IntroductionNuméro spécial en hommage à Dianne Casoni[Record]

  • Marie-Andrée Pelland,
  • Marion Vacheret and
  • Jo-Anne Wemmers

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  • Marie-Andrée Pelland
    Professeure agrégée, Directrice du département de sociologie et de criminologie, Université de Moncton

  • Marion Vacheret
    Professeure titulaire, École de criminologie, Université de Montréal

  • Jo-Anne Wemmers
    Professeure titulaire, École de criminologie, Université de Montréal

Ce numéro spécial est dédié à la mémoire de notre chère collègue, Dianne Casoni, décédée soudainement en février 2020. Psychologue de formation, Dianne était professeure à l’École de criminologie de l’Université de Montréal depuis 1994. En plus d’être l’autrice de nombreuses publications scientifiques et professionnelles et d’avoir reçu plusieurs prix et reconnaissances pour ses travaux de recherche, Dianne Casoni a dirigé la revue Criminologie de 2005 à 2012. Excellente collègue et mentore, son décès représente une immense perte pour le domaine. Nous avons voulu par ce numéro spécial, non seulement lui rendre hommage et valoriser sa contribution unique dans le domaine de la criminologie, mais encore réunir différents travaux s’inspirant de ses recherches ou s’inscrivant dans des réflexions connexes à celles qu’elle a menées tout au long de sa carrière. Les travaux de Dianne Casoni combinent de façon unique la psychologie, la psychanalyse et la criminologie. Ils portent un regard analytique remarquable sur différents enjeux, tels que la victimisation – notamment en contexte sectaire et religieux – ; la réhabilitation – notamment pour les personnes condamnées à de longues sentences d’incarcération – ; l’expertise psychologique dans les instances judiciaires ; ou encore la violence et le terrorisme. Le thème de la spiritualité est au coeur de notre proposition de numéro spécial. En étudiant les groupes dits sectaires et les groupes religieux, Dianne Casoni s’est en effet intéressée à la fois aux processus d’engagement, à la construction identitaire des membres de ces groupes ainsi qu’aux philosophies groupales qui favorisent certains types de victimisation. En s’intéressant aux vécus des condamnés à de longues sentences et au terrorisme, elle s’est interrogée sur le rôle des croyances et de la quête identitaire dans les trajectoires de vie et de réhabilitation. Notre numéro spécial abordera, tour à tour, l’abus spirituel ; la victimisation, la réparation et le pardon, notamment dans des contextes religieux ; les enjeux de la religion dans les institutions carcérales et enfin, les trajectoires de vie dans des groupes identitaires associés au terrorisme. La victime et la victimisation sont au coeur des réflexions des premiers articles de ce numéro spécial. Jean-Marc Barreau, dans son article « Considérations sur l’abus spirituel dans un contexte de soins palliatifs », ouvre la réflexion sur l’abus spirituel de personnes particulièrement vulnérables en raison de problèmes majeurs de santé. En s’appuyant tout particulièrement sur les travaux de Dianne Casoni, il propose ainsi de définir la notion d’abus spirituel à travers un double processus d’idéalisation et de victimisation, d’en montrer les effets dévastateurs et de réfléchir à l’accompagnement des patients victimes d’un tel type d’abus. Il met ainsi en lumière les risques associés à l’accompagnement spirituel dans des institutions religieuses « où l’autorité renvoie à une posture de “possession de la vérité” ». Il fait émerger l’importance de redonner le pouvoir à la victime de l’abus spirituel dans la relation d’accompagnement entre elle et une figure d’autorité religieuse. Madeline Lamboley, Marie-Andrée Pelland et Céleste Goguen, pour leur part, dans leur article « Les gardiennes de l’honneur. Entre victimes et agentes de contrôle coercitif dans des communautés patriarcales », comparent les expériences de deux groupes de femmes vivant au sein de communautés culturelles où l’honneur est important, et de communautés décrites comme sectaires, sur lesquelles certains travaux de Dianne Casoni ont porté. En comparant le vécu quotidien de ces femmes, les autrices permettent de reconnaître les similarités dans l’expression du contrôle coercitif quand celui-ci est ancré dans la vie quotidienne d’un groupe, même si les pratiques culturelles ou religieuses sont distinctives. Elles nous permettent également de comprendre que le fonctionnement de ces groupes peut contraindre certaines femmes, pour …