Comptes rendus

Mondialisation et transnationalisme : Démocratie et gouvernance mondiale. Quelles régulations pour le 21e siècle ?Milani, Carlos, Carlos Arturi et Germán Solinís (dir.). Paris, Éditions unesco/Karthala, 2003, 304 p.[Record]

  • Saïd Hamdouni

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  • Saïd Hamdouni
    Université de Toulouse 1
    Toulouse, France

Cet ouvrage fait partie des publications de l’unesco dans le cadre de son programme « Gestion des transformations sociales ». Il porte sur les mutations substantielles que connaissent les sociétés nationale et internationale. Plus précisément, cet ouvrage aborde les conséquences de la mondialisation sur les collectivités infra-étatiques et sensibilise les acteurs de la société civile à la gestion démocratique de l’espace mondial. La question de la gouvernance mondiale est traitée à partir d’une réflexion sur les nouveaux mécanismes susceptibles d’assurer une meilleure participation des citoyens à la gestion de l’espace quelle que soit sa dimension, locale, nationale, régionale ou mondiale. De là, émergent dix contributions articulées en trois parties. La première partie concerne le triptyque développement, démocratie et pouvoir politique. L’article de Guy Hermet met en garde contre le discours professé par certaines organisations internationales, ténors de la mondialisation, sur l’inadaptation de l’État à la régulation de l’espace mondial. La tendance actuelle présente les nouveaux acteurs (ong, organisations internationales, sociétés transnationales...) comme des opérateurs fiables et adaptés à l’exercice des fonctions nationales et internationales. L’État est assimilé dans le cadre de ce discours comme un acteur définitivement handicapé et rétrograde. L’auteur revalorise l’État dans son rôle d’acteur incontournable dans la gestion des affaires et dans la mise en oeuvre du processus de gouvernance. Dans le prolongement de cette idée, intervient la contribution de Ali Kazancigil. Ce dernier relativise la thèse selon laquelle la mondialisation n’est soumise à aucun contrôle. Certes, sur le plan social et démocratique, la mondialisation échappe à toute réglementation ; ce qui n’est pas le cas dans les domaines du commerce et des finances. L’omc, la bm, le fmi... s’érigent dans leur univers respectif comme les autorités de régulation. Leur mot d’ordre est « la rationalité, l’efficacité, la compétitivité et la flexibilité du marché de la main d’oeuvre ». En somme, la justice et la réduction des inégalités qui s’accroissent un peu partout dans le monde ne sont pas les préoccupations dominantes des organisations de l’ordre libéral. Dans ce contexte, l’État, les ong et les mouvements sociaux mondiaux sont indispensables à la gouvernance mondiale. Si le travail en synergie entre ces différents acteurs est primordial, l’auteur reste prudent quant à l’action de la société civile. Les représentants de ladite société doivent procéder de la légitimité démocratique. Par ailleurs, les pays en développement ne doivent pas connaître une sous représentation au sein de ces nouveaux opérateurs. Guillermo Aureano, quant à lui, analyse l’articulation entre organisations internationales (onu), ong (Lindesmith Center, encod...) et gouvernements dans un domaine spécifique qui est celui de la lutte contre le trafic de drogue. L’auteur affirme que depuis plusieurs décennies, la société internationale, sous les auspices des Nations Unies, s’est engagée dans le contrôle de la production, de la commercialisation et de l’usage de certaines drogues. L’Assemblée générale a adopté plusieurs conventions et créé des organismes chargés de veiller à leur application. La réglementation internationale en la matière repose sur le principe de la prohibition et la stratégie de la répression. C’est justement cette stratégie qui deviendra la pomme de discorde entre les organisations internationales et la société civile. Les ong ont démontré l’échec des politiques répressives ainsi que les préjudices qu’elles entraînent. Elles proposent la mise en oeuvre des projets pilotes de distribution contrôlée d’héroïne, d’améliorer l’accès aux programmes de traitement à la méthadone, de diffuser des informations objectives sur les drogues interdites, de faciliter l’achat de seringues stériles dans les pharmacies et de leur distribution dans les prisons. Bref, la lutte contre la drogue doit intégrer la dimension humaine qui oblige à …