Comptes rendus

Histoire et diplomatie : International Relations. From the Cold War to the Globalized World.Wenger, Andreas et Doron Zimmermann. Boulder, co, Lynne Rienner Publishers, 2003, 403 p.[Record]

  • Thomas Juneau

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  • Thomas Juneau
    Ministère de la Défense nationale
    Gouvernement du Canada, Ottawa

Au cours des dernières années, de nombreux livres ont été publiés relatant l’évolution du système international de 1945 à nos jours, analysant ou décrivant le déroulement et la fin de la guerre froide, les incertitudes des années 1990, puis les permanences et les bouleversements du monde post 11 septembre. Certaines de ces publications insistent davantage sur une description factuelle des événements, alors que d’autres adoptent une approche plus théorique. L’ouvrage que nous proposent Andreas Wenger et Doron Zimmermann, tous deux de l’eth Zurich, offre une description principalement chronologique de l’évolution des relations internationales depuis 1945. Cependant, à leur description des événements, les auteurs superposent systématiquement de brèves explications conceptuelles intégrées aux chapitres, ainsi que des glossaires de concepts clés à la fin de chaque chapitre et en fin d’ouvrage, dans le but d’initier le lecteur surtout à l’histoire mais également à la théorie des relations internationales. Après une brève mise en contexte historique et conceptuelle, le second chapitre traite de la première phase de la guerre froide, de 1945 à 1955. D’entrée de jeu, Wenger et Zimmermann réussissent à atteindre un équilibre entre une description factuelle et chronologique et de nombreuses explications conceptuelles. Par exemple, après avoir exposé la phase d’ossification de la guerre froide (1945-1947), les auteurs analysent la phase de la formation des blocs (1947-1949). Ils débutent par une explication de la stratégie d’endiguement, analysent les facteurs qui ont mené à la mise sur pied du Plan Marshall, puis passent à une description des premiers événements annonciateurs de la formation des blocs, en s’attardant sur le blocus de Berlin. La section suivante, qui traite de la globalisation de la guerre froide (1949-1955), illustre bien une autre qualité de l’ouvrage, sa capacité à ne pas confiner géographiquement au continent européen la confrontation entre Est et Ouest. Les auteurs consacrent en effet une portion substantielle de leur analyse à des événements tels la guerre civile en Chine ou les débuts de la décolonisation en Asie et réussissent à expliquer au lecteur les liens entre ces événements dans le tiers-monde et la confrontation naissante en Europe. Le troisième chapitre (1955-1963) débute par une analyse des tensions croissantes au sein des blocs, en insistant sur leur hétérogénéité et sur les divergences naissantes, une fois la poussière des années d’après-guerre retombée. Tout comme dans le chapitre précédent, les auteurs discutent ensuite de la mondialisation de la guerre froide, et utilisent le cas des crises de Taiwan pour démontrer non seulement la bipolarité désormais solidement ancrée au sein du système international, mais également les premiers balbutiements du schisme sino-soviétique. Les incidents du détroit de Taiwan permettent de plus aux auteurs d’évoquer la contradiction fondamentale entre l’idéalisme et l’anti-impérialisme historiques de la politique étrangère américaine, d’une part, et les exigences du monde bipolaire, d’autre part. Ce paradoxe sera un thème récurrent de l’ouvrage de Wenger et Zimmermann, notamment repris lors des discussions de la stratégie de Washington en Amérique latine. Le quatrième chapitre propose ensuite trois relectures des événements de la période de 1963 à 1968, des points de vue de l’Ouest, de l’Est, puis du Sud. Les auteurs s’attardent particulièrement sur les premières années de la guerre du Vietnam et sur ses conséquences géopolitiques, ainsi que sur les dernières phases de la décolonisation et sur l’impact du mouvement des pays non-alignés. Une courte section sur la difficulté de gérer les alliances pour les deux superpuissances conclut ensuite en affirmant que si la crise de confiance grandissante au sein du bloc occidental aura été en partie résolue par certaines réformes, au sein de l’otan notamment, les tensions croissantes au sein du bloc socialiste …