TY - JOUR ID - 014622ar T1 - Le crime en série(s). Essai de sociologie du mal américain A1 - Esquenazi, Jean-Pierre JO - Cinémas VL - 16 IS - 2-3 SP - 240 EP - 258 SN - 1181-6945 Y1 - 2006 Y2 - 03/28/2024 12:03 p.m. PB - Cinémas LA - FR AB - L’auteur du présent article examine quelques aspects de l’évolution narratologique récente des séries télévisées américaines, à la lumière d’hypothèses concernant l’expression, par le récit policier, des normes définissant le bien et le mal : tout récit policier expliciterait les fondements de ce que Norbert Élias appelle la « structure nous-je », c’est-à-dire les règles de comportement individuel vis-à-vis du collectif. Le malfaiteur (criminel, escroc, etc.) veut briser cette structure ou la mettre à son service, tandis que l’enquêteur veut la rétablir ou la réparer au nom de ce même collectif. De ce point de vue, l’évolution du récit policier pourrait refléter les mutations des comportements individuels, en particulier des comportements criminels. Le récit policier se conjugue médiatiquement de façons diverses : livre, cinéma et télévision en sont les manifestations principales. L’influence de la série télévisée ne cesse de grandir, sans que sa réceptivité aux changements de l’espace public ne diminue, structure de production oblige. Une transformation récente dans l’élaboration des personnages de criminels pourrait être le signe d’un ajustement des mentalités contemporaines. En effet, les créateurs de séries policières ont tendance à ne plus se contenter de mettre en scène les habituels criminels endurcis, préférant montrer des assassins « occasionnels », des personnes ordinaires souvent plus cruelles et indifférentes que les « méchants » usuels. Ce changement pourrait exprimer une nouvelle forme de liberté « absolue » à l’égard des normes sociales : chacun serait libéré de toute obligation dès lors que son désir serait entravé. Logiquement, seuls des policiers ayant eux aussi passé les bornes de la loi pourraient s’opposer à ces nouveaux malfaiteurs. Quelques caractéristiques de deux séries récentes, CSI et The Shield, sont examinées en ce sens. AB - The present article examines recent narrative developments in American television series in the light of hypotheses concerning how police shows express norms defining good and evil. In this view, all police shows make explicit what Norbert Élias calls the “we-I structure,” or the rules of individual behaviour in the community. The person who commits a misdeed (a crime, a swindle, etc.) seeks to break this structure or to place it at his service, while the investigator wishes to re-establish it or repair it in the name of the community. From this perspective, the evolution of the police show might reflect changes in individual behaviour, in particular criminal behaviour. The influence of television series is constantly growing, while their receptivity to changes in public space, thanks to their production structure, is not diminishing. A recent transformation in the description of criminal types may be the sign of an adjustment to contemporary sensibilities. The producers of police shows seem no longer to be content to show the usual hardened criminals, preferring to show “occasional” murderers: ordinary people who are often crueller and more indifferent than the usual “bad guys.” This change may be the expression of a new kind of “absolute” freedom with respect to social norms: anyone can throw off all obligations the moment their desire is thwarted. Logically, only the police, who themselves have also exceeded the limits of the law, can confront these new criminals. A few characteristics of two recent series, CSI and The Shield, will be discussed in this light. DO - https://doi.org/10.7202/014622ar UR - https://id.erudit.org/iderudit/014622ar L1 - https://www.erudit.org/en/journals/cine/2006-v16-n2-3-cine1619/014622ar.pdf DP - Érudit: www.erudit.org DB - Érudit ER -