Abstracts
Résumé
Cet article porte sur une population croissante et peu explorée dans le paysage argentin : les proches des personnes détenues. À partir d’un travail ethnographique auquel participèrent des personnes détenues et des proches de ces dernières dans des prisons pour hommes et femmes de la province de Santa Fe, en Argentine, nous présentons les multiples aspects qui caractérisent cette population. Une première partie s’intéresse à l’insistance avec laquelle les proches se définissent comme étant « invisibles », non seulement auprès du gouvernement et de ses politiques de soutien, mais aussi auprès du service d’intervention des établissements de détention. La deuxième partie aborde la difficulté pour les proches de se réunir en associations, à cause, d’une part, de la distinction entre les familles qui collaborent avec l’ordre carcéral et les familles cachivaches et, d’autre part, de la violence en prison, qui constitue, à l’extérieur, un frein aux relations entre les proches. La troisième partie se penche sur un mécanisme de protection que doivent adopter de nombreuses femmes au moment de subir la fouille corporelle, soit le déni (Cohen, 2008). La dernière partie aborde la (nouvelle) centralité de la famille comme facteur de différenciation entre les détenus et, par conséquent, leur redéfinition pénitentiaire. Bref, nous montrons qu’il existe une relation bidirectionnelle qui fait en sorte que les proches sont à la fois partie intégrante de l’ordre carcéral et soumis à la gouvernance des logiques pénitentiaires, même en étant « hors » de la prison.
Mots-clés :
- Proches de détenus,
- effets de l’incarcération,
- relations familiales
Abstract
This article describes the characteristics of a growing – and paradoxically little explored – population in Argentina – prisoners’ families. This population has many aspects, as we discovered during ethnographic work with family members and detainees in male and female prisons in the province of Santa Fe, Argentina. We first deal with the way in which relatives define themselves as “invisible”, not only in terms of the state and its welfare policies but also in relation to prison services. The second part explores the difficulty of creating associations for families, caused in part by the distinction between families that collaborate or not with the penitentiary system, as well as by prison violence, which affects relationships outside prison. The third part describes the state of denial (Cohen, 2008) adopted by many women as a way to deal with body search. Finally, the last part illuminates the (new) centrality of the family as a category used to differentiate between inmates and, consequently, its redefinition in terms of prisons. In short, we show the existence of a bi-directional relationship that makes the family, while “outside” prison, both an integral part of the prison system and affected by the prison logics.
Keywords:
- Prisoners’ families,
- effect of imprisonment,
- family relationships
Resumen
Este texto se ocupa de una población creciente y poco explorada en el paisaje argentino : los familiares de personas detenidas. Para esto y en base a un trabajo etnográfico del que participaron familiares y personas detenidas en prisiones masculinas y femeninas de la provincia de Santa Fe, Argentina, se presentan múltiples aspectos que caracterizan a esta población. La primera parte se ocupa de la insistencia con que los familiares se definen como “invisibles” no sólo frente al Estado y sus políticas asistenciales sino también frente al cuerpo tratamental de las prisiones. La segunda parte explora la dificultad para la asociatividad en el universo de familiares, generada, en parte por la diferenciación entre familias colaboradoras con el orden carcelario y familias “cachivaches” y, en parte, por la violencia intra-carcelaria que opera, en el exterior, como bloqueador de las relaciones entre los familiares. La tercera parte describe el estado de negación (Cohen, 2008) adoptado por muchas mujeres, como mecanismo necesario para afrontar el registro corporal. Finalmente, la última parte ilumina la (nueva ?) centralidad de la familia como categoría de diferenciación entre los reclusos y, en consecuencia, su redefinición penitenciaria. En síntesis, se muestra la existencia de una relación bi-direccional que vuelve a los familiares partícipes indiscutibles del orden carcelario y, a su vez, los somete al gobierno de las lógicas carcelarias aun estando “afuera” de la prisión.
Palabras clave:
- Familiares de detenidos,
- efectos del encarcelamiento,
- relaciones familiares
Appendices
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