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Le Canada, peuple d’immigrés, maintes fois cité comme exemple de tolérance, lieu d’une grande diversité, fait l’objet d’un colloque dont plusieurs écrits sont présentés dans ce recueil de 222 pages qui documente le caractère pluraliste de la société canadienne et de ses communautés. Le sens que l’on donne à la notion de diversité dans ce document est illustré par la table des matières, qui annonce un panorama très diversifié de plusieurs aspects des milieux urbains canadiens, présentés sous forme de vignettes variant généralement de cinq à sept pages.

Le titre du recueil, Diverses cités, constitue, en l’occurrence, un jeu de mots approprié. Le terme diversité, très englobant, est employé au sens large puisqu’il fait référence à la diversité ethnolinguistique et culturelle de la société canadienne et de nos villes, à la diversité de la nature des contributeurs et des approches préconisées qui à leur tour impliquent une diversité de moyens d’actions adaptés aux divers contextes cités. Incidemment, plusieurs de ces textes font état de travaux en cours.

Dans un tel contexte, le concept de diversité est présenté comme une richesse et une source d’enrichissement que le Canada tend à reconnaître et à célébrer plutôt que de l’engouffrer dans un «nationalisme forcé» par l’assimilation (Golberg et Mercer, p. 27), et à «établir une société où tous les Canadiens participeraient à la vie économique, sociale, culturelle et politique» (p. 19). Ainsi, le Folklorama de Winnipeg (p. 87) serait un des nombreux microcosmes illustrant cette célébration de la diversité. Il n’en demeure pas moins qu’une telle diversité culturelle, inhérente à un pays si vaste, constitue un défi constant, nullement à l’abri de l’exclusion et de la ségrégation.

À la lecture de plusieurs de ces textes, il paraît évident que l’idée de la mosaïque verticale de Porter est éloquemment illustrée par la variété d’expériences et d’observations documentées dans ce recueil. Divisée en neuf sections, la collection de textes illustre le caractère «exponentiel» et multiple de la diversité: diversité ethnique, diversité religieuse, diversité démographique, diversité de styles de vie, qui à leur tour peuvent être démultipliées, autant que les besoins qui en découlent.

Après une partie d’introduction composée de textes à forte saveur politique, la section 2 s’attarde à quelques aspects d’ordre socioculturel tels que les tendances récentes de l’immigration; l’adaptation des idées de Richard Florida en ce qui a trait à la classe créative et à la population gaie au contexte métropolitain canadien; et les conditions de vie difficiles de nombreux nouveaux immigrants, des autochtones et des familles monoparentales qui contribuent à redéfinir les rapports avec les arts et la culture (section 3). Les implications d’une diversification du profil des populations sur les demandes plus variées en soins de santé, de sécurité et d’accès aux services, ainsi que la problématique de la répartition équitable en matière de santé publique et d’aménagement sont ensuite traitées dans la troisième section. Les questions du logement, déjà alarmantes, se traduisant par une insuffisance de logements sociaux et abordables, et de l’itinérance, problème exacerbé par la loi de l’offre et de la demande qui tendent à jeter de nouvelles bases quant au rôle de la SCHL, sont discutées dans la section 5. Les questions d’infrastructures, de développement et de planification (section 6), incluant sports et loisirs (section 7), nécessitent également des interventions et des investissements. Ultimement, l’infrastructure publique déjà très diversifiée, tributaire des diverses réalités de l’immense mosaïque verticale, sera amplifiée par l’ajout nécessaire de lieux de culte, d’organismes «intégrateurs» dans les régions d’accueil déjà populaires (Montréal, Toronto, Vancouver, Ottawa) et la recherche d’une «attractivité» dans les provinces atlantiques pour compenser la perte de population et l’effet de marge. Finalement, la participation politique devra être mise au diapason de cette réalité en changement constant afin d’assurer une représentation politique et un service de protection publique équitable qui ne l’est pas encore, particulièrement pour les minorités visibles.

Ainsi, des thèmes unificateurs classiques tels que «l’unité dans la diversité», «comprendre les différences», «réduire, voire éliminer, les écarts», «la diversité, notre force», ou même «l’archipel canadien», sont conjugués à l’unisson dans ce recueil de textes, dont l’agencement apparaît parfois acrobatique, pour illustrer le caractère multiculturel du Canada mais aussi les défis qu’il engendre. À cet égard, Winnipeg, Vancouver, Toronto, Ottawa et Montréal ne sont que quelques-unes des nombreuses «diverses cités» canadiennes qui sont confrontés aux défis de la diversité de la société canadienne.