Comptes rendus

Histoire et diplomatie : Canadian Policy toward Khrushchev’s Soviet Union.Glazov, Jamie. Montréal, McGill-Queen’s University Press, 2002, 264 p.[Record]

  • Julie Breton

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  • Julie Breton
    Programme Paix et sécurité internationales
    hei, Université Laval, Québec

L’arrivée de Mikhaïl Gorbatchev en 1985 au poste de secrétaire général du parti communiste d’Union soviétique marque un tournant dans l’évolution de la guerre froide. En effet, Gorbatchev introduira deux types de réformes qualifiées par les termes de glasnost (transparence) et de perestroïka (restructuration). En quelques années à peine, ces deux termes deviendront le symbole d’abord, de la chute des régimes communistes des pays est européens (où Gorbatchev refusera de mettre en application la doctrine Brejnev) puis de l’urss. Les années Gorbatchev, les causes et les conséquences de la fin de l’ère bipolaire et les relations soviéto-américaines tout au long de la guerre froide ont été largement documentées et analysées. Bien que les États-Unis aient été le leader des pays du monde libre, d’autres pays, par le biais de leur politique étrangère, ont joué un rôle important dans l’évolution de la guerre froide, notamment le Canada, qualifié de puissance moyenne. Canadian Policy toward Khrushchev’s Soviet Union avance pour hypothèse que la démocratisation amorcée par Gorbatchev tient ses racines de la déstalinisation de Nikita Khroutchev, représentant le second cycle de réforme soviétique. L’originalité de l’ouvrage Canadian Policy toward Khrushchev’s Soviet Union de Jamie Glazov réside, comme son titre l’indique, dans l’analyse historique de la diplomatie canadienne à l’égard de l’Union soviétique à l’époque du leadership de Nikita Khroutchev. Étant l’un des premiers ouvrages à traiter de la politique étrangère canadienne à l’époque des gouvernements St-Laurent et Diefenbaker, ce travail, tiré de la thèse de doctorat de l’auteur comble une lacune importante dans l’étude historique et politique de la diplomatie canadienne. L’ouvrage utilise donc une méthode comparative entre les politiques étrangères des gouvernements St-Laurent et Diefenbaker en parallèle avec la politique étrangère américaine. Son premier chapitre porte sur la politique étrangère du Canada envers l’urss de la révolution bolchevique de 1917 à la mort de Staline en 1953, période où la politique étrangère du Canada est largement influencée par la diplomatie britannique. Ce chapitre vise principalement à mettre les lecteurs en contexte avec le sujet principal de l’ouvrage soit la diplomatie canadienne face à l’Union soviétique de 1953 à 1963 et les principaux événements ayant jalonné le parcours de ce pays entre 1917 et 1953. L’auteur présente, dans les chapitres deux et trois, la politique étrangère canadienne connue sous la dénomination containment with accomodation. Celle-ci fut introduite par le gouvernement de Louis St-Laurent à la mort de Staline en 1953 sous la direction de Lester B. Pearson, ministre des Affaires extérieures du Canada. L’auteur explique de façon claire la signification de la démarche containment with accomodation en insérant à ses explications de nombreux exemples et une comparaison avec la politique américaine de containment. En effet, l’auteur souligne la différence majeure entre les politiques étrangères canadienne et américaine résidant dans l’accent mis par le Canada sur la communication. Jamie Glazov explique que la diplomatie du containment with accomodation visait à profiter de toutes les occasions possibles pour engager le dialogue avec l’urss et ses satellites et les mettre en contact avec la démocratie tout en demeurant vigilante face aux tentatives de l’urss d’élargir son influence, principalement dans les pays du Tiers-monde. Paradoxalement et ironiquement, les politiques étrangères canadienne et soviétique avaient un but semblable : tenter de diviser le bloc ennemi ou du moins, miner sa cohésion. En effet, la déstalinisation orchestrée par Nikita Khroutchev visait à convaincre le camp occidental (principalement le Canada) de sa bonne volonté et ainsi l’éloigner des États-Unis. En guise de conclusion pour cette époque, Jamie Glazov qualifie la politique étrangère canadienne du gouvernement St-Laurent envers l’Union soviétique de Khroutchev comme …