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Défis et mutations : nouvelles compétences indispensables dans la formation archivistique belge[Record]

  • Sébastien Soyez

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  • Sébastien Soyez
    Archiviste-chef de travaux, Archives de l’État en Belgique, Service Préservation & Accès numériques
    Collaborateur scientifique, Université de Namur, Centre de recherche Information, Droit et Société (CRIDS)
    sebastien.soyez@arch.be

Au cours des dernières décennies, le développement de la société de l’information a généré une explosion informationnelle qui a métamorphosé les méthodes et les habitudes de travail dans la gestion et l’archivage de l’information. De nouveaux supports, et donc de nouvelles formes d’archives, sont apparus, appelant une gestion et une préservation adaptées à cette réalité. Les processus de travail se sont progressivement informatisés, avec des solutions en perpétuelle évolution au fil d’une technologie galopante. Ce phénomène s’amplifie et se complexifie de manière constante, conduisant nécessairement à des mutations de la profession archivistique, impliquant de nouvelles compétences, de nouvelles tâches et de nouveaux rôles. Trop souvent, hélas, les archivistes sont absents de ce type de projet. Plusieurs raisons peuvent l’expliquer. La première est sans doute liée à une mauvaise compréhension du rôle de l’archiviste, qu’on associe erronément à la seule gestion des documents « inactifs », c’est-à-dire au rangement d’un amas de documents papier poussiéreux dans une cave, une image désuète et peu flatteuse qui colle encore à la profession dans les milieux mal informés. La seconde raison vient peut-être des archivistes eux-mêmes qui, intimidés par le caractère complexe et technologique d’un projet innovateur, préfèrent ne pas s’en mêler, oubliant qu’ils pourraient contribuer utilement à la dimension de gestion de l’information. Dans les cas où les archivistes sont impliqués dès les premiers travaux, il apparaît clairement que leur savoir-faire est un atout pour mener à bien un projet qui soit viable à long terme, envisageant tout le cycle de vie du document numérique et soucieux de préserver ses garanties d’authenticité, d’intégrité, de lisibilité et de pérennité. En outre, mieux que personne, l’archiviste connaît le contexte dans lequel les documents de son institution sont produits et reçus, les documents générés par les processus métier, de même que la circulation des documents entre les unités administratives. Il orchestre l’identification et le classement de l’information et consigne les étapes de création, de conservation et d’élimination de chaque document, dans des outils de gestion documentaire détaillés. L’archiviste possède des connaissances indispensables pour modéliser les processus et les flux informationnels sur la base desquels la solution sera développée, mais aussi pour contribuer à l’implantation de la solution, à la phase de test et à l’accompagnement des utilisateurs dans la gestion du changement. Toutefois, pour pouvoir pleinement participer à la gestion et à la préservation de l’information numérique, il semble de plus en plus indispensable de doter l’archiviste de compétences additionnelles, qui sont encore souvent négligées dans les formations en archivistique. Les premières générations d’archivistes disposent bien sûr de connaissances spécifiques au regard du traitement d’archives traditionnelles. Mais à l’ère du numérique, l’archiviste doit de plus en plus se préoccuper des documents dès leur création et, en conséquence, être capable de maîtriser l’information tout au long de son cycle de vie, quel que soit son support ou sa forme. Cette implication de l’archiviste dans la gestion dynamique et intégrée des documents appelle à un dialogue et à un rapprochement avec les autres disciplines, et en particulier les sciences et les technologies de l’information, la gestion et le droit. Pour replacer la réflexion dans un contexte belge, la présente contribution se base sur une recherche préliminaire menée sur les principaux programmes de formation actuellement offerts en Europe francophone et au Québec et sur un article coécrit avec la professeure Marie Demoulin de l’EBSI. Depuis sa création, la formation classique en archivistique a visé à former des archivistes à la préservation de documents historiques sur supports analogiques. Comme l’archiviste est amené à traiter des documents produits dans un cadre temporel et géographique déterminé, il est utile qu’il puisse analyser …

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