Comptes rendus : Études stratégiques et sécurité

Les armes biologiques.Binder, Patrice et Olivier Lepick. Coll. Que sais-je ?, Paris, Presses Universitaires de France, 2001, 125 p.[Record]

  • Bertrand Lang

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  • Bertrand Lang
    Université René Descartes, Paris V

Cet ouvrage, écrit par deux auteurs, dont un médecin militaire, a toutes les propriétés des livres publiés dans la collection encyclopédique « Que sais-je? ». Ainsi, le lecteur trouvera, sous une forme précise et concise, l’essentiel des informations techniques relatives aux armes biologiques. Cet aspect technique regroupe quatre rubriques. En premier lieu, après avoir défini les armes biologiques comme étant l’emploi, à des fins militaires, de micro-organismes ou de toxines produits par ceux-ci, les auteurs établissent une liste de substances biologiques qui pourraient être utilisées à des fins de violence armée. On comprend aisément qu’il ne s’agit pas de n’importe quel germe pouvant avoir un effet pathogène sur l’homme. En effet, dans le cadre d’une logique militaire, il importe de sélectionner les agents en fonction d’un ensemble de critères : toxicité bien sûr, mais aussi, contagiosité, facilité de production et de stockage, existence de thérapeutiques... Une arme se définit comme étant un outil ayant pour fonction de faire fléchir la volonté de l’adversaire ; et ce, par neutralisation ou destruction de ses forces. Aussi, certains agents biologiques, compte tenu de certaines de leurs propriétés, peuvent générer des effets sur un adversaire, rendant concevables de les utiliser comme armes. En deuxième lieu, l’ouvrage présente l’historique de l’emploi d’agents pathogènes à des fins militaires. Ce principe est très ancien. Les travaux d’historiens nous apprennent que cette pratique a eu cours dès l’Antiquité. Il s’agissait alors, en particulier, d’atteindre les forces de l’adversaire en souillant ses points d’approvisionnement en eau. Naturellement, l’ouvrage se concentre sur une période plus récente. Ainsi, apprenons-nous que, durant la Première Guerre mondiale, les armées françaises et allemandes ont fait usage de toxines. Entre 1932 et 1945, ce sont les Japonais qui ont fait un effort important dans ce domaine. Après la Seconde Guerre mondiale, les programmes de mise au point d’armes biologiques ont été principalement le fait des Britanniques, des Américains et des Soviétiques. Pour la période actuelle, si les armements biologiques semblent intéresser quelque onze États, ce sont les cas de la Russie et de l’Irak que les auteurs présentent plus en détail. En troisième lieu, l’ouvrage se consacre à l’exposé des réponses de nature médicale à apporter à cette menace. Il s’agit à la fois de procédés thérapeutiques, prophylactique, voire d’alerte. Enfin, en quatrième lieu, l’ouvrage aborde la question du désarmement biologique, tout particulièrement à partir de la Convention d’interdiction des armes biologiques de 1972. La question du contrôle est succinctement et clairement présentée. La qualité de l’exposé de ces quatre aspects techniques démontre, sans conteste, la maîtrise de ces questions par les deux auteurs. Malheureusement force est de constater que l’aspect politique de la problématique des armes biologiques est abordé de manière trop simpliste. Plus encore, certains enjeux de cette question sont tout simplement ignorés. Pour la défense de nos auteurs nous rappellerons, cependant, que la collection « Que sais-je ? » impose des exigences très strictes en matière de rédaction et que les aspects les plus techniques de la question ont été privilégiés. Il importe donc, de la part du lecteur, de poursuivre par lui-même l’analyse de la question des armes biologiques. L’aspect politique de ce type d’armement doit être abordé en considération de sa dimension opérationnelle. Une arme doit être jaugée à partir d’un critère de rentabilité ; plutôt qu’à partir d’un critère d’efficacité. En effet, l’efficacité peut être considérée comme une mesure absolue de l’effet de neutralisation ou de destruction. À la différence du critère de rentabilité qui est une valeur relative tirée d’un ratio entre effets opérationnels et caractéristiques du système d’armes en question. C’est ainsi qu’il importe de mesurer les …