Comptes rendus bibliographiques

BEAUCIRE, Francis et DESJARDINS, Xavier (2015) Notions de l’urbanisme par l’usage. Paris, Publications de la Sorbonne, 117 p. (ISBN 978-2-85944-916-2)[Record]

  • Michel GARIÉPY

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  • Michel GARIÉPY
    École d’urbanisme et d’architecture de paysage, Université de Montréal

Le fonds culturel de l’urbanisme tel qu’il se pratique aujourd’hui s’est constitué à compter de la deuxième moitié du XIXe siècle, à partir des problèmes que la révolution industrielle a cherché à résoudre, en fonction des mutations, d’abord techniques, puis sociales et esthétiques, qu’ont par la suite connues l’urbanisme et l’aménagement du territoire. Au delà de ces mutations, les urbanismes – tant européen que nord-américain – se sont développés sur un socle, un contrat social, celui de la mutualisation des risques et de la pondération des effets environnementaux et sociaux. Mais ces effets n’entraîneraient-ils pas aujourd’hui la remise en cause de ce contrat ? Par ailleurs, phénomène fort inquiétant, ce contrat social ne se retrouverait pas dans la plupart des pays émergents. Aussi, l’heure est peut-être à la reformulation de ce fonds culturel. C’est précisément ce fonds culturel constitué des principales notions au coeur de l’urbanisme occidental que vise à présenter l’ouvrage élaboré par Francis Beaucire et Xavier Desjardins, tous deux de la Sorbonne – Université de Paris 1. L’opuscule, puisqu’il fait à peine plus de cent pages, mais un bijou pédagogique sans prétention, est un recueil d’extraits de textes qui présente simplement les notions comme les ont définies les grands auteurs-penseurs de l’urbanisme d’Europe et des États-Unis. Il intègre aussi, aspect original et fort intéressant, des passages d’oeuvres d’écrivains qui les illustrent ou y renvoient. Selon les mots mêmes des éditeurs, il ne se veut pas une anthologie, un lexique ou un dictionnaire : il cible plutôt les liaisons et relations que ces notions entretiennent entre elles, et par rapport à une posture ou un raisonnement. Car les notions ne voyagent pas seules. Aussi, les regroupe-t-il en grappes, en fonction précisément de ces liens. Ainsi, Beaucire et Desjardins dégagent sept « têtes de grappe » : densité, centralité, mobilité, mixité, milieu, espace public et urbanité. Sept notions majeures qui sont chacune l’objet d’un chapitre où se retrouvent les notions associées, 12 au total, en lien avec les problématiques ou enjeux nouveaux. En début de chapitres, les auteurs présentent la notion majeure avec les notions associées ; suivent les textes choisis, chacun étant précédé d’une note de Beaucire et Desjardins où ils font ressortir la raison de sa sélection et son intérêt. Ils mettent ces notions en débat : ils montrent la filiation, les contradictions, les débordements entre les notions, les interrogations qu’elles suscitent. Chaque texte est bien référencé, pour qu’on puisse le retrouver aisément. Enfin, un chapitre clôt l’ouvrage avec une interrogation sur les liens entre les notions. Par exemple, le premier chapitre est consacré à la notion de centralité ; l’introduction de Beaucire et Desjardins présente les notions associées de centre, de pôle et de noeud, dont la superposition et l’intégration sont au coeur du projet urbain, d’un côté, mais que les évolutions de la ville peuvent aussi mettre en tension, sinon dissocier. Le premier auteur mobilisé est Paul Claval, pour qui la ville est un « commutateur social » : si le besoin d’interactions est le ressort constitutif de la vie urbaine, la recherche d’efficacité passe par la détermination de la configuration optimale des réseaux, de la dimension minimale des points nodaux. Suit un extrait d’un texte de Saskia Sassen qui dégage trois formes de centralité résultant de l’impact des nouvelles technologies de communication : le quartier central des affaires, la zone métropolitaine faite d’une « grille de noeuds » et les centres transterritoriaux issus des échanges télématiques et économiques entre villes globales. Après, c’est un extrait de Marcel Roncayolo qui aborde la notion de centre, plus complexe que confuse, modifiée par les nouvelles techniques et …