Comptes rendus bibliographiques

BELLIER, Irène, CLOUD, Leslie et LACROIX, Laurent (2017) Les droits des peuples autochtones. Des Nations unies aux sociétés locales. Paris, L’Harmattan, 460 p. (ISBN 978-2-34311-908-3)[Record]

  • Yannick Brun-Picard

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  • Yannick Brun-Picard
    École maternelle et primaire La Peyroua, Le Muy (France)

Les auteurs proposent un ouvrage d’un volume conséquent, fruit d’un travail collaboratif de plusieurs années, soutenu par l’implication de nombreux intervenants attachés aux thématiques de la recherche exposée, dans une dizaine de pays sur quatre continents. Conçu sous l’impulsion d’Irène Bellier dans le cadre du programme de recherche européen Sogip, par suite de la Déclaration des droits des peuples autochtones (DDPA), cet ouvrage s’attache à la vie pratique d’une norme en exposant ce que sont les droits consacrés par la DDPA. Sont mises en perspective les interfaces où s’agrègent les contextes politiques et juridiques, les dynamiques des peuples autochtones, les mises en oeuvre et les spécificités territoriales dues aux localisations. La prise en considération des complexités contribue au dévoilement d’options viables pour que tous les acteurs puissent avancer tout en respectant les cultures et les aspirations de chaque peuple. L’articulation de ces regards approfondis au sujet des droits des peuples autochtones est structurée autour de trois parties. La première prend en compte l’émergence d’un cadre juridique international en l’abordant par la déclaration des droits, le droit international et les systèmes régionaux. La seconde partie expose les dynamiques politiques et les situations des peuples autochtones par l’intermédiaire d’un cadre global, des États répondants et de la situation des peuples dans ces États. La troisième porte sur les droits dans les dispositifs étatiques par le prisme de l’espace politique, du rapport au territoire et des questions de société. Il est à noter que la bibliographie collective est d’une rare densité, tout en demeurant fixée sur la préoccupation principale de l’ouvrage. La contextualisation de nature juridique met en exergue les spécificités de la thématique abordée par les auteurs. Ceux-ci exposent tour à tour des spécificités au Mexique, en Guyane, en Bolivie, en Argentine, au Chili, au Botswana, en Namibie, en Australie, en Nouvelle-Calédonie et en Inde. Ces territoires montrent une grande diversité de dimensions, de densité, de nature de population, d’histoire. La démographie de chaque entité est prise en compte pour expliquer en partie les dynamiques ethniques, les localisations, les déséquilibres et les tensions. La gouvernance selon les différents cadres juridiques, les droits pratiqués, sans omettre les langues dans leur pluralité, apportent un cadre comparatif fonctionnel dépendant de la thématique exposée. La protection des individus, les économies de subsistance, les équilibres écologiques, les transitions culturelles et les échelles d’étude sont présents et servent de jalons à la démarche. Des tableaux synthétiques permettent une lecture contextuelle des évolutions et des points de similitude entre les différents territoires étudiés. Les auteurs mettent en perspective les liens entre les droits internationaux et locaux tout en relevant les tensions avec les droits nationaux. Par ailleurs, le poids des histoires, des héritages coloniaux, des liens d’influence sont intégrés afin d’offrir une lecture ouverte des faits et des dynamiques propres aux droits des peuples autochtones dans leurs territoires nationaux. De ces analyses émerge une diversité de réponses données par les États aux populations qui aspirent à des droits auxquels elles doivent avoir accès et pour lesquels, parfois, elles s’expriment avec détermination. À titre personnel, en miroir aux centres d’intérêts source d’un regard critique, deux facettes liées aux territoires, aux territorialisations et aux territorialités étaient attendues. Il est vrai que les auteurs font des choix pour répondre à leur problématique et qu’un ouvrage en est l’image. Cet ouvrage de nature interdisciplinaire aurait probablement gagné en profondeur par une orientation transdisciplinaire afin que les destinataires perçoivent la nature trajective des implications économiques, sociétales, juridiques et territoriales. Bien entendu, la réalisation collaborative effectuée sur plusieurs années et associant différents domaines tempère cet aspect. Par ailleurs, dès lors qu’on s’attache à un territoire, …