Mot de présentationTrente ans d’intervention psychosociale au Québec : quatre témoins privilégiés dressent un bilan[Record]

  • Chantal Plourde and
  • Bastien Quirion

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  • Chantal Plourde
    Directeur du numéro

  • Bastien Quirion
    Directeur du numéro

Ce numéro spécial de la revue fait suite au numéro précédent qui portait lui aussi sur les nouvelles tendances de l’intervention en dépendance (volume 8, numéro 2). Aspirant contribuer d’une manière stimulante et originale à la poursuite de la réflexion amorcée dans le cadre du numéro précédent, nous avons choisi de sortir des sentiers battus en offrant un mot de présentation un peu hors normes, qui met en valeur le propos de quatre personnalités québécoises importantes du champ de l’intervention en toxicomanie. Ces quatre acteurs clés sont : madame Louise Nadeau (LN), professeure titulaire au Département de psychologie de l’Université de Montréal et directrice scientifique du Centre Dollard-Cormier–Institut universitaire sur les dépendances; monsieur Pierre Brisson (PB), coordonnateur au Centre de recherche et d’aide pour narcomanes (CRAN), chargé de cours pour les programmes en toxicomanie de l’Université de Montréal et de l’Université de Sherbrooke; monsieur Serge Brochu (SB), vice-recteur adjoint - international et professeur titulaire à l’École de criminologie de l’Université de Montréal; et monsieur Michel Landry (ML), Ph. D. en psychologie, conseiller à la recherche pour la Direction de la mission universitaire du Centre Dollard-Cormier–Institut universitaire sur les dépendances et codirecteur du RISQ. À la fois témoins privilégiés des transformations qui se sont opérées dans le champ de l’intervention au cours des dernières décennies, mais aussi acteurs de premier plan de ces transformations, ils ont entre autres contribué, à travers leur enseignement au certificat en toxicomanies de l’Université de Montréal, à diffuser l’approche psychosociale au Québec. Dans le cadre d’entretiens individuels, lesquels furent tenus avant la sortie du premier numéro, nous avons interrogé ces figures connues du monde de la toxicomanie sur les différents aspects de l’évolution de l’intervention auprès des toxicomanes au cours des 40 dernières années, en insistant tout particulièrement sur l’importance accordée dans le contexte québécois au virage psychosocial. L’objectif de ce texte est de présenter le point de vue de ces quatre témoins reconnus et privilégiés de cette évolution. Ces témoignages, bien qu’ils constituent en partie une reconstruction de la réalité de l’époque puisqu’ils émergent de l’opinion actuelle de ces quatre acteurs, devraient nous aider à mettre en lumière certains aspects de cette évolution. Par cet exercice, notre objectif est de mieux comprendre le contexte général dans lequel ces transformations se sont déroulées et d’identifier les enjeux liés à ces transformations. À la lumière de ces témoignages, nous espérons contribuer à améliorer la compréhension de nos lecteurs à propos des enjeux actuels en ce qui concerne l’intervention en dépendance telle qu’elle se pratique au Québec. Les quatre participants à ces rencontres s’entendent pour affirmer que l’approche psychosociale est importante dans le champ de l’intervention en toxicomanie au Québec. En utilisant des expressions comme « emblème » ou « aspect identitaire », ils expriment unanimement qu’il s’agit d’une approche propre au Québec. Ils estiment que le fait que nous ayons dépassé les cadres explicatifs classiques dans notre compréhension de la problématique explique en partie pourquoi cette approche est en quelque sorte devenue notre identité. Il s’agit cependant d’une approche difficile à définir et à délimiter. Pierre Brisson rappelle à cet égard que l’approche psychosociale fut qualifiée « d’appellation non contrôlée » par Céline Mercier lors d’une conférence donnée devant les membres de l’Association des intervenants en toxicomanie du Québec (AITQ) en 1985, ce qui permet de souligner son aspect multidimensionnel et éclectique. Il s’agit d’une approche qui se définit surtout par rapport aux autres approches concurrentes. L’approche qui s’est développée à l’époque au Québec se distingue alors de celles qui prévalaient en Europe et dans le reste de l’Amérique du Nord. Aux États-Unis, l’approche cognitivo-comportementale et le …

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