Comptes rendus : Économie internationale

The Structural Foundations of International Finance. Problems of Growth and Stability.Padoan, Pier Carlo, Paul A. Brenton et Gavin Boyd (dir.). Northampton, ma, Edward Elgar Publishing, 2003, 256 p.[Record]

  • Emmanuel Nyahoho

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  • Emmanuel Nyahoho
    École nationale d’administration publique
    Université du Québec, Montréal

Dans la mesure où le processus d’intégration des économies s’est en même temps accompagné de crises et de scandales financiers, ce volume apporte un éclairage nouveau sur les relations complexes entre les marchés financiers et les activités de production de biens et services et propose une nouvelle architecture financière. En effet, depuis au moins la fin des années 1990, on semble percevoir que le marché financier peut non seulement être emporté par son enthousiasme, mais peut également introduire des bulles spéculatives susceptibles de miner la confiance des investisseurs. Les activités frauduleuses de certaines institutions, trouvant leur forme spectaculaire dans l’affaire Enron ne manquent pas non plus de semer de vives inquiétudes. C’est précisément ce contexte qui a présidé à la tenue d’une conférence à l’Université Saint Mary d’Halifax en mai 2002 afin d’examiner les défis posés par la globalisation financière. Cet ouvrage collectif est un recueil des communications présentées à cette conférence et réunit 11 articles écrits par des chercheurs universitaires et des économistes du fmi et de la Banque mondiale. Le premier chapitre, rédigé par Gavin Boyd, d’ordre conceptuel, vise à mieux comprendre la relation entre la structure économique et la finance. L’auteur y traite surtout des facteurs financiers de déstabilisation économique, dont l’inefficacité du marché libre ainsi que des mesures gouvernementales de contrôle. Le deuxième chapitre, écrit par Pier Carlo Padoan (directeur exécutif au fmi), ressort un peu plus articulé et offre une perspective intéressante autant sur les crises financières des années 1990 que sur les implications de conception d’une nouvelle architecture financière. De fait, l’auteur souligne certaines particularités des crises financières des années 1990 conséquentes à la vague de libéralisation des marchés financiers. Premièrement, comme le démontrent les affaires Enron, Xerox et Worldcom, les sources de ces crises s’expliquent par l’absence de transparence, des normes comptables inadéquates et une réglementation inefficace. Deuxièmement, le mécanisme de transmission internationale des chocs est plus complexe, mais prend toujours la direction des États-Unis vers l’Union européenne. Enfin, les déséquilibres commerciaux entre les pays industrialisés restent insensibles aux fluctuations des devises. Il en découle des considérations de politiques, à savoir : « Experience has shown in many cases too late, that capital account liberalization in order to deliver the benefits of increased access to financial markets, must be carried out according to appropriate timing and sequencing, especially when other sectors of the economy, particularly those related to trades and manufacturing, are still to be liberalized ». Plus précisément, la nouvelle architecture financière demande une collaboration étroite entre les gouvernements, les institutions financières internationales et les acteurs de marchés afin de préserver la croissance macroéconomique tout en minimisant les coûts de l’instabilité financière. Sur ce sujet de « coordination de politiques », Padoan est encore plus précis par rapport à la littérature habituelle, puisqu’il fournit cinq critères requis dans les circonstances, à savoir : 1) économique (ouverture des marchés) ; 2) meilleure pratique ou réformes d’ajustement structurel appropriées ; 3) contrôle sur les résultats, c’est-à-dire la capacité d’obtenir les résultats désirés ; 4) incitatifs aux Décideurs de politiques pour prendre des actions appropriées ; 5) leadership pour soutenir l’action concertée des gouvernements. Enfin, l’auteur fait une analyse comparative intéressante sur l’approche de régulation macroéconomique des États-Unis, de l’Union européenne du Japon et, eu égard à ces critères précités. Le troisième chapitre écrit par Alain Verbeke, offre une perspective de ce qu’il dénonce par « variétés du capitalisme » (varieties of capitalism), c’est-à-dire les institutions nationales formelles ou informelles tels la gouvernance, le système d’éducation et de formation, les relations industrielles, les relations interfirmes (clients et fournisseurs) et intrafirmes (gestion des …