Présentation[Record]

  • Martin Barnier and
  • Jean-Pierre Sirois-Trahan

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  • Martin Barnier
    Université Lyon 2

  • Jean-Pierre Sirois-Trahan
    Université Laval

À l’heure où l’objet-cinéma se dilue de plus en plus dans le grand tout du multimédia et de l’audiovisuel , on peut se demander si l’historiographie des discours sur le son au cinéma ne pourrait être un point de départ heuristique pour penser sur nouveaux frais la « révolution » numérique en tant qu’elle est aussi sonore (on a tendance à la réduire à l’image). D’une certaine manière, le numérique nous invite à repenser les mutations technologiques antérieures (les débuts du cinéma, les technologies de synthèse sonore, l’arrivée du parlant, de la bande magnétique, de la télévision, du son synchrone ou de la musique rock) pour voir si celles-ci ne pourraient pas nous aider à modéliser ce qui se passe aujourd’hui. Le présent numéro s’inscrit dans le prolongement du colloque international Impact des innovations technologiques sur l’historiographie et la théorie du cinéma, organisé en 2011 par André Gaudreault et Martin Lefebvre à la Cinémathèque québécoise. Réunissant des auteurs européens et nord-américains, de jeunes chercheurs et des spécialistes renommés, il se donne comme objectif de suivre de nouvelles pistes sur le son afin de renouveler l’histoire et la théorie du cinéma sonore et, partant, ce qu’on peut penser du « cinéma » en général. Prenant comme objet le son aussi bien dans toutes ses manifestations (bruits, musique, voix) que dans ses usages (enregistrement, accompagnement, improvisation, etc.), les contributions se répartissent selon cinq axes principaux : faire l’historiographie des discours sur le cinéma comme phénomène audiovisuel pour comprendre les impensés des théoriciens et des critiques sur le son ; comprendre l’incidence de la technologie sur ces discours et sur leur réception, notamment en voyant comment certains problèmes techniques permettent, selon les mots de Rick Altman, une « crisis historiography » ; penser ensemble les techniques et l’esthétique ; produire des études comparatives du cinéma avec d’autres pratiques sonores (phonographie, son synthétique, radio, télévision en direct, musique rock, etc.) d’un point de vue historique et théorique ; et opérer un retour réflexif pour déterminer si, ontologiquement, on ne peut définir autrement le phénomène filmique à partir de ces nouvelles pistes sonores. Cet examen nous permettra, nous en faisons l’hypothèse, de nous interroger sur le cinéma avec une ouïe renouvelée. Depuis les travaux séminaux de Michel Chion et de Rick Altman, les études sur le son se sont considérablement développées, à travers les recherches de Germain Lacasse, Jean Châteauvert, Giusy Pisano, Martin Barnier, Laurent Jullier, Alain Boillat, Annabel Cohen, Steve Wurtzler, Donald Crafton, James Lastra, Tony Grajeda, Jay Beck et d’autres. Plusieurs chantiers ont permis de baliser un nombre important de questions nouvelles ou revisitées (archéologie de l’enregistrement, voix over, son des premiers temps, arrivée du parlant, bonimenteur, oralité, musique, cinéma direct, son numérique, etc.). La revue Cinémas a publié deux numéros remarquables sur le son, qui portaient sur des questions spécifiques : « Cinéma et musicalité », sous la responsabilité de François Jost et Réal La Rochelle, à l’automne 1992, et « Cinéma et oralité. Le bonimenteur et ses avatars », sous la responsabilité de Germain Lacasse, Vincent Bouchard et Gwenn Scheppler, à l’automne 2009. Néanmoins, aucun numéro de la revue n’a porté sur le son en général, d’un point de vue théorique, historique ou historiographique, bien qu’on trouve évidemment plusieurs articles ponctuels sur le sujet. Aucun numéro n’a étudié l’évolution technologique du son au cinéma, notamment en rapport avec l’esthétique et la théorie. Dans l’important numéro de Cinémas « La théorie du cinéma, enfin en crise », sous la responsabilité de Roger Odin, auy printemps 2007, on ne trouvait aucun article portant spécifiquement sur le son au cinéma, bien que …

Appendices