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Introduction

Une institution telle que les archives d’un canton suisse a-t-elle sa place dans Wikipédia ? Du point de vue de ses missions, ce projet répond-il aux objectifs de l’institution ? Pourquoi choisir de se lancer dans Wikipédia et comment mettre en place ce projet ? Enfin, de quelle manière le travail dans Wikipédia bouscule-t-il les habitudes de travail des archivistes ? Nous allons tenter de répondre à ces questions en décrivant l’expérience de participation des Archives de l’État de Neuchâtel (AEN) à l’encyclopédie en ligne Wikipédia.

Les AEN, dans leur volonté de mettre en valeur leurs fonds et d’atteindre un plus large public, ont choisi de participer activement à Wikipédia, faisant leur les idées largement partagées par les membres de la communauté de l’information documentaire : « L’un des principes de la communication numérique est d’être présent là où se trouvent les usagers. » (Pouchot et Peregrina, 2015) Et comme le disent Boudreau, Daveau et Giuliano (2016) : « Wikipédia est positionné de façon constante comme l’un des dix sites les plus consultés dans le monde, il est très utilisé par les étudiants et les chercheurs. Il est donc cohérent de penser qu’il peut servir de porte d’entrée pour accéder aux fonds d’archives. »

Nous allons présenter les choix opérés par les AEN dans l’ensemble des projets qu’ils ont menés dans Wikipédia, ainsi que les bénéfices que notre institution en a retirés.

Les Archives de l’État de Neuchâtel[1] (AEN)

Les AEN sont l’institution responsable de la collecte, de la conservation, de la communication et de la mise en valeur des archives pour le canton de Neuchâtel, en Suisse. Leur existence, attestée dès la fin du XIVe siècle, remonte cependant aux origines de la seigneurie de Neuchâtel, puisque le plus ancien document conservé date de 1143. Les AEN sont de fait le témoin de la continuité administrative du Pays de Neuchâtel : elles assurent la sécurité juridique de l’État et constituent la mémoire historique de la communauté neuchâteloise.

Si la mission des AEN porte avant tout sur les documents issus de l’activité de l’État (les archives publiques), ces dernières collectent également les documents privés d’intérêt national ou régional (familles ou personnalités, entreprises, associations, églises) concernant l’histoire du canton de Neuchâtel. Elles conservent ainsi actuellement près de douze kilomètres linéaires d’archives répartis sur plusieurs sites et gèrent une bibliothèque administrative et historique. Pour mener à bien ces activités, les AEN comptent huit collaborateurs.

Les AEN sont ouvertes au public, tant aux membres de l’administration qu’aux administrés et aux chercheurs, professionnels ou amateurs. Les collaborateurs ont à coeur de faciliter l’accès aux données et aux documents archivés, afin que tous les publics puissent trouver facilement les informations qui y sont conservées. Chaque jour, les AEN accueillent et orientent en moyenne une dizaine de chercheurs. En 2016, on a comptabilisé plus de huit cents visites (Département de la justice, de la sécurité et de la culture, 2017). Les archivistes répondent aussi à de nombreuses questions par courriel pour orienter les chercheurs et leur fournir renseignements et pistes de recherche.

La mission des AEN est inscrite dans la loi régissant leurs activités, la Loi sur l’archivage (LArch[2]), révisée en 2011. Le règlement qui l’accompagne (RLArch) mentionne au chapitre 4, article 18, le fait que les AEN doivent porter à la connaissance d’un large public l’existence des fonds, et spécifie pour la mise en valeur, au chapitre 5, article 26 : « L’office […] veille à la mise en valeur des archives dont il a la charge, en particulier par le biais de publications, de dossiers documentaires, d’expositions ou d’autres manifestations[3]. » Pour réaliser cette mission, les AEN recourent aux méthodes classiques de communication et de mise en valeur, notamment la publication d’articles scientifiques, les visites guidées et les expositions. Elles prêtent aussi des pièces à d’autres institutions patrimoniales neuchâteloises et suisses, notamment des musées, dans le cadre d’expositions ou de publications.

Une base de données en ligne, via le portail des archives neuchâteloises[4] (PAN), permet de donner accès aux inventaires et à une partie des fonds numérisés. Ce portail est une plateforme partagée avec deux autres institutions patrimoniales du canton qui conservent des archives privées : la Bibliothèque de la Ville de La Chaux-de-Fonds et la Bibliothèque publique et universitaire de Neuchâtel. Enfin, la présence sur les réseaux sociaux (Instagram et Facebook[5]) de l’État de Neuchâtel est l’occasion de fournir des reproductions de documents provenant des fonds d’archives, principalement des photographies historiques.

Le projet de collaboration à Wikipédia : retour d’expérience

Néanmoins, ces moyens de diffusion méritaient d’être élargis et complétés par un outil permettant de partager, promouvoir, compiler et mémoriser les connaissances, mais aussi de se porter à la rencontre d’un nouveau public. Cet outil devait être relativement simple et peu coûteux en temps et en ressources humaines. Ce projet fut confié à l’une des archivistes de l’équipe, responsable notamment de la bibliothèque et de la documentation. La contribution à Wikimédia, via son encyclopédie libre Wikipédia, fut rapidement choisie comme solution idéale et préférée à la création de dossiers documentaires classiques, jugés chronophages, peu performants et inaptes à la conquête d’un nouveau public.

Avant l’AEN, les Archives Cantonales jurassiennes (ArCJ) avaient déjà mené des projets dans l’encyclopédie. Le premier concernait une collection de photographies d’Eugène Cattin, numérisée et mise en ligne sur Wikimédia Commons[6], ce qui a permis d’améliorer la description des photographies grâce aux diverses contributions du public (ajout de lieux, dates, prises de vues, etc.). Le second projet, AGORA, concernait la numérisation sur Wikimédia Commons des bandes sonores des délibérations de l’assemblée constituante jurassienne de 1976 à 1978. Ces deux initiatives ont apporté une meilleure visibilité aux documents en question, mais aussi à l’institution qui les conservait. La Bibliothèque Cantonale et Universitaire de Lausanne dans le canton de Vaud (BCU Lausanne) a aussi mené plusieurs projets dans Wikipédia depuis 2011 : la mise en valeur de 800 notices biographiques de personnalités vaudoises (projet Valdensia), l’organisation de la première Wikipermanence de Suisse le 3 avril 2014, et un concours de rédaction d’articles sur les communes vaudoises en collaboration avec des gymnasiens du canton (projet Wikivillage) (Frey, 2015).

Ces différents projets jouent un rôle dans l’évolution des professions I+D (professions de l’information et de la documentation). En effet, ces secteurs utilisent de plus en plus les réseaux sociaux et tout autre moyen pour communiquer avec le public sur Internet, ce qui contribue à combattre les idées reçues et à démystifier la profession d’archiviste et de bibliothécaire.

Le projet des AEN débuta en 2015. Wikipédia y était pensé comme un outil de médiation culturelle et de mise en valeur des fonds, facilitant l’accès aux informations via le PAN tout en promouvant ce dernier. Le décloisonnement de l’information devait en outre permettre d’accéder à un public élargi, scientifiques ou amateurs qui ne seraient pas spontanément venus chercher les données qui les intéressent aux AEN, faute de savoir qu’elles s’y trouvaient.

Écrire dans Wikipédia requiert un apprentissage qui peut se faire en autodidacte, la communauté étant disponible pour répondre aux questions des nouveaux contributeurs. Toutefois, ces derniers peuvent avoir recours à l’aide proposée en ligne par l’encyclopédie, écrire sur le « forum des nouveaux » ou solliciter un parrainage avec un contributeur chevronné. De plus, de nombreuses régions organisent des Wikipermanences, rencontres physiques entre wikimédiens chevronnés et nouveaux ou futurs contributeurs, comme celles qui furent organisées par le canton de Neuchâtel en 2015. Ces réunions, lieus d’échanges informels sur les pratiques et de partage des expériences, permettent notamment de comprendre quelle position adopter en tant que représentant d’une institution, et de travailler sur des idées communes de contribution. Par exemple, un projet fut lancé à Neuchâtel pour la création d’articles sur des femmes originaires du canton dont les AEN possédaient les fonds d’archives, comme Gabrielle Berthoud[7] ou Élise Kiener[8]. Les femmes étant généralement sous-représentées dans Wikipédia, ce projet avait pour visée de contribuer à rétablir un certain équilibre en la matière.

Contribuer à Wikipédia à titre professionnel implique d’être transparent quant à son activité dans l’encyclopédie. À cet effet, une page utilisateur au nom de l’institution peut expliquer quel rôle l’institution et la WiR (wikipédienne en résidence, autrement dit une contributrice qui consacre une partie de son temps à effectuer des contributions pour le compte d’une organisation) souhaitent jouer dans l’encyclopédie et dans quel cadre le travail est effectué. Les différents échanges virtuels entre contributeurs à propos des articles créés ou enrichis font entrer de plain-pied dans le principe de l’écriture collaborative, qui implique que n’importe quel contributeur peut modifier ce qui a été rédigé par un autre. Cette condition doit être acceptée sans réserve par quiconque souhaite contribuer durablement à l’encyclopédie sans risquer d’en éprouver de la frustration. Le profil et les compétences des contributeurs n’étant pas toujours connus, il faut accepter la possibilité de ne pas toujours travailler entre pairs. Enfin, le processus collaboratif n’exclue pas qu’il y ait parfois des désaccords, notamment sur l’opportunité ou non de créer une nouvelle entrée. Par exemple, la création de la notice « Portail des archives neuchâteloises », qui n’existait pas dans l’encyclopédie, contrairement à d’autres bases de données du même type (comme le portail européen des archives ou le catalogue du réseau romand des bibliothèques), n’allait pas de soi pour tout le monde. Dès sa publication, une discussion fut lancée sur la renommée du sujet, jugée insuffisante par certains qui ont proposé la suppression de l’article. La renommée du PAN, au centre des débats, fut finalement jugée réelle, même si elle n’a pas de dimension internationale, et l’article a été conservé. L’actualité nous a récemment donné un autre exemple de ce type de problématique : la chercheuse canadienne Donna Strickland, qui a reçu le prix Nobel de physique le 2 octobre 2018, n’avait pas jusque-là d’entrée dans Wikipédia. Un brouillon de page à son nom avait en effet été refusé au motif que sa notoriété n’était pas assez importante. Dans le contexte de la sous-représentation féminine dont nous avons parlé, encore plus criante dans le domaine scientifique, cette anomalie a suscité une vive controverse[9].

Le choix du champ d’action pour la contribution des AEN à l’enrichissement du Wikipédia fut la première action menée. Ont été exclus d’emblée les articles généralistes sur des événements historiques touchant Neuchâtel, ainsi que les articles biographiques approfondis. Une ébauche d’article suffit en effet pour pouvoir citer le fonds d’archives d’un particulier lorsque c’est nécessaire, et présente l’avantage de lancer un appel à contribution sur le sujet. Le choix des sujets a été déterminé par les fonds conservés aux AEN : leur accessibilité (consultation libre et ne requérant pas d’autorisation particulière), leur importance, ainsi que leur éventuelle portée internationale. L’accent a été mis sur des thématiques que certains fonds privés permettent d’exploiter et que les chercheurs n’auraient peut-être pas l’idée de venir chercher aux AEN : par exemple, les « indiennes », ces tissus peints ou imprimés en vogue en Europe entre le XVIIe et le XIXe siècle. Le canton de Neuchâtel a abrité un grand nombre de fabriques d’indiennes, notamment la Fabrique-Neuve de Cortaillod, dont les AEN possèdent les archives[10]. Grâce au système de lien entre articles connexes dans Wikipédia, l’article « Indienne (tissu) » est connecté à l’article « Fabrique-Neuve de Cortaillod » et inversement. Autre exemple, celui de James Guillaume, militant socialiste, libertaire, historien et auteur entre autres de L’Internationale : Documents et souvenirs, qui documente la position anarchiste au sein de l’Association internationale des travailleurs. Pour les articles existants, un bref texte a été ajouté afin de décrire les sources d’archives, d’ajouter la référence au fonds (le modèle « cite archives » permet de décrire précisément un fonds) et de faire un lien vers le PAN. Le cas échéant, la bibliographie a été complétée.

Dans un second temps et de façon plus ponctuelle, des articles thématiques ont été complétés, notamment en les enrichissant avec des références bibliographiques. Enfin, dans le cas de travaux de recherche d’envergure, les résultats ont été intégrés autant que possible dans l’encyclopédie : par exemple, l’inventaire des livres de raison effectué par des chercheurs de l’université de Lausanne et soutenu par le Fonds National de la Recherche Scientifique, qui a consisté à inventorier les livres de raison pour leur exploitation scientifique. Dans ce cadre, de nombreux documents émanant des AEN ont été identifiés, examinés et décrits dans la base de données propre au projet[11]. Pour permettre aux chercheurs d’avoir un accès centralisé à ces données, elles ont été intégrées dans la base de données des archives (PAN) et dans Wikipédia chaque fois que la chose était possible.

D’autres initiatives : les projets GLAM[12] neuchâtelois

Journée des archives 2017

Lors de la Journée suisse des archives du 9 juin 2017, des ateliers traitant de Wikipédia ont été organisés dans la plupart des institutions concernées. C’est tout naturellement que les AEN y ont participé, afin de présenter aux visiteurs leur démarche et le travail effectué dans l’encyclopédie. Ces ateliers ont été un franc succès, le public s’étant montré vivement intéressé par la découverte de ce nouvel outil de médiation culturelle. Les autres collaborateurs de l’institution ont présenté des fonds d’archives privés des AEN. Par exemple, des pièces tirées des archives de Maurice Boy de la Tour contenant des informations gardées secrètes sur des tentatives de paix pendant la Première Guerre mondiale ont été commentées. En écho à cette présentation, l’article « Tentatives de paix pendant la Première Guerre mondiale » a été enrichi d’un paragraphe décrivant la situation à Neuchâtel : « Quand Neuchâtel faillit donner la paix à l’Europe[13]. »

Le fonds d’archives des Pasteurs et Ministres neuchâtelois a également été présenté au public lors de cette journée, la Société des Pasteurs ayant fait don de ce fonds exceptionnel aux AEN[14]. Il contient notamment une riche correspondance de lettres manuscrites du XVIe siècle entre certains réformateurs, dont Guillaume Farel et Jean Calvin, ainsi que d’autres hommes d’Église célèbres, comme Jean-Frédéric Ostervald et Jonas de Gélieu. Ces archives ont été citées dans les articles Wikipédia relatifs à ces différents personnages. L’objectif à long terme est de relier entre eux la plus grande partie des réformateurs et ecclésiastiques dont la correspondance est conservée dans le fonds.

Le dernier sujet traité durant la Journée suisse des archives était celui, particulièrement sensible, des victimes de mesures de coercition à des fins d’assistance[15] (MCFA). La tâche des archivistes a consisté à faire des recherches dans les archives des institutions ou des écoles concernées, afin d’aider les victimes à retracer leur parcours pour pouvoir prétendre à une contribution de solidarité auprès de la Confédération suisse. Malgré la difficulté de la tâche (dossiers souvent épars et parfois lacunaires) et sa dimension émotionnelle, des archivistes venant de toute la Suisse l’ont menée à bien, convaincus que cela contribuerait à donner tout son sens à la conservation des archives et à leur mise en valeur. La description de ce chapitre de l’histoire suisse dans un article Wikipédia dédié a ainsi paru particulièrement bienvenue, faisant entrer en résonance les fonds d’archives et l’histoire dont ils témoignent.

Le projet WikiNeocomensia

L’Université de Neuchâtel propose depuis la rentrée 2017 un master en sciences historiques combinant les disciplines de l’histoire, l’histoire de l’art et l’archéologie. Des cours d’introduction aux humanités numériques y sont prévus. En parallèle, une rapide introduction à Wikipédia est organisée pour les étudiants de première année du baccalauréat en histoire. Deux wikipédiennes neuchâteloises, Gilliane Kern et Amandine Cabrio, ont mis en place dans le cadre de leurs associations respectives (UNIstoire et AEVUM) un module externe au master en sciences historiques pendant la session de printemps 2018 afin de permettre aux étudiants inscrits d’approfondir leurs connaissances des projets Wikimédia et d’enrichir les articles relatifs au patrimoine neuchâtelois. Ce projet a reçu le soutien de Wikimédia CH. Les AEN, par l’entremise de sa WiR, ont participé activement aux modules ainsi qu’à la table ronde publique qui les a clôturés. Parmi les participants, les étudiants et les institutions patrimoniales du canton étaient bien représentés, ce qui souligne l’intérêt réel pour cette encyclopédie[16].

Toutefois, tant que la participation à Wikipédia ne sera pas reconnue formellement par les instances académiques, les étudiants resteront réticents à consacrer du temps à ce travail de longue haleine. C’est pourquoi certaines discussions ont porté sur de potentielles collaborations entre les institutions pourvoyeuses de sujets et l’université pour créer des articles, à l’image de « bon nombre d’universités américaines [qui] intègrent à leur cursus sous forme de travaux crédités la rédaction d’articles ou corrections d’articles existants » (Chiriac, 2015).

Projet Wikimédia 2018

D’ici à la fin de l’année 2018, un nouveau projet sera mis sur pied par Gilliane Kern et Amandine Cabrio. Il réunira des professionnels des GLAM dans le but d’organiser une formation sur Wikimédia et l’intégration d’images. En effet, après l’ajout de données dans les articles Wikipédia, le pas suivant sera la participation à Wikimédia Commons et la mise à disposition d’images provenant des AEN. Cela permettra à la fois de les diffuser largement et de les utiliser pour illustrer certains articles. Pouvoir s’unir pour ce type de tâche est enrichissant et avantageux, tant chacun bénéficie de l’expérience des autres contributeurs. De plus, cela permet de constituer ou de consolider un réseau professionnel que l’intérêt envers Wikipédia rassemble.

Conclusion

L’utilisation de Wikipédia pour la mise en valeur des fonds d’archives des AEN s’est révélée des plus satisfaisantes. La mise en réseau de contributeurs institutionnels permet en effet des échanges fructueux sur les bonnes pratiques de chacun. De plus, la profonde diversité des intervenants voit de multiples milieux professionnels interagir et s’enrichir mutuellement.

Bien sûr, le travail collaboratif implique de grands changements dans les habitudes des professionnels I+D. Wikipédia offre en effet la possibilité de publier des ébauches ou des articles incomplets, là où la profession privilégie d’ordinaire l’analyse approfondie et exhaustive. On peut ainsi laisser des « chantiers en cours » sans en éprouver la moindre culpabilité, avec la certitude qu’ils seront menés à terme, par soi-même ou par d’autres.

Un autre effet de la participation à Wikipédia, plus inattendu, s’est révélé être le changement de regard porté sur les pratiques de mise en valeur des fonds. En effet, l’immédiateté et la simplicité d’accès à Wikipédia ouvrent des horizons nouveaux pour donner une visibilité accrue aux fonds existants et signaler l’existence de fonds méconnus au bénéfice des chercheurs.

Par ailleurs, loin d’une vision purement utilitariste de notre travail à laquelle nous avions pu initialement songer, notre collaboration à l’encyclopédie a été l’occasion de dépasser le seul souci de l’amélioration des articles nous concernant, pour nous intéresser à des domaines connexes et enrichir des notices qui n’étaient pas liées à nos fonds. Cette dimension altruiste n’est pas la moindre des satisfactions que notre expérience nous aura procurées avec Wikipédia.

Le travail d’enrichissement de notices dans l’encyclopédie pour les AEN est toujours en cours. La prochaine étape sera certainement de multiplier l’intégration de données issues d’articles rédigés dans d’autres langues, grâce à un outil interne à Wikipédia qui permet la traduction (content translation[17]).

En tant que professionnels de la gestion de l’information, nous sommes maintenant persuadés que nous devons comprendre, connaître et participer à Wikimédia, qui constitue un lien puissant entre nos collections et le public qui désire les connaître ou y accéder.