Abstracts
Résumé
Cet article se propose de comparer la scène littérale et la scène textuelle dans des textes de nature autobiographique de deux anciennes danseuses classiques françaises, à savoir Danseuse étoile (2016) d’Agnès Letestu et La femme qui danse (2008) de Marie-Claude Piétragalla, afin d’élucider comment l’espace de présentation de soi influe sur l’image de soi qu’une personne peut donner d’elle-même. En nous inspirant principalement de la définition de la mise en scène proposée dans le Dictionnaire du théâtre (1996) de Patrice Pavis et des concepts d’autorité et de vocation énonciative chez l’analyste du discours Dominique Maingueneau, l’article identifie d’abord les éléments d’interprétation qui sont propres à la scène textuelle et à la scène littérale, ainsi que leur agencement au sein de chaque espace. Ensuite, il est question de montrer comment la mise en scène textuelle et la mise en scène littérale établissent chacun un espace de présentation de soi distinct, en prescrivant le discours que la danseuse peut tenir au sein de chaque espace. L’article constate finalement que la même danseuse qui se présente sur la scène textuelle et sur la scène littérale ne peut que présenter deux images différentes d’elle-même, car elle est tenue d’agir selon la mise en scène, c’est-à-dire l’agencement des éléments d’interprétation, propres à chaque espace.
Abstract
This article compares the textual stage and the literal stage in autobiographical texts written by former French principal dancers Agnès Letestu (Danseuse étoile, 2016) and Marie-Claude Piétragalla (La femme qui danse, 2008) to explore how the space in which the self is presented influences the image that an individual can give of themselves. Drawing mainly on the definition of the mise en scène in Patrice Pavis’ Dictionnaire du théâtre (1996) and Dominique Maingueneau’s concepts of authority and enunciative vocation in discourse analysis, this article first identifies elements of interpretation belonging to the textual and the literal stages, as well as how they arrange and organize each space. We then show how the textual and literal mise en scène, that is, the arrangement and organization of elements of interpretation, prescribes a discourse that is unique to each space, thereby constraining the dancer to present themselves within specific identity parameters. Ultimately, this article argues that the dancer who presents herself both on the literal and textual stages cannot but present two different images of herself because she must use the distinct discursive and interpretive tools that are made available to her in each space.