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Là où se joue la morphologie des médiasGuillaume Soulez et Kira Kitsopanidou, Le levain des médias. Forme, format, média, Paris, L’Harmattan, 2015, 272 pages[Record]

  • Maxime Labrecque

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  • Maxime Labrecque
    Université de Montréal

L’ouvrage collectif Le levain des médias. Forme, format, média consiste en un numéro pluridisciplinaire de la revue MEI (Médiation et information) qui questionne les canons et les formats médiatiques. Il s’agit en bonne partie du résultat de deux journées d’étude intitulées « Ce que le documentaire fait au format » (novembre 2010) et « Le cinéma éclaté et le levain des médias » (mars 2012), organisées par l’Institut de recherche sur le cinéma et l’audiovisuel (IRCAV). L’IRCAV a d’ailleurs soutenu la réalisation de cet ouvrage collectif, dirigé par Kira Kitsopanidou et Guillaume Soulez, qui s’inscrit directement dans les différentes polarités prônées par l’Institut. Le premier axe de l’ouvrage offre une réflexion à propos de la manière progressive dont les formats ont structuré le cinéma et l’audiovisuel, en plus de voir comment l’invention, dans ce cadre ou en dehors, demeure possible. Le deuxième axe aborde de front la notion d’intermédialité à l’ère du cinéma ou de la télévision en ligne « comme nouvel espace de contraintes et d’innovations » (Kitsopanidou et Soulez 2015a, p. 8) en soulevant des exemples pour la plupart pertinents et actuels. Au total, dix-sept textes explorent de multiples facettes autour de l’hypothèse du levain des médias. Dès le départ, une précision est d’ailleurs apportée à propos des notions problématiques de média et médium. En ce sens, l’hypothèse principale de l’ouvrage avance que « les médias ne sont pas seulement des industries ou des supports, mais les véritables lieux où se joue la morphologie des médias. Ils sont le moteur d’une activation de certaines formes audiovisuelles en lien avec les publics. […] C’est l’idée d’un “levain” des médias permettant de penser les relations entre médias du point de vue de l’impact d’un média (en tant qu’organisation sociale) sur un médium (en tant que matériau formel) » (Kitsopanidou et Soulez 2015a, p. 7). De surcroît, pour parvenir à faire cette morphologie des médias, il est « peut-être utile de partir du média pour voir comment il configure le médium. L’hypothèse d’un levain des médias, c’est-à-dire d’une force interne qui agit, au sein d’un média donné, sur la dimension morphologique de ce média, le médium, suppose de distinguer médium et média pour mieux comprendre ensuite leur relation, leur articulation » (Soulez 2015, p. 241). Ces précisions de première importance orientent la réflexion autour de ces notions grâce à une pluralité d’approches proposée par chaque auteur. À l’époque où la télévision et le cinéma en ligne bouleversent les formats ainsi que les pratiques spectatorielles et où les moyens d’expression s’hybrident, la réflexion autour de la relation entre médias et médiums, de même que les messages qu’ils transmettent, est d’autant plus d’actualité. Si André Gaudreault et Philippe Marion, dans La fin du cinéma ? Un média en crise à l’ère du numérique, ont démontré qu’il n’y a jamais d’identité stable à un médium, mais plutôt un parcours identitaire que l’on découvre en observant les mutations qu’il a connues, plusieurs auteurs de l’ouvrage, sans toutefois nier cet apport, adoptent une autre posture. Pour Gaudreault et Marion (2013, p. 251), les médias sont des « fédérations de séries culturelles préexistantes qui se forgent pour un temps une uniformité identitaire relative et évolutive ». Ainsi, Guillaume Soulez (2015, p. 240) préfère ne pas faire dépendre la définition de média de la série culturelle, mais songe au contraire « à envisager ce qu’elle a de propre, notamment en ce qu’elle permet de comprendre des rapports entre média et médium ». En même temps, il semble que les deux notions ne soient pas si contradictoires et que l’une n’invalide pas l’autre. Les auteurs …

Appendices