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La 3D au cinéma : nouvelle dimension historique et économiqueMartin Barnier et Kira Kitsopanidou, Le cinéma 3-D. Histoire, économie, technique, esthétique, Paris, Armand Colin, 2015, 188 p.[Record]

  • Justin Baillargeon

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  • Justin Baillargeon
    Université de Montréal

Martin Barnier, professeur à l’Université Lumière Lyon 2, et Kira Kitsopanidou, maître de conférences à l’Université Sorbonne Nouvelle — Paris 3, abordent le sujet fort en vogue de la stéréoscopie, et plus précisément de la « 3-D  » au cinéma. Oeuvrant dans des domaines de recherche distincts — l’histoire du son au cinéma pour Barnier et l’économie du cinéma pour Kitsopanidou —, les auteurs allient leurs spécialités respectives pour poser un regard analytique sur les enjeux industriels et culturels du cinéma en relief, en plus de réaliser une étude approfondie de la technologie stéréoscopique — du cinéma des premiers temps jusqu’à l’ère numérique — afin d’en cerner les qualités, les défauts et, surtout, les nombreux enjeux tant esthétiques que techniques. Depuis l’avènement du cinéma numérique au début des années 2000, plusieurs technologies ont fait ou refait surface dans la sphère cinématographique. Les effets spéciaux — outils de création au service de la narration qui font appel à différents procédés liés à l’image et au son — occupent une place prépondérante lorsqu’il est question d’illusion de réalité au cinéma. Annoncée en tant que technique révolutionnaire à chacune de ses nouvelles résurgences, la stéréoscopie s’inscrit, comme la plupart des technologies généralement associées au numérique, au coeur de cette tendance à vouloir faire de chacune d’elles une innovation (voir Baillargeon 2014). La stéréoscopie a souffert, et continue de souffrir de nos jours, comme l’indiquent d’ailleurs les auteurs, d’une certaine indifférence de la part du public, en raison d’un usage ou d’un rendu parfois défaillant. Débutant sur des bases optimistes quant à l’avenir de la stéréoscopie, le livre n’en dresse pas moins un portrait objectif de la carrière en dents de scie de cette technologie, que le producteur de films documentaires IMAX Sylvain Grain compare, dans sa préface, à un « serpent de mer […], une bête mythologique croisant les flots, formant autant de moments de grâce que de périodes de désenchantement » (p. 7). En effet, le cinéma en relief a connu, dans sa perpétuelle volonté de créer des effets d’immersion englobants, plusieurs microruptures depuis ses origines, qui datent du cinéma des premiers temps. Les auteurs tentent de démystifier l’image de la 3D en analysant sous différents angles techniques et théoriques des occurrences artistiques immersives remontant jusqu’à la Renaissance. Le lecteur est donc amené à explorer l’histoire de l’immersion au cinéma dans un ordre chronologique. Il découvre ainsi, tout en prenant connaissance d’un panorama exhaustif et détaillé d’oeuvres cinématographiques, l’évolution des différentes techniques et méthodes employées dans les films ayant eu recours à la stéréoscopie, et assiste aux balbutiements de la tridimensionnalité, dont il suit le développement sous toutes ses formes, depuis l’apparition de la perspective dans la peinture jusqu’aux plus récentes tentatives et réalisations dans le domaine de l’image en relief. Bien que les auteurs décrivent en détail les différents procédés stéréoscopiques et ce qu’ils ont ressenti lorsqu’ils en ont fait personnellement l’expérience, il reste que l’ajout de photos ou de croquis extraits de brevets aurait sans doute été utile pour illustrer et appuyer leurs commentaires. En faisant référence à des oeuvres et à des événements liés à la tridimensionnalité à travers le temps, les deux auteurs effectuent à plusieurs reprises un retour en arrière afin de contextualiser, que ce soit d’un point de vue historique ou dans une perspective économique, l’utilisation de la stéréoscopie selon les époques. L’ancienneté de cette technique dans les différents régimes d’images en mouvement et d’images fixes est certes considérable, et il est effectivement possible d’établir des liens concrets entre la résurgence du cinéma en relief du début des années 2000 et son âge d’or dans les …

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