Abstracts
Résumé
Cadre de la recherche : Représentant légitimiste sous la Seconde République (1848-1852), Paul de Dieuleveult (1799-1867) incarne le notable traditionnel de l’Ouest au milieu du XIXe siècle. Sa position sociale privilégiée marque l’aboutissement d’une ascension sociale débutée par son père, François-Marie, à Tréguier dans les Côtes-du-Nord.
Objectifs : Il s’agit de s’interroger sur l’importance de l’héritage familial dans l’engagement légitimiste de Paul de Dieuleveult et de ses collègues députés légitimistes.
Méthodologie : Pour y parvenir, nous nous appuierons sur les travaux de notre thèse (Stefanelly, 2013) et sur les notices biographiques des parlementaires.
Résultats : Les antécédents familiaux sont déterminants dans l’engagement légitimiste de Paul de Dieuleveult. Son père s’élève socialement grâce à ses activités médicales, à ses deux mariages successifs, à son obtention du titre de noble et à l’exercice de responsabilités locales sous la Restauration. Paul s’inscrit dans cette lignée. Il dispose grâce à lui de biens matériels et fonciers considérables. Son mariage lui permet de compléter les alliances avec les familles marquantes de la région. Son entrée en politique dans les dernières années de la Restauration concrétise l’engagement légitimiste. La monarchie de Juillet marque une rupture politique, mais il revient au premier plan de la vie politique locale en 1848 et accède à la députation. Durant son mandat, il s’emploie à faire fructifier son assise politique en s’employant à préserver un unanimisme communautaire.
Conclusion : Beaucoup de ses collègues légitimistes dans l’Ouest, principal foyer du légitimisme, s’inscrivent dans un héritage familial. Une minorité d’entre eux ont des antécédents familiaux moins marqués et ont émergé socialement grâce à leurs capacités.
Contribution : La dimension familiale est essentielle pour comprendre l’engagement politique d’un représentant légitimiste sous la Seconde République même si cela ne se vérifie pas dans tous les cas et que la dimension psychologique individuelle est une donnée à prendre en compte.
Mots-clés :
- politique,
- famille,
- père,
- sociologie,
- trajectoires familiales,
- lien familial,
- histoire,
- démocratie ,
- communauté
Abstract
Research Framework : A Legitimist representative under the Second Republic (1848-1852), Paul de Dieuleveult (1799-1867) embodied the traditional Western notable in the mid-19th century. His privileged social position marks the culmination of a social ascent begun by his father, François-Marie, in Tréguier, Côtes-du-Nord.
Objectives : To examine the importance of family heritage in the Legitimist commitment of Paul de Dieuleveult and his fellow Legislative deputies.
Methodology : To achieve this, we will draw on the work of our thesis (Stefanelly, 2013) and on the biographical notes of parliamentarians.
Results : Paul de Dieuleveult’s commitment to the Legitimist cause was determined by his family background. His father rose socially through his medical activities, his two successive marriages, his attainment of a noble title and the exercise of local responsibilities under the Restoration. Paul belongs to this lineage. Thanks to him, he has considerable material and land assets. His marriage enables him to complete alliances with the region’s prominent families. His entry into politics in the final years of the Restoration period gave concrete expression to his legitimist commitment. The July Monarchy marked a political break, but he returned to the forefront of local political life in 1848 and became a member of parliament. During his term of office, he endeavored to build on his political base by preserving community unanimity.
Conclusion : Many of his fellow Legitimists in the West, birthplace of Legitimism, are part of a family heritage. A minority of them have less marked family antecedents and have emerged socially thanks to their abilities.
Contributions : The family dimension is essential to understanding the political commitment of a legitimist representative under the Second Republic, even if this is not true in all cases, and the individual psychological dimension is a factor to be taken into account.
Keywords:
- policy,
- family,
- father,
- sociology,
- family trajectories,
- family link,
- history,
- democracy,
- community
Resumen
Marco de la investigación : Representante legitimista bajo la Segunda República (1848-1852), Paul de Dieuleveult (1799-1867) encarna al tradicional notable de Occidente a mediados del siglo XIX. Su posición social privilegiada marca la culminación de un ascenso social iniciado por su padre, François-Marie, en Tréguier en Côtes-du-Nord.
Objectivos : Se trata de cuestionar la importancia del patrimonio familiar en el compromiso legitimista de Paul de Dieuleveult y los compañeros de su opinión política en la Asamblea Nacional Legislativa electa en mayo de 1849.
Metodología : Para lograrlo, nos apoyaremos en el trabajo de nuestra tesis (Stefanelly, 2013) y en la notas biográficas de los parlamentarios.
Resultados : Los antecedentes familiares son decisivos en el compromiso legitimista de Paul de Dieuleveult. Su padre ascendió socialmente gracias a sus actividades médicas, sus dos matrimonios sucesivos, la obtención del título de noble y el ejercicio de responsabilidades locales bajo la Restauración. Paul es parte de este linaje. Gracias a su padre, él dispone de considerables bienes materiales y territoriales. Su matrimonio le permitió concretar alianzas con familias destacadas de la región. Su entrada en política en los últimos años de la Restauración concretó el compromiso legitimista. La monarquía de Julio marcó una ruptura política, pero volvió a la vanguardia de la vida política local en 1848 y obtuvo acceso a la diputación. Durante su mandato, se dedicó a hacer crecer su base política, trabajando para preservar la unanimidad comunitaria.
Conclusión : Muchos de sus colegas legitimistas en Occidente, el principal centro del legitimismo, son parte de una herencia familiar. Una minoría de ellos tiene antecedentes familiares menos marcados y ha emergido socialmente gracias a sus capacidades.
Contribución : La dimensión familiar es esencial para comprender el compromiso político de un representante legitimista durante la Segunda República, aunque esto no sea cierto en todos los casos y que la dimensión psicológica individual es algo a tener en cuenta.
Palabras clave:
- política,
- familia,
- padre,
- sociología,
- trayectorias familiares,
- vínculos familiares,
- historia,
- democracia,
- comunidad
Article body
Représentant légitimiste sous la Seconde République (1848-1852), Paul de Dieuleveult (1799-1867) incarne le notable traditionnel de l’Ouest au milieu du XIXe siècle (Stefanelly, 2013). Sa position sociale privilégiée marque l’aboutissement d’une ascension sociale débutée par son père, François-Marie, à Tréguier dans les Côtes-du-Nord. La trajectoire de Paul de Dieuleveult contribue à appréhender le légitimisme, souvent considéré comme le « parent pauvre de l’historiographie » (Dupont, 2014 : 889-911).
André Siegfried s’interroge sur les raisons de l’adhésion de la population au légitimisme dans l’Ouest et souligne l’importance des propriétés foncières et des structures religieuses locales (Siegfried, 1913). À l’inverse, Paul Bois s’appuie sur l’exemple sarthois pour insister sur la prééminence des mentalités (Bois, 1971). De nombreuses études régionales, effectuées dans les années 1970, proposent une histoire sociale de cette culture politique. De nouveaux champs ont été ouverts par les historiens anglo-saxons et démontrent que le légitimisme est un mouvement contre-révolutionnaire porteur d’une autre modernité que celle des révolutionnaires (Locke, 1974 ; Kale, 1992).
Au début de la Seconde République, les légitimistes entendent installer le comte de Chambord sur le trône. En attendant, sous l’influence de l’avocat Berryer, leur chef de file charismatique en France, parlementaire élu dans les Bouches-du-Rhône, ils s’inscrivent dans la démarche conservatrice du parti de l’Ordre. Ils s’organisent autour d’un groupe parlementaire sous la Constituante puis la Législative et composent avec les autres forces de droite, orléanistes et bonapartistes, pour combattre les tenants d’une République démocratique et sociale à gauche dans les premiers mois du nouveau régime politique.
Notre article vise à étudier comment Paul de Dieuleveult entre en politique et s’engage naturellement dans le mouvement légitimiste grâce à sa famille qui lui permet de bénéficier d’une accumulation de richesses et d’un prestige social et politique, qu’il contribue à faire fructifier par son parcours professionnel et politique (Pourcher, 2017 ; Léonard, 1992).
Dans un premier temps, nous pouvons retracer le parcours de François-Marie. Le père de Paul de Dieuleveult s’élève socialement grâce à ses activités médicales, à ses deux mariages successifs, à son obtention du titre de noble en 1816 et à l’exercice de responsabilités locales sous la Restauration.
Dans une deuxième partie, nous montrerons comment Paul s’inscrit dans la lignée de son père et en touche les dividendes. Il dispose grâce à lui de biens matériels et fonciers considérables. Son mariage lui permet de compléter les alliances avec les familles marquantes de la région. Il hérite aussi du caractère et des aspirations de sa mère sensible aux attributs de la notabilité. Son entrée en politique dans les dernières années de la Restauration concrétise l’engagement légitimiste et lui donne l’occasion d’afficher des convictions plus affirmées. La monarchie de Juillet marque une rupture politique, mais ne remet pas en cause une assise sociale qui facilite son retour au premier plan de la vie politique locale en 1848 et son accès à la députation.
Enfin, nous montrerons que l’exercice de son mandat parlementaire sous la Seconde République s’inscrit dans un combat national en faveur de son idéologie légitimiste, mais aussi dans une stratégie locale de préservation indispensable d’un unanimisme communautaire. Sa démarche est comparable à celle de la majorité de ses collègues légitimistes.
L’ascension du père, François-Marie de Dieuleveult
Le prestige local de Paul de Dieuleveult est à son apogée au cours de son mandat parlementaire entre 1849 et 1851 et marque l’aboutissement de la réussite sociale de son père, François Marie Dieuleveult, dont il faut prendre en compte le parcours (De Dieuleveult, 1996).
Ses activités médicales et un mariage avec une famille noble lui permettent d’atteindre les sommets de la hiérarchie sociale locale dès le Consulat. Fils aîné de Jacques François, chirurgien, et de Marie-Anne Le Fort, François-Marie est né le 19 août 1749 à Carhaix. À l’issue d’études secondaires au collège des Jésuites de Quimper, il se destine à la médecine. Il soutient à la faculté de Reims, le 19 octobre 1776, une thèse sur une forme de goutte. Ses études achevées, il décide de s’installer à Tréguier, sans doute attiré par les Augustines qui, comme à Carhaix, ville d’exercice de son père, gèrent l’hôpital. Dans cette petite bourgade, il mène une carrière médicale particulièrement active, qui lui permet de parvenir à un rang de tout premier plan au sein de la communauté. Il ne se contente pas de sa clientèle privée, pourtant fort lucrative. Il exerce un rôle primordial dans la lutte contre les épidémies à Tréguier en devenant médecin des épidémies, une fonction officielle. Il conserve cette charge, étendue à tout l’arrondissement de Lannion sous le Premier Empire, jusqu’en 1815. Il est également requis, à plusieurs reprises, comme médecin légiste. Enfin, il accède à la fonction de médecin en chef des hôpitaux de Tréguier.
Après une très longue période de célibat, ses deux mariages successifs vont magnifier son ascension sociale. Le 25 juin 1796, il épouse en premières noces Françoise Marie Le Borgne de Coëtivy, fille d’Yves, conseiller au Parlement de Rennes, et de Marie Gabrielle du Fresnay. Il s’allie, par-là, avec une famille d’ancienne extraction, qui compte huit générations à la réformation de 1668, porte « d’azur à trois huchets d’or, liés et virolés de même », possède pour devises « attendant mieux » de même que « tout ou rien ». Sa première femme décède le 5 juillet 1797 et il se remarie en janvier 1799 à Lannion avec Céleste Marie Hyacinthe Le Gentil de Rosmorduc, fille de René, comte de Rosmorduc, et d’Agathe Fleuriot de Langle. La famille Le Gentil a déjà huit générations à la réformation de 1668, porte « d’azur au serpent volant d’or ». À l’opposé du précédent, ce mariage s’avère durable et fécond. François Marie et Céleste jouissent de plus de 21 ans de vie commune et donnent le jour à six enfants : seuls l’aîné, Paul (1799-1867), et le benjamin, Albert (1811-1884), ont une descendance, alors que deux disparaissent en bas âge, Césaire (1803-1807) et Mathilde (1807-1810), et que deux autres, Virginie (1802-1827) et Ernest (1805-1828) parviennent à l’âge adulte, mais meurent célibataires et sans enfants.
L’appartenance à la noblesse constitue un legs majeur transmis à Paul par son père. Toutefois, ce dernier ne paraît guère s’en soucier. Au moment de sa retraite, ce n’est pas lui, mais Céleste qui tente de parvenir à cette consécration. Elle profite du contexte des premières années de la Restauration : parmi les multiples démarches idéologiques et politiques qui manifestent la volonté de renouer avec l’ordre ancien, ce nouveau régime entreprend de réformer la noblesse et ouvre des possibilités rêvées de se glisser au milieu des rangs tant enviés. Le ménage Dieuleveult présente une requête à de Méry, référendaire de la Chancellerie et lui envoie une lettre décisive datée du 22 octobre 1815. Toutes les composantes d’un dossier convaincant y sont rassemblées, à savoir le rappel des origines anciennes de la famille, l’allusion à la perte des documents les plus précieux dans la destruction du chartrier de Langonnet, la référence à d’excellentes alliances en particulier avec la famille de Montesson, l’affirmation d’une noblesse vérifiable dans les souvenirs des contemporains et reconnue par l’aristocratie de la région. Finalement, sur l’insistance de la noblesse de Bretagne, la chancellerie propose un compromis qui aboutit, non pas à la confirmation d’un état ancien, mais à un anoblissement. Dans la demande qu’il adresse le 6 novembre 1815 au Garde des Sceaux, le référendaire Belliard souligne que monsieur « Dieuleveult », « homme recommandable par sa conduite, sa fortune et son rang dans sa province », « n’entreprendra pas les preuves nécessaires pour des lettres de confirmation de noblesse » et que lui-même prend « en son nom l’engagement de payer la totalité des droits du sceau, si Sa Majesté daigne lui en accorder de nouvelles. » L’ordonnance royale du 23 mai 1816 marque l’aboutissement de telles démarches parce que « notre aimé le Sieur François Marie Dieuleveult » est « décoré du titre de noble ». Ses armoiries se caractérisent désormais ainsi : « D’azur à six croissants contournés d’argent, posés trois, deux et un, l’écu timbré d’un casque taré de profil, orné de ses lambrequins. » Le père de Paul de Dieuleveult accède donc à un rang social particulièrement enviable. L’acquisition du titre de noble constitue la marque de cette ascension.
François Marie Dieuleveult figure, d’un point de vue social, parmi les notabilités locales les plus importantes grâce à sa réussite de médecin, à son mariage, qui lui permettent d’être l’une des plus grosses fortunes départementales. En 1815, il fait partie des 133 propriétaires qui paient plus de 1 000 francs de contributions dans les Côtes-du-Nord avec 1 666 francs[1]. La même année, il est la 222e personnalité la plus imposée dans les Côtes-du-Nord et la septième à Tréguier. Dans cette ville, les marchands et négociants, au nombre de cinq, sont les notables les plus importants sur la liste[2].
D’un point de vue politique, dès les années napoléoniennes, François Marie accède à des responsabilités publiques locales. Sous le Consulat, à l’an IX, il s’en faut de très peu pour qu’il soit la personnalité de Tréguier qui figure sur la liste des 87 notables nationaux du département. Parmi les 857 noms de la liste préliminaire, FM. Cavan est élu avec 306 voix, alors que François Marie parvient en seconde position en obtenant 195[3]. Il appartient aux 1 149 notables communaux éligibles pour les élections communales. Ils sont 63 au total pour Tréguier, dont quatre fonctionnaires publics (le maire Le Guillou aîné, le conseiller général Le Guillou jeune et les deux adjoints au maire), 13 marins ou militaires absents lors du vote, douze marchands, neuf négociants contre seulement cinq rentiers[4]. En dépit de cette position avantageuse, François Marie refuse de siéger au Conseil municipal de sa ville pour des motifs d’éthique pris en compte par les autorités administratives. Deux ans plus tard, il intègre la municipalité de Tréguier puis le Conseil général. Le 11 messidor an XI, il est élu au premier tour de scrutin. Il recueille sur son nom le plus de voix : François Marie devance avec 94 suffrages, Duportal du Goasmeur, fils de trois voix, Duportal du Goasmeur père de 15 voix, le négociant PL. Le Goaster de 16 voix, Guillou aîné de 20[5]. Il accepte la prestation de serment d’obéissance aux constitutions de l’Empire et de fidélité à l’empereur en l’an XII, en tant que membre de l’hospice civil et du bureau de bienfaisance de Tréguier, à l’instar des maires, adjoints, professeurs et instituteurs publics, fonctionnaires publics, administrateurs, préposés et employés quelconques[6] . En octobre 1810, une notice administrative le qualifie d’« homme vertueux, très considéré » et comme s’étant « acquis de la célébrité dans son état »[7]. Un an plus tard, une note administrative le dit d’« excellente moralité et attaché au gouvernement »[8]. Quand une chambre littéraire est créée à Tréguier en 1811, François Marie s’investit en entier dans cette activité qui, à sa grande satisfaction, encourage l’instruction publique. Non seulement il est l’un des membres fondateurs de cette compagnie, mais encore est-ce lui-même qui communique au sous-préfet de Lannion le règlement et la liste des membres. Plus qu’en raison de ses convictions personnelles, il se reconnaît dans un régime politique, le Premier Empire, qui assure l’ordre localement.
Les instabilités politiques et l’alternance très rapide des régimes impériaux et monarchiques ne compromettent pas son ascension politique et sociale. À partir de juin 1815, Tréguier est désormais une ville où prédominent des notabilités attachées à la Restauration, ceux qui ne se soumettent pas aux autorités administratives étant exclus. François Marie Dieuleveult, notable pourtant en vue dans le régime impérial, appartient à cette catégorie d’hommes qui s’adaptent au nouveau régime. Il accueille déjà avec scepticisme le retour de l’empereur lors des Cent-Jours. Il justifie son absence au collège électoral par une maladie, probablement diplomatique, à laquelle il ne se référera plus par la suite :
« Dans le mois de décembre dernier, j’ai fait une maladie qui a laissé sur ma santé les traces fâcheuses de son naufrage. Jusqu’à cette époque, c’est-à-dire jusqu’à 66 ans, je jouissais de cette plénitude de forces qui me permettait de vaquer à l’exercice d’une médecine très active, mais une débilité de nerfs ayant été la suite de cette maladie, elle s’est fixée notablement sur le bras et la main droite […] ; c’est une peine nouvelle de me voir forcé de renoncer à l’exercice de devoirs que j’ai toujours remplis avec amour et empressement. »[9]
En 1816, la totalité des organismes politiques ou non de la ville est animée par des notabilités qui se reconnaissent dans le nouveau régime. Par exemple, les quatre conseillers généraux du département présentent un profil identique : tous sont des nobles, ayant accompli des fonctions militaires pour deux d’entre eux, et ces derniers sont fortunés. Le Conseil d’arrondissement, quant à lui, est composé de 11 personnes qui, toutes, à deux exceptions près, ont des orientations royalistes marquées. Un constat identique peut être établi pour les hospices civils de Tréguier. Ses huit membres ne sont pas tous royalistes, mais aucun ne pose de difficultés pour le maintien de l’ordre politique existant. François Marie, membre, y est qualifié d’« aussi bon médecin que zélé partisan du roi » et est généralement « considéré et estimé ». Selon ce document, le collège de Tréguier dispose de fonctionnaires également acquis à la Seconde Restauration[10]. De plus, François Marie ne rechigne pas à faire des dons pour la construction de monuments qui célèbrent le nouveau régime. En 1815, il est l’un des principaux donateurs de l’arrondissement de Lannion pour le rétablissement de la statue d’Henri IV : avec une souscription de 30 francs, il se place à un niveau identique que le maire de Tréguier, Duportal du Goasmeur, ou que Riou, curé de la commune[11]. Enfin, il apparaît toujours comme un notable influent, susceptible de jouer un rôle politique, en raison de sa condition de propriétaire. En 1817, il appartient aux 27 principaux propriétaires de Tréguier qui peuvent composer le collège électoral et il paie 1 000 francs de contributions[12].
François Marie, homme d’ordre, reflète l’état d’esprit des populations locales qui se soumettent au pouvoir en place à condition que celui-ci leur assure la stabilité. Il soutient un régime politique qui, localement, lui apporte la sérénité, à l’instar de la population locale. L’acceptation de la Restauration prédomine, car l’ordre public est préservé par les autorités. Celles-ci nomment aux responsabilités administratives des personnalités dévouées et chargées d’asseoir le nouveau régime, tel le préfet. Ce dernier a pour fonction de faire son possible, des « efforts »[13], pour faire aimer le roi.
Des nobles, comme François Marie de Dieuleveult, accaparent tous les postes de responsabilité. Dès 1816, le Conseil municipal de Tréguier est aux mains de riches propriétaires, dont le profil convient aux autorités en place « vu que l’épuration est terminée depuis longtemps »[14]. Quand il meurt le 14 août 1821, à l’âge de 72 ans, le parcours de François Marie est considérable. Son ascension lui assure une place politique et sociale de choix à Tréguier, voire dans l’arrondissement de Lannion.
L’accession à la représentation nationale de Paul de Dieuleveult sous la Seconde République : l’aboutissement d’une ascension familiale
Son fils, Paul, en touche les dividendes. Au cours de son existence, il va s’évertuer à s’inscrire dans la droite lignée de son père en affichant néanmoins des convictions légitimistes bien plus affirmées. Dès son enfance, son statut social est extrêmement solide et sa famille bien assise. Il dispose de biens matériels et fonciers considérables. L’inventaire après décès, réalisé entre le 20 et le 28 septembre 1821 après la mort de François Marie, souligne une aisance véritable, concrétisée par une fortune mobilière et surtout foncière importante[15].
D’une part, leur demeure habituelle de Tréguier et ses dépendances, acquise par le père de Paul le 9 fructidor an XI (27 août 1803), traduit confort et richesse. Elle est localisée au début de la rue des Frères (aujourd’hui rue de Lamennais), en plein cœur de la ville[16]. Son aspect extérieur ne laisse guère de doutes à cet égard. À l’intérieur, elle comporte un grand nombre de pièces : cuisine, laverie, salon, salle à manger, vestibule entre ces deux pièces au rez-de-chaussée, chambres respectives de François Marie et de sa femme, de Paul, des filles ouvrant sur un palier au premier étage, greniers. La maison a des écuries, attributs de la noblesse dans la majorité des cas. La richesse se perçoit dans la manière dont les pièces sont meublées. Pour la seule chambre de Paul, l’inventaire de 1821 répertorie une vieille petite table à bureau évaluée à cinq francs de l’époque, trois chaises (pour un total de 16 francs), une petite table fourrée disposant d’un tiroir (trois francs), un pot à eau avec sa cuvette en porcelaine (six francs), une petite glace (un franc et demi), une simple gravure encadrée (un franc), un lit à colonne en forme de bateau et composé dans l’intérieur d’un sommier, de deux matelas, d’une couette, de deux traversins, de deux oreillers de plume, d’une couverture en gravats bordée en frange pour une valeur totale de 213 francs et d’une table de nuit sur roulette et construite principalement en marbre (18 francs). L’argenterie et la bijouterie sont fournies et le dénombrement en est impressionnant : deux écuelles en argent de 1 460 et 501 grammes (424,75 francs), deux cafetières en argent pesant 822 et 291 grammes (218,25 francs), un porte huilier en argent de 604 grammes (120,95 francs), deux flambeaux de 1,327 gramme (260,75 francs), deux autres 1,055 gramme au total (267,69 francs les deux), deux autres flambeaux avec girandoles de 1,885 gramme (369,75 francs), un bougeoir en argent de 168 grammes (33 francs), deux autres flambeaux sans girandoles de 1,048 gramme (205,50 francs), trois plats ronds de 650 grammes environ chacun (396,68 francs), trois plats ronds en argent pour un poids d’environ 650 grammes l’unité (392,40 francs), un autre plat rond de 1,958 gramme (400 francs), deux compotiers de 880 grammes (180,40 francs), un écritoire et sablier en argent de 306 grammes (106 francs), un porte-plume et porte cachet au poids de 122 grammes (24 francs), deux cachets d’argent (cinq francs), une petite écritoire avec plume au prix de sept francs, un gobelet en argent et une boite en sucre de 153 grammes (30,60 francs), 25 couverts à filets de 4,394 grammes (455,60 francs), trois autres couverts à filets et trois autres unis (210,80 francs), 12 couverts unis de 1,908 gramme au total (381,25 francs), 11 autres, dont un à filet, au poids total de 1,641 gramme (328,75 francs), 23 cuillers à ragoûts à filet de 2,336 grammes en tout (473,10 francs), 19 petites cuillers à filets et unies de 512 grammes (102,80 francs), une tabatière en or au poids de 168 grammes (374,75 francs), une médaille en or (100 francs) et divers objets évalués à 627,20 francs au total. La composition de la bibliothèque, de nature variée, reflète une très grande culture, symptomatique d’une appartenance aux hautes sphères de la société bretonne du XIXe siècle. Près de 280 ouvrages de nature diverse la composent. Des œuvres historiques, comme une Histoire romaine en 20 volumes, côtoient des écrits antiques, tels que les Satires de Juvénal, ou classiques, les Œuvres de Racine en huit volumes notamment, ou encore de multiples dictionnaires, celui du français en trois volumes par exemple.
D’autre part, bien plus que l’aisance mise en exergue par les caractéristiques de la maison de François Marie, l’inventaire de ses titres fonciers manifeste un rang de grand propriétaire terrien. L’ampleur des terres accumulées durant son existence grâce à son itinéraire et à sa réussite est impressionnante. Dans l’inventaire après décès, 50 liasses contenant les pièces relatives aux propriétés foncières possédées par le père de Paul en dehors de son domicile, sont recensées. Elles se localisent dans l’arrondissement de Lannion, en particulier sur le canton de Tréguier, à l’intérieur d’un cercle d’un rayon d’une dizaine de kilomètres autour de la ville. Il les a acquises, pour la plupart, dans les deux premières décennies du XIXe siècle après sa seconde union. Comme celle-ci ne lui apporte directement que la propriété de trois convenants, nommés Keribic, Kerangoff Bian et Penhador, localisés à Loctudy dans le Finistère, lieu de naissance de sa femme Céleste, on peut émettre l’hypothèse probable qu’il est entré en possession de ses terres grâce à sa réussite professionnelle et, à un degré moindre, aux possibilités financières que lui a ouvertes son mariage.
Son influence s’étend dans les communes environnant Tréguier, Pleumeur-Gaultier, Pleubian, Landmodez, Tédarzec, Lézardrieux, Pleudaniel, Pommerit-Jaudy, Minihy-Tréguier, Langoat, La Roche-Derrien, Camlez, Plougiel, Penvénan et Plougrescant. Par exemple, Lézardrieux constitue une assise foncière importante pour François Marie : il y est devenu possesseur des convenants Stancou, Jeanne Le Mérec, Anne Derrien et Marie Feutren, respectivement les 5 septembre 1806 et 25 mars 1821 pour les trois derniers, ainsi que de la métairie de l’Île à bois, le 16 ventôse an VII (6 mars 1799).
Paul de Dieuleveult fait fructifier l’aisance matérielle de son milieu d’origine par la poursuite d’études secondaires relativement brillantes à Tréguier. Selon les travaux réalisés sur le collège de la ville par un ancien élève, R. Prud’homme, Paul truste les prix. Dans le palmarès de 1808, il est cité en lecture, écriture et mémoire. En 1809, à sa sortie de huitième, il reçoit seul un prix de thème. En 1811, 1812 et 1813, il est l’un des principaux lauréats dans ses classes successives, en sixième, cinquième et quatrième. Pour sa dernière année scolaire à Tréguier, en 1824, alors qu’il se trouve en troisième, il partage avec un certain P. Denès les prix de version et de thème latins, de version grecque, de versification, de mathématiques et d’excellence. Il part étudier le droit dans la capitale, une fois ses études secondaires achevées. Tenté par la carrière préfectorale, il accompagne dans son poste, entre 1824 et 1828, le préfet de Corse, le comte Gabriel de Lantivy, ami de la famille. Quand ce dernier est nommé préfet des Basses-Alpes à la fin de 1828, Paul de Dieuleveult ne le suit pas. À la mort de son père en 1821, il touche à un héritage considérable, et sa grosse fortune le rend totalement indépendant. Son mariage lui permet de compléter les alliances avec les familles marquantes de la région : le 10 mai 1829, il épouse à Saint-Pol-de-Léon Olympe de Kermenguy, fille de Nicolas et de Rose Sévère de Gouyon de Vaurouault. L’intégration de la famille de Dieuleveult au rang de celles qui comptent se poursuit. Les Kermenguy possèdent huit générations à la réformation de 1668, portent « losangé d’argent et de sable, à la fasce de gueule chargée d’un croissant d’argent » et leur devise est « tout pour le mieux ». Paul de Dieuleveult prolonge l’ascension de son père.
Tout en s’inscrivant dans la lignée de sa lignée, il s’en distingue quelque peu par ses convictions légitimistes très affirmées. Un faisceau de considérations explique ses opinions. Quelques suppositions peuvent être émises concernant cet attachement à la branche aînée des Bourbons, seuls représentants à ses yeux de la monarchie légitime. Si son père s’accommodait des gouvernements tant que ces derniers assuraient l’ordre, les années d’éveil à la politique de Paul s’effectuent sous la Restauration, régime en phase avec les communautés traditionnelles et les autorités religieuses. Même s’il reste surtout un homme d’ordre comme son père, il s’attache presque naturellement au légitimisme, qui incarne d’autant plus à ses yeux le seul régime possible qu’une telle référence politique pose socialement dans les Côtes-du-Nord de la première moitié du XIXe siècle.
Grand propriétaire et notable local, Paul possède les attributs adéquats à la défense d’une telle ligne politique. Si son père lui lègue des fondements matériels, il hérite du caractère et des aspirations de sa mère sensible aux attributs de la notabilité. Son engagement politique à partir des dernières années de la Restauration concrétise ces orientations. Il entre au Conseil municipal de Tréguier en 1829, mais en ressort deux années après afin de ne pas servir une monarchie de Juillet qu’il juge usurpatrice. Il ne revient que 17 années plus tard au premier plan de la vie politique locale, dans le contexte d’unanimité qui préside à la première année de la Seconde République. Dans les dernières années de la Restauration, époque à laquelle Paul de Dieuleveult entre en politique, les convictions légitimistes paraissent indispensables à toute personnalité qui se destine à une carrière de premier plan. Le futur député est parfaitement en phase avec le régime à la fin de la décennie 1820. Certes, il ne figure pas parmi les 33 habitants de Tréguier, membres du collège électoral. Son statut social est conforme à celui qui y prédomine, à savoir les propriétaires terriens, au nombre de dix. On note aussi la présence de neuf cultivateurs et de six marchands ou négociants[17]. Le 25 mai 1829, il devient conseiller municipal de sa ville en remplacement d’un titulaire décédé et peut, sans difficulté, prêter serment au régime avant d’être installé : « Je jure fidélité au Roi, obéissance à la Charte constitutionnelle et aux lois du royaume. »[18] De plus, Paul de Dieuleveult participe activement à l’édification de monuments à la gloire de la dynastie des Bourbons. En 1825, il est le troisième donateur de Tréguier sur un total de 44 pour l’érection d’un monument à Quiberon avec 24 francs[19]. La nomination des responsables locaux par les autorités monarchiques renforce la mainmise des légitimistes et favorise son apparition au sein de la municipalité de Tréguier. Au terme des années 1820, il appartient au petit noyau d’individus concernés par les enjeux de politique nationale. Grâce à la Seconde Restauration, en tant que grand propriétaire et notable légitimiste, il est membre de la fraction dominante et illustre le fait qu’« à la fin de la Restauration, indépendamment de la conjoncture politique du moment, malgré tous les efforts des cadres administratifs supérieurs, la Bretagne réelle accepte beaucoup moins l’autorité des pouvoirs publics institués que la protection et la direction des élites naturelles qu’elle se donne à elle-même et qui encadrent sa vie locale » (Denis et Geslin, 2003 : 67).
La monarchie de Juillet (1830-1848) marque une rupture dans la vie de notable de Paul de Dieuleveult, car le nouveau régime le relègue au second plan. Ce dernier met aux diverses échelles de responsabilité des hommes qui partagent les convictions orléanistes. Au niveau municipal, Paul de Dieuleveult, opposant par principe au régime, disparaît après être demeuré conseiller municipal lors des séances des 14 septembre et 28 décembre 1830. Il rejoint la position de l’ancien premier magistrat légitimiste de la ville, Trogoff, démissionnaire dès la chute de la Restauration. Sous la monarchie de Juillet, Paul de Dieuleveult apparaît comme un notable légitimiste au poids politique négligeable, dont l’influence est pour l’heure secondaire par rapport à des notables favorables au régime en place.
Il conserve néanmoins une position sociale privilégiée à Tréguier et dans l’arrondissement de Lannion. L’analyse des listes électorales et de jury successives sous la monarchie de Juillet renforce ce constat. En 1831, Paul de Dieuleveult fait son apparition dans le collège électoral du département et occupe la première place dans le canton de Tréguier pour les contributions financières sur 38 membres et la troisième dans l’arrondissement de Lannion sur 159 personnes. En effet, le total de ses contributions s’élève à 187 948 francs, dont la quasi-totalité est d’origine foncière, à l’exception d’une petite partie de la somme versée à Tréguier (2 327 francs) due à la présence de son domicile. La plupart de cette imposition foncière est versée pour des terres situées dans des communes proches de Tréguier, c’est-à-dire Lézardrieux (59 066 francs), Pleubian (8 208 francs), La Roche-Derrien (10 021 francs), Pontrieux (5 718 francs), Pommerit-Jaudy (20 499 francs), Penvenan (3 432 francs), Chatelaudren (12 183 francs) et Pordic (23 461 francs). Paul de Dieuleveult possède également quelques propriétés dans le Finistère, d’où les sommes versées à Pont-L’Abbé (1 465 francs), Loctudy (8 764 francs), Plobannalec (6 449 francs) et Trégonnec (2 359 francs)[20]. Il incarne ainsi dans la société locale la domination du propriétaire terrien. Sur les 70 membres du collège électoral départemental une année après, la moitié se compose des propriétaires. Treize sont qualifiés de commerçants ou de négociants qui, enrichis, ont investi dans l’achat de terres[21]. Le rang privilégié du futur député se maintient en 1833, 1834, et a même tendance à s’améliorer à partir de 1835 d’un point de vue relatif. Alors que le taux de ses contributions se maintient, il n’est plus devancé dans l’arrondissement de Lannion que par un propriétaire de Lannion, F. Rogon de Carcaradec[22]. En 1839, il occupe toujours la première place dans le canton de Tréguier, la seconde dans l’arrondissement de Lannion. Il est devant d’autres notables, le plus souvent de condition sociale identique, mais qui ont parfois un rôle politique plus affirmé grâce à leur ralliement au régime, comme le maire de Tréguier, C. Illiac aîné, également conseiller général et négociant. Dans un cadre départemental, Paul de Dieuleveult est le 11e contribuable et il n’est distancé que par des personnalités à l’influence sociale encore plus élevée : il s’agit du comte de Kergariou, propriétaire à Bringolo (522 549 francs de contributions), de C. Le Gorrec, propriétaire à Pontrieux (249 163 francs), du vicomte Saisy, chevalier de la Légion d’honneur à Glomel (295 880 francs), du comte Chretien de Treveneuc, propriétaire à Treveneuc (325 461 francs), du marquis de Saint-Pierre, propriétaire à Plégnien (307 245 francs), du marquis du Merdy, conseiller général et propriétaire à Hénon (286 205 francs), de Riollay, colonel du génie à Moncontour (288 582 francs), de Freche, négociant et maire de Moncontour (218 608 francs), de Bouan, négociant à Quintin (265 579 francs), de Le Guen, propriétaire à Mellionnec (246 097 francs). Les contributions du futur député atteignent le niveau record de 195 966 francs.
Même s’il conserve une position privilégiée, les contributions de Paul de Dieuleveult baissent sensiblement pour n’atteindre que 91 359 francs à partir de 1841. Cela s’explique par la chute, voire la disparition des sommes versées pour certaines propriétés. Pour l’exercice 1841, le futur député paie pour des terres localisées à Tréguier (26 768 francs), à Lézardrieux (7 456 francs), à Pleubian (8 346 francs), à La Roche-Derrien (4 610 francs), à Pontrieux (6 735 francs), à Pommerit-Jaudy (9 035 francs), à Penvenan (645 francs), ainsi qu’à Pont-L’Abbé (1 926 francs) et à Loctudy (4 211 francs), deux communes situées dans le Finistère[23]. Un éventuel partage des terres avec son frère Albert n’explique pas une telle évolution parce que ce dernier s’acquitte d’impôts constants depuis le milieu des années 1830, égaux à un peu plus de 300 francs. Par conséquent, la position relative de Paul de Dieuleveult se fragilise quelque peu : il se situe au cinquième rang dans le canton de Tréguier et à la dix-huitième place dans l’arrondissement de Lannion. À Tréguier, en 1843, le propriétaire Le Borgne (124 531 francs), le maire, conseiller général et négociant Illiac aîné (178 658 francs), le négociant Ozou (133 509 francs) ainsi que le propriétaire Roquefeuil (124 622 francs) le devancent du point de vue de l’impôt versé[24]. Cette situation perdure en 1848, dernière année du régime censitaire de la monarchie de Juillet : avec 91 797 francs versés, le futur député arrive à la sixième position dans le canton de Tréguier et au dix-neuvième rang dans l’arrondissement de Lannion[25]. Jusqu’aux derniers jours de la monarchie de Juillet, Paul de Dieuleveult possède néanmoins une assise sociale privilégiée.
À cette position sociale avantageuse se superpose une influence maintenue de son courant politique. Le légitimisme conserve une certaine audience dans les campagnes en dépit des efforts déployés par les autorités en place. Malgré « l’émigration de l’intérieur », le rejet de l’insurrection armée aboutit à « la définition d’une nouvelle stratégie » fondée sur « la participation aux élections ». Des légitimistes en arrivent même à « avoir le sens de la manœuvre électorale » (Denis et Geslin, 2003 : 70-80) comme à Lannion en 1847 où F. de Caradec, partisan du comte de Chambord, ancien député de la Restauration et châtelain à Bukulien, se retire du second tour pour faciliter l’élection du républicain, Hippolyte Tassel, notaire rural et propriétaire aisé de Louannec, au détriment du libéral Jules Simon. Dans les dernières années de la monarchie de Juillet, Paul de Dieuleveult s’engage à nouveau de manière active dans la vie de sa ville : en janvier 1845, il n’obtient qu’un résultat insignifiant (deux voix) lors de sa tentative de rentrer au Conseil municipal[26] ; le 4 février 1848, par contre, il effectue son entrée dans l’hospice de Tréguier[27]. À la chute de la monarchie de Juillet, sa situation privilégiée le place au premier plan pour l’exercice des charges publiques municipales et cantonales. Il devient maire de Tréguier le 9 août 1848 et exerce sa fonction pendant dix mois avant d’accéder à la représentation nationale.
À la suite des élections législatives de mai 1849, cinq candidats légitimistes, dont Paul de Dieuleveult, sont élus députés dans les Côtes-du-Nord. Ils appartiennent à la liste présentée par le journal La Bretagne, partisan du parti de l’Ordre. Cette liste est issue d’une fusion effectuée avec celle de la publication légitimiste La Foi bretonne après une réunion qui s’est tenue à Saint-Brieuc le 2 mai. Tous ses membres ont été élus et ont obtenu une moyenne de 61 000 voix. Paul de Dieuleveult se place en septième position avec 67 968 voix.
Le député Paul de Dieuleveult
La correspondance entre Paul de Dieuleveult et son frère Albert (De Dieuleveult et Stefanelly, 1999) témoigne de convictions légitimistes particulièrement affirmées tout au long des deux années et demie de son mandat parlementaire et qui s’expriment aux échelles nationale, mais aussi locale.
Il s’évertue localement à préserver un unanimisme communautaire. Le travail quotidien de Paul de Dieuleveult, député légitimiste de base, manifeste ses racines provinciales et la prééminence de son rôle local. Il apparaît comme le relais privilégié des revendications du canton de Tréguier, voire du département des Côtes-du-Nord. « Le notable se doit de jouer le rôle de médiateur entre les ambitions individuelles ou familiales locales. Il doit éviter la remise en cause des structures sociales établies en éclairant l’État sur les talents et les vertus de ces moyennes et petites élites que, lui, connaît et protège. » Ses lettres rendent compte des multiples démarches et déplacements qu’il est contraint d’effectuer tout au long de son mandat parlementaire et qui lui prennent beaucoup de temps afin de favoriser « une mobilité interne » (Le Bozec, 1995). Il s’agit de « défendre la Bretagne à Paris » et de ne pas « se cantonner à des questions de portée nationale en refusant d’avantager ceux qui [lui] ont donné leurs voix » (Verdier, 2003 : 38). La satisfaction des revendications individuelles de ses électeurs représente l’une de ses occupations majeures. Il pèse de toute son influence de parlementaire auprès du grand chancelier pour tenter d’obtenir les dossiers indispensables pour que la Légion d’honneur soit octroyée à deux anciens gendarmes, Martin et Beaumont. Il revient cinq fois sur une telle affaire, dont il suit l’évolution tout au long de 1850. Le député légitimiste entend également défendre les intérêts locaux collectifs. Il porte sur ses épaules tous les espoirs et les revendications de la communauté à laquelle il appartient. Paul intervient à de nombreuses reprises de manière à favoriser des choix qu’il juge souhaitables pour l’ensemble de ses concitoyens. Travaillant en bonne intelligence avec le préfet qui semble partagé l’aspiration légitimiste dominante des Côtes-du-Nord, il se bat avec tous les représentants départementaux dans l’intention d’empêcher son renvoi par le Président de la République. Il contribue à la réussite de cette entreprise en signant une demande à Louis Napoléon Bonaparte. L’emploi du pronom personnel « nous » dans sa lettre du 22 novembre 1849 indique parfaitement qu’en dépit de son absence lors de l’entrevue décisive avec le président, Paul s’est impliqué dans cette affaire. Il vise à profiter de sa situation de parlementaire et de sa proximité des ministères de l’Instruction publique et des Cultes et de l’Intérieur, afin que les demandes d’équipements divers pour l’ouvroir et la salle d’asile soient satisfaites. Il s’y réfère dans ses écrits du 8 avril, du 26 juin et du 7 août 1850, dans lesquels il fait le point sur la situation de la demande et sur ses rendez-vous avec les ministres concernés. Il entretient un réseau de relations locales et s’évertue à défendre les intérêts locaux pour conserver la cohésion de la communauté qui l’a porté aux responsabilités politiques. Bien qu’éloigné, il garde une influence prééminente sur le canton, voire le département, et tente de la développer. Sa fonction de député lui permet d’élever son rang. Soucieux de se trouver à la pointe de la modernisation des campagnes et de jouer pleinement son rôle de notable, Paul de Dieuleveult se préoccupe de l’introduction des nouvelles techniques agricoles dans les campagnes autour de Tréguier. Son entretien dans la capitale avec un spécialiste atteste de son désir réel de moderniser le milieu rural (De Dieuleveult et Stefanelly, 1999). Il s’attache à noyauter les associations agricoles, comme les comices, véritables agents de développement de l’influence légitimiste. Il encourage de Paris et soutient la pénétration par ses amis politiques de ces groupements de cultivateurs. En plein été 1850, Paul fait part de sa satisfaction de constater que l’un des postes clefs du comice agricole de Tréguier, celui de secrétaire, est dorénavant occupé par un légitimiste (De Dieuleveult et Stefanelly, 1999). Il entend être à la pointe du progrès agricole dans les campagnes bretonnes et évoque les démarches novatrices développées sous l’égide du ministère du Commerce en relatant, en janvier 1851, l’expédition d’échantillons de lin obtenus grâce aux méthodes les plus avancées :
« Dis à Louis et à monsieur Guichet que monsieur Moreau fait envoyer à un grand nombre de comices agricoles, il a compris celui de Tréguier, par l’intermédiaire du ministre du Commerce et, au nom de ce dernier, des échantillons de lins préparés d’après les procédés les plus nouveaux : il a dû mettre ma note par la presse. Le comice devra partager avec le bureau de La Providence. Ainsi, dans quelques semaines, on recevra ces échantillons, chacun porte une note bonne à lire. » (De Dieuleveult et Stefanelly, 1999 : 269-270)
Au-delà du seul secteur agricole, il s’applique à apporter sa contribution financière à une association de bienfaisance appelée La Providence, qui constitue un agent de prestige essentiel. E. Mension-Rigau a bien montré l’importance du dévouement charitable dans l’éthique nobiliaire (Mension-Rigau, 1994). À la fin 1849, Paul informe Albert de son projet « d’envoyer à La Providence 600 francs cet hiver » (De Dieuleveult et Stefanelly, 1999 : 217-218). Une année plus tard, son propos ne diffère guère :
« Pour ce qui est de mon abonnement à La Providence, tu as bien fait de répondre comme tu l’as fait à Sagazan : je ne savais pas n’avoir pas payé l’année dernière : tu es plus à même que moi de juger ce qu’il faut faire. Lorsque tu auras de l’argent, donne tout ce que tu pourras donner, mais fais-le avec discernement. Si on ne fait pas de travaux publics, tu pourras alors donner à La Providence. » (De Dieuleveult et Stefanelly, 1999 : 259-261)
Il cherche à affermir son influence et son prestige en se reposant sur les représentants du clergé, piliers traditionnels de la société bretonne du milieu du XIXe siècle. Il appuie l’Église avec générosité et octroie une contribution financière notable aux prêtres du canton de Tréguier et des communes environnantes en décembre 1849 pour souligner le maintien indéfectible de son implication dans la vie locale (De Dieuleveult et Stefanelly, 1999). Il profite de son installation provisoire dans la capitale pour amplifier cette osmose avec les structures religieuses traditionnelles. Les achats qu’il effectue en décembre 1850 sont destinés aux Sœurs de la Croix, communauté installée à Tréguier depuis le 29 mars 1667 (De Dieuleveult et Stefanelly, 1999). Enfin, il s’investit financièrement par des dons à la diffusion de La Foi bretonne, publication catholique et légitimiste, fondée le 8 septembre 1848 par Thibault de La Guichardière, qui paraît dans les Côtes-du-Nord trois fois par semaine. En avril 1850, il manifeste son mécontentement à son frère qui a omis de régler une somme due au journal (De Dieuleveult et Stefanelly, 1999).
D’un point de vue national, sa foi en la réussite prochaine de ses aspirations politiques ne se dément à aucun moment. Son légitimisme d’ordre, en phase avec le contexte réactionnaire de 1849, s’intègre dans les options d’un parti de l’Ordre dont il est un membre résolu. Il ressent une profonde aversion à l’encontre des Montagnards qu’il semble les assimiler à des criminels. Il perçoit en eux de perpétuels fauteurs de troubles qui risquent de remettre en cause le droit le plus élémentaire de la propriété et n’ont rien de commun avec lui. Il dénonce leur démagogie, leurs « cris ou plutôt [leurs] rugissements » et ajoute qu’« il faut en être témoin pour le comprendre » (De Dieuleveult et Stefanelly, 1999 : 198-199). Paul de Dieuleveult et ses amis politiques poursuivent leur œuvre de « répression » (Agulhon, 1992 : 160) dès les premières séances de la Législative. Ils votent, le 19 juin 1849, la suspension de la liberté de la presse en cas d’état de siège par 351 voix contre seulement 154. Représentant légitimiste de base déçu, il est à la fois le témoin et l’acteur impuissant de la déliquescence d’une majorité conservatrice victime de ses divisions à partir de 1850. Il assiste à l’effacement politique du mouvement légitimiste après le coup d’État du 2 décembre 1852 et la victoire des bonapartistes. Le texte laconique et pathétique que Paul de Dieuleveult rédige, le 2 décembre depuis la mairie du Xe arrondissement, dans un climat particulièrement agité, rend pourtant compte de l’impuissance des détenteurs du pouvoir législatif, éparpillés, face au coup de force dont ils sont les principales victimes. Le rapport de force n’est plus de leur côté. Malgré les rumeurs insistantes du risque très prochain d’un acte illégal perpétré par le Président de la République, une certaine surprise transparaît en raison de la soudaineté de l’événement. Les députés légitimistes avaient pris l’habitude de vivre sous la menace constante de l’exécutif avant d’être placés devant le fait accompli (De Dieuleveult et Stefanelly, 1999).
Le profil de Paul de Dieuleveult est comparable à celui de la quasi-totalité de ses collègues de l’Ouest. D’un point de vue géographique, l’Ouest correspond aux départements des Côtes-du-Nord, des Deux-Sèvres, du Finistère, de l’Ille-et-Vilaine, de la Loire-Inférieure, du Maine-et-Loire, de la Mayenne, du Morbihan, de la Sarthe et de la Vendée. Le légitimisme y est particulièrement implanté et y a un nombre élevé d’élus (Jardin et Tudesq, 1974 : 91). Sur les cent-trente-trois députés qui affichent clairement des convictions favorables à la branche aînée des Bourbons, 64 d’entre eux, dont Paul de Dieuleveult, sont élus dans un département de l’Ouest. Près de 70 % appartiennent à une famille noble. Par exemple, le père du comte de Kératry (1769-1859), président lors de la séance d’ouverture en tant que doyen, a présidé la noblesse aux États de Bretagne. Parfois, les titres de noblesse sont récents : le père du comte de Falloux (1811-1886) est un riche commerçant qui reçoit en 1825 le titre de vicomte pour services rendus à la cause des Bourbons. Parmi eux, tous ont une activité qui leur permet de faire fructifier l’héritage familial auprès de leurs contemporains et de se faire élire. Aristide de Grandville (1791-1853), élu de Loire-Inférieure, est propriétaire. Le vicomte Charles Dambray (1785-1868), député de Mayenne, a occupé une fonction de magistrat. Henri de Riancey (1816-1870), député de la Sarthe, a été avocat. Louis de Cuverville (1802-1893), député des Côtes-du-Nord, a été un militaire. Le marquis Charles de Tinguy (1813-1881), député de Vendée, a travaillé dans le domaine journalistique. Léon de Lescours (1803-1868), député des Deux-Sèvres, a une profession en lien avec l’économie, d’autres comme Henri de Lespinay (1808-1878), député de Vendée, avec la religion.
Néanmoins, près de 30 % de ces représentants légitimistes de l’Ouest n’ont pas d’origine noble et doivent leur ascension politique à leur propre parcours. Ils se sont distingués grâce à leurs capacités. Hyacinthe Dahirel (1804-1875), député du Morbihan, s’est investi dans le domaine du droit. Théodore Mareau (1807-1873), député de Vendée, a travaillé dans l’industrie cotonnière. Alfred Nettement (1805-1869), député du Morbihan, est un journaliste à la tête de l’un des quotidiens légitimistes nationaux les plus influents, l’Opinion Publique. Pierre Chauvin (1806-1867), député de Loire-Inférieure, est un médecin et Georges Monnier (1796-1851), député du Morbihan, est enseignant.
Bien qu’ils constituent une composante essentielle chez les représentants légitimistes élus en mai 1849 à l’instar d’un Paul de Dieuleveult, les antécédents familiaux ne sont donc pas toujours déterminants et la dimension personnelle est un critère à prendre en compte (Locke, 1974).
Représentant légitimiste sous la Seconde République (1848-1852), Paul de Dieuleveult (1799-1867) incarne le notable traditionnel de l’Ouest au milieu du XIXe siècle. Sa position sociale privilégiée marque l’aboutissement d’une ascension sociale débutée par son père, François-Marie, à Tréguier dans les Côtes-du-Nord.
François-Marie s’élève socialement grâce à ses activités médicales, à ses deux mariages successifs, à son obtention du titre de noble en 1816 et à l’exercice de responsabilités locales sous la Restauration. Paul s’inscrit dans la lignée de son père et en touche les dividendes. Il dispose de biens matériels et fonciers considérables. Son mariage lui permet de compléter les alliances avec les familles marquantes de la région. Il hérite aussi du caractère et des aspirations de sa mère sensible aux attributs de la notabilité. Son entrée en politique dans les dernières années de la Restauration concrétise l’engagement légitimiste et lui donne l'occasion d’afficher des convictions plus affirmées. La monarchie de Juillet marque une rupture politique, mais ne remet pas en cause une assise sociale qui favorise son retour au premier plan de la vie politique locale en 1848 et son accession à la députation.
Beaucoup de ses collègues légitimistes présentent un profil familial comparable, en particulier dans l’ouest, principal foyer du légitimisme. Néanmoins, certains membres de son courant politique ont des antécédents familiaux moins marqués, mais ont émergé socialement grâce à leurs capacités. Le social backgroud (Locke, 1974) n’est pas le seul facteur explicatif d’un engagement légitimiste, même si le légitimisme demeure un mouvement politique fortement marqué par les antécédents familiaux.
Parmi les députés qui siègent à gauche après les élections de mai 1849, beaucoup ne s’inscrivent pas dans un héritage familial et exercent une profession en lien avec le droit, la médecine, mènent une carrière militaire, sont soit industriel, soit journaliste ou enseignant. Quelques-uns sont de conditions modestes à l’instar d’un Pierre Joigneaux, issu d’une famille de paysans de la région de Beaune, ou d’un Jean Greppo et d’un Joseph Benoît, tous deux canuts et également nés dans des familles paysannes.
Chez les représentants de la droite non légitimiste, bonapartistes ou orléanistes, les professions qualifiées sont également dominantes, mais l’héritage familial est plus présent.
Appendices
Notes
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[1]
Archives départementales des Côtes-d’Armor. 1815. Tableau des propriétaires du département payant 1 000 francs et plus de contributions.
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[2]
Archives départementales des Côtes-d’Armor. 1815. Liste des 600 et des 550 plus imposés du département.
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[3]
Archives départementales des Côtes-d’Armor. An IX. Liste des notables des Côtes-du-Nord élus pour faire partie de la liste de notabilité nationale pour les élections de l’an IX.
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[4]
Archives départementales des Côtes-d’Armor. An IX. Liste des notables communaux de l’arrondissement de Lannion pour les élections de l’an IX.
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[5]
Archives départementales des Côtes-d’Armor. An XII. Procès-verbal et correspondance des assemblées cantonales.
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[6]
Archives départementales des Côtes-d’Armor. An XII. Prestation de serment d’obéissance aux constitutions de l’Empire et de fidélité à l’Empereur.
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[7]
Archives départementales des Côtes-d’Armor. Tableau des fonctionnaires, des familles les plus marquantes, des plus riches héritiers et des notables (1807-1811).
-
[8]
Archives départementales des Côtes-d’Armor. 1811. Tableau des fonctionnaires, des familles les plus marquantes, des plus riches héritiers et des notables, février.
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[9]
Archives départementales des Côtes-d’Armor. 1815. Lettre de François Marie Dieuleveult, 12 mai.
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[10]
Archives départementales des Côtes-d’Armor. 1816. État des fonctionnaires de l’arrondissement de Lannion pour l’année 1816 avec notes individuelles et curieuses, de la main et de l’orthographe de M. Duplessis, sous-préfet et chevalier de l’ordre royal et militaire de Saint-Louis.
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[11]
Archives départementales des Côtes-d’Armor. 1815. État des souscriptions et comptabilité pour le rétablissement de la statue d’Henri IV.
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[12]
Archives départementales des Côtes-d’Armor. 1817. Lettre du maire de Tréguier comprenant la liste des propriétaires de la ville susceptibles d’être compris dans la classe des électeurs, 15 juillet.
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[13]
Archives départementales des Côtes-d’Armor. 1815. Lettre ministérielle, 25 octobre.
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[14]
Archives départementales des Côtes-d’Armor. 1816. Lettre du pr éfet des Côtes-du-Nord, 2 septembre.
-
[15]
Archives départementales des Côtes-d’Armor. 1821. Inventaire apr ès décès, réalisé chez madame de Dieuleveult à la mort de son mari, 20-28 septembre.
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[16]
Archives municipales. 1877. Plan cadastral de Tr éguier.
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[17]
Archives départementales des Côtes-d’Armor. 1829. Liste générale du jury (collège du quatrième arrondissement électoral des Côtes-du-Nord).
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[18]
Archives municipales. 1829. Extrait du registre des délibérations du Conseil municipal de Tréguier, 25 mai.
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[19]
Archives départementales des Côtes-d’Armor. 1825. Première liste de souscripteurs pour le monument de Quiberon.
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[20]
Archives départementales des Côtes-d’Armor. 1831. Liste générale du jury (collège du quatrième arrondissement électoral des Côtes-du-Nord).
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[21]
Archives départementales des Côtes-d’Armor. 1832. Liste générale du jury (collège du quatrième arrondissement électoral des Côtes-du-Nord).
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Archives départementales des Côtes-d’ArmorListe générale du jury de 1835, 1836, 1837, 1838 et 1839 (collège du cinquième arrondissement électoral des Côtes-du-Nord).
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Archives départementales des Côtes-d’Armor. 1841. Liste générale du jury (collège du quatrième arrondissement électoral des Côtes-du-Nord).
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Archives départementales des Côtes-d’Armor. 1843. Liste générale du jury (collège du quatrième arrondissement électoral des Côtes-du-Nord).
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[25]
Archives départementales des Côtes-d’Armor. 1848. Liste générale du jury (collège du quatrième arrondissement électoral des Côtes-du-Nord).
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[26]
Archives départementales des Côtes-d’Armor. 1845. Procès-verbal de l’élection du Conseil municipal de Tréguier, 27 janvier.
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[27]
Archives départementales des Côtes-d’Armor. 1846. Lettre de l’hospice de Tréguier, 4 février.
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- Archives départementales des Côtes-d’Armor. 1829. Liste générale du jury (collège du quatrième arrondissement électoral des Côtes-du-Nord) .
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- Archives départementales des Côtes-d’Armor. 1835-1839. Liste générale du jury (collège du cinquième arrondissement électoral des Côtes-du-Nord) .
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- Archives départementales des Côtes-d’Armor. 1843. Liste générale du jury (collège du quatrième arrondissement électoral des Côtes-du-Nord) .
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