GOSSAGE, Peter. 1999. Families in Transition. Industry and population in Nineteenth-Century Saint-Hyacinthe. Montréal, McGill-Queen’s University Press, 299 p.[Record]

  • Mathieu Gagné

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  • Mathieu Gagné
    Département de sociologie
    Université Laval

La seconde moitié du 19e siècle marque, pour le Québec à tout le moins, l’apparition du capitalisme industriel, qui engendra d’importants changements dans la société québécoise. Peter Gossage examine dans cet ouvrage les relations entre cette nouvelle orientation marchande, les transformations de la sphère du travail et les comportements démographiques de la population de Saint-Hyacinthe. Plus spécifiquement, il se demande si la diffusion généralisée du travail salarié s’est répercutée sur les décisions des hommes et des femmes liées à la formation de la famille et du ménage. En d’autres termes, il tente de répondre à la question suivante : quels rapports y a-t-il entre changements structurels, formation des familles et reproduction ? L’ouvrage se divise en deux parties. La première constitue une présentation de Saint-Hyacinthe, où, en deux chapitres l’auteur retrace l’évolution de la ville au 19e siècle, dans un contexte de mutations socioéconomiques. La seconde partie, consacrée à l’étude des familles, aborde les types de formation et de composition des ménages, ainsi que la fécondité des femmes et la taille des familles. Cette tâche, menée par la méthode dite de « reconstitution de familles », se révèle relativement laborieuse, vu notamment l’étendue de la période couverte et, simultanément, le nombre élevé d’individus concernés. La méthode permet de reconstituer les familles en jumelant différentes histoires familiales tirées des divers registres paroissiaux et recensements nominatifs de la ville. Les données proviennent surtout des actes de naissance, de mariage et de décès, et des recensements canadiens de 1861, 1871 et 1891. Les contraintes, nombreuses, obligent l’auteur à limiter son enquête à la paroisse catholique de Saint-Hyacinthe-le-Confesseur. Conséquemment, l’échantillon sur lequel reposent ses analyses est composé de 912 couples mariés à des moments différents au cours de la période étudiée. Il reflète l’homogénéité de la population locale, presque exclusivement composée d’individus d’origine canadienne-française et de confession catholique. La première cohorte est constituée de 289 couples mariés entre 1854 et 1861, la seconde de 277 couples mariés entre 1864 et 1871, et la dernière de 340 couples mariés entre 1884 et 1891. Les deux premiers chapitres offrent une bonne synthèse de l’histoire de la ville, fondée notamment sur de nombreux travaux historiques. L’auteur nous apprend que la colonisation du territoire de Saint-Hyacinthe s’est effectuée plus tardivement que celle des zones limitrophes, malgré une situation géographique avantageuse sur les berges de la rivière Yamaska. Des terres propices à la culture céréalière favorisèrent néanmoins l’installation de colons, suivis à partir de 1805 par de nombreux professionnels, marchands et artisans venus répondre aux besoins grandissants des paysans déjà enracinés. Grâce à la construction de l’Atlantic Railway, Saint-Hyacinthe va s’imposer comme le lien entre le monde rural et le monde urbain de la région, et devenir ainsi le centre de l’agro-business québécois dès la fin du 19e siècle. Presque simultanément, elle va acquérir de nouvelles fonctions judiciaires et religieuses. La croissance de la population est en grande partie imputable à l’attrait exercé par le développement industriel, qui prend réellement son envol à partir de 1871 et accroît sensiblement le nombre d’emplois disponibles. Le développement industriel et institutionnel de la ville, conjugué à la saturation de l’espace agricole régional, favorise l’arrivée de nombreux migrants ruraux et familles en quête de travail salarié. Dans la seconde partie de l’ouvrage, Gossage examine l’incidence des changements économiques et sociaux sur les stratégies maritales, notamment sur l’âge au mariage et sur le choix du conjoint eu égard à l’appartenance sociale. La reconfiguration de l’économie de la ville (diffusion du travail salarié, détérioration des conditions de vie, etc.) transforme plusieurs aspects de la vie. Pour cette raison, la principale subdivision opérée …

Appendices