Table ronde

Allocution de Constant Awashish[Record]

  • Constant Awashish

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  • Constant Awashish
    Grand Chef de la Nation atikamekw nehirowisiw

Bon après-midi, tout le monde ! J’ai écouté nos deux conférenciers juste avant moi. Je trouve ça tout le temps un peu difficile de parler après deux conférenciers parce que, souvent, quand j’écoute les conférenciers, je me mets à réfléchir à toutes sortes d’affaires et j’ai l’impression que ce que j’avais comme plan de match, ça tombe un peu à l’eau, mais ce n’est pas grave. Mon but aujourd’hui, étant donné que vous êtes des universitaires, des chercheurs, c’est vraiment de vous donner de la façon la plus simple possible l’expérience que j’ai en tant que Grand Chef et surveillant de la négociation globale ; là, on parle de négociation de traités aujourd’hui, on parle d’autodétermination. On a beaucoup parlé également de colonisation, de colonialisme. Je pense que j’abonde dans le même sens que mes confrères ici, cet après-midi. C’est une question qui n’est pas facile. Juste en commençant, pour ceux qui ne le savent pas, je suis le Grand Chef de la Nation atikamekw. Sûrement qu’il y en a certains ici qui se demandent : « Eh bien, il y a des Chefs, il y a des Grands Chefs : c’est quoi la différence ? Des fois il y a des Chefs, des fois il y a des Grands Chefs, et il y a des Grands Manitous aussi, des fois ». Je ne sais pas si quelqu’un a la réponse dans la salle. Moi, en tant que Grand Chef, c’est quoi ma position dans le cadre légal canadien ? Y a-t-il quelqu’un qui pourrait répondre ? Ce que je disais dans ma langue : nous n’avons pas tous les mots nécessaires pour pouvoir exprimer l’administration et le droit dans notre langue. Souvent, nous pourrions trouver des mots, mais ça serait une description de la situation. D’autres fois, ça pourrait prendre un paragraphe au complet pour expliquer un mot juridique. Donc, pour revenir au sujet d’aujourd’hui, on m’a demandé de venir ici parler de traités, parler de l’autodétermination et de la subjugation. Qu’est-ce que c’est que ça ? Premièrement, ce qu’il faut comprendre, c’est que le droit inhérent à l’autodétermination, c’est très subjectif comme sujet. C’est très subjectif dans le sens que chaque individu ici, dans la salle, chaque universitaire, chaque chercheur, chaque Chef, chaque Grand Chef également aurait sa propre conception de l’autodétermination actuellement. On pourrait dire qu’il existe une échelle entre deux extrêmes. L’extrême à gauche, on va dire à ma gauche, c’est l’autodétermination totale. Il n’y a pas de cadre légal canadien, il n’y a pas de cadre légal provincial par ce fait même : c’est vraiment l’application des lois des Autochtones. C’est la gestion, l’exploitation faite par les Premières Nations, pour les Premières Nations et selon les valeurs et les besoins des Premières Nations, mais également de ceux qui occupent le territoire. L’autre extrémité, c’est aussi l’autodétermination, mais dans le cadre légal international, dans le cadre légal canadien. Je sais qu’il y a beaucoup de gens qui sont enthousiastes avec la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones, mais au sujet de cette déclaration, il y a quelque chose qui m’agace, là-dedans. Oui, c’est encourageant, c’est l’appréciation de la culture autochtone, c’est vouloir protéger la culture autochtone, mais de façon déguisée, parce que, dans la déclaration de l’ONU, ils disent que l’autodétermination est possible, mais dans le cadre légal des États souverains – c’est ce que ça dit : l’État souverain canadien. Donc, oui, en quelque sorte, on est protégé, mais on est comme mis de facto ; on exerce l’autodétermination pour nous ici, au Canada, dans le cadre légal canadien. C’est ce …

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