodologiques voire des paradigmes antagonistes (prospective vs prédiction). Enfin, la gamme des modèles mobilisés en modélisation d’accompagnement (participative) et en modélisation des paysages est telle qu’il existe là encore de nombreuses similitudes et différences. La question de la prospective en environnement est particulièrement prégnante aujourd’hui et fourmille d’initiatives dans la communauté scientifique française (état des lieux des publications scientifiques par la Fondation de Recherche pour la biodiversité en 2013 ; appel à projet sur le thème « Scénarios et biodiversité » pour cette même fondation en 2015 ; thème identifié comme porteur d’enjeux lors des journées prospectives de l’Institut Écologie et Environnement du Centre national de recherche scientifique [CNRS] en 2009 ; etc.). Les dispositifs scientifiques de suivi des interactions entre société et environnement (Zones Ateliers [ZA], Observatoires Hommes-Milieux [OHM]) soutiennent et affichent clairement leur volonté d’explorer ce types de recherches. Par ailleurs, le Groupement de recherche en méthodes et applications pour la géomatique et l’information spatiale (GdR MAGIS) portait déjà depuis 2009 des actions de sensibilisation, de formation et de communications sur ce thème de recherche. Un séminaire a eu lieu à Nice les 4 et 5 avril 2011 sur le thème « Géoprospective : apports de la dimension spatiale aux recherches prospectives » et un workshop Jeunes chercheurs a été organisé du 23 au 26 septembre 2012 à Brest : « La Géo en prospective ». L’idée d’une école thématique plus complète a émergé suite à cette importante demande. Cette école intitulée SCEMSITE pour SCÉnarisations, Modélisations et SImulations spatialisées pour le TErritoire et destinée aux jeunes chercheurs et chercheurs confirmés, avait pour objectif de leurs fournir une base de connaissances et de compétences dans ce domaine interdisciplinaire (SCEMSITE, 2016). Le message général reposait sur le principe que, s’il est nécessaire de coupler ces trois approches (prospective, participation, modélisation) pour aider à la gestion durable des territoires, il n’existe pas de méthode unique pour y parvenir. Il importait de faire comprendre que chacune de ces approches peut avoir des incidences méthodologiques sur les autres et qu’il fallait être rigoureux pour assurer la crédibilité, la cohérence et la transparence des scénarios produits. Par exemple, certains modèles ne sont pas adaptés …

Appendices