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Voici le premier numéro non thématique de la revue Drogues, santé et société. À la différence des trois numéros qui l’ont précédé, on y trouve des articles soumis au comité de rédaction de la revue sans sollicitation. Nous amorçons ainsi une orientation qui nous amènera à faire alterner désormais les numéros thématiques (au printemps) et non thématiques (à l’automne).

Les trois premiers articles de ce numéro représentent un volet important de la recherche dans le domaine de la toxicomanie au Québec au cours des dix dernières années : celui du développement d’instruments d’évaluation et d’intervention validés et pertinents au plan clinique. En effet, au début des années 1990, les chercheurs francophones étaient tributaires d’outils de recherche développés par des Anglo-Saxons, principalement aux États-Unis, et traduits sans validation en français. Les chercheurs de l’équipe du RISQ (Recherche et intervention sur les substances psychoactives – Québec) se sont donnés pour mission de combler cette lacune. L’Indice de gravité d’une toxicomanie (IGT), une adaptation validée en français de l’Addiction Severity Index (ASI), fut le premier de ces outils et son utilité clinique a souvent été remise en question. L’article de Perreault et de ses collaborateurs s’intéresse précisément à la pertinence clinique de ce questionnaire, utilisé depuis une douzaine d’années au Québec. Il présente une étude effectuée auprès d’usagers et d’intervenants d’un centre de réadaptation qui met en évidence le fait que l’appréciation des usagers des services, répondant à ce questionnaire, tient autant à la qualité de la relation établie par l’intervenant qu’à l’outil lui-même. Les deux derniers articles présentent les résultats d’études des qualités psychométriques d’instruments créés au Québec à l’intention des milieux d’interventions. Le premier (Landry et coll.) vise à faciliter le repérage de la consommation problématique d’alcool et de drogues chez les adolescents. Il est destiné aux intervenants de première ligne. Le second (Simoneau et coll.) est un questionnaire d’évaluation de la motivation au traitement des toxicomanies, qui pourra être utile aux cliniciens engagés dans la réadaptation des personnes toxicomanes.

Dans un registre différent, les deux derniers textes de ce numéro nous proposent une réflexion sociologique sur des valeurs contemporaines qui influencent notre rapport aux drogues. Celui de William Gasparini situe la conduite dopante dans le cadre d’une valorisation sans limites de la réussite individuelle, de la performance et de l’esthétique corporelle par notre société actuelle. L’usage de produits dopants pourrait être vu, dans cette perspective, comme une tentative de mettre le corps au service de ces valeurs ou en accord avec celles-ci. Pour sa part, tout en reconnaissant que les exigences de productivité de notre société peuvent conduire certains individus à devenir dépendants des drogues, van Caloen invite les intervenants à reconnaître la capacité de ces individus de devenir des acteurs de plein droit de leur sortie de la toxicomanie.

En créant une revue électronique accessible gratuitement sur le Web, nous faisions un pari : atteindre un lectorat nombreux et rejoindre la francophonie internationale. Les statistiques sur la fréquentation de la revue Drogues, santé et société (4 000 visiteurs par mois au cours des derniers mois) semblent indiquer que ce pari est en voie d’être gagné. Nous nous adressons maintenant aux auteurs en les invitant à nous soumettre leurs textes, que ce soit des articles de fond ou des résultats de recherche.