Comptes rendus : Théorie, méthode et idées

Paquin, Stéphane, Paradiplomatie et relations internationales. Théories de stratégies internationales des régions face à la mondialisation, Coll. Régionalisme et fédéralisme, Bruxelles, Peter Lang, 2004, 195 p.[Record]

  • Jacques Fontanel

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  • Jacques Fontanel
    Université Pierre Mendès
    France Grenoble, France

Même si la paradiplomatie n’est pas nouvelle, les acteurs sous-nationaux déploient aujourd’hui une activité accrue dans ce domaine. Leur activité est souvent minimisée, comme si ces entités subétatiques n’étaient pas des acteurs internationaux. Le concept de paradiplomatie, qui signifie la poursuite d’activités étrangères diplomatiques d’États fédérés ou de régions, est lui-même contesté, les termes de microdiplomatie ou de diplomatie à paliers ou à voies multiples lui étant parfois préférés. En fait, il existe plusieurs modes de paradiplomatie, des relations transfrontalières croissantes à la protodiplomatie (qui définit la politique étrangère d’un État subétatique qui entreprend une démarche d’autonomie ou d’indépendance). C’est un phénomène urbain, profond, permanent. Traditionnellement, les relations internationales font référence à la notion de puissance et de pouvoir. Cette conception perd de sa pertinence dans un monde soumis au processus de la globalisation économique. Les acteurs paradiplomatiques ont une large autonomie et ils agissent plus facilement qu’un État indépendant. Ils peuvent prendre des décisions fermes sur des sujets très délicats, notamment pour défendre le respect des droits de l’homme. Leur gamme d’action est large, à l’exception notable de leur participation dans les organisations internationales et du recours possible à la force militaire. Par contre, les acteurs paradiplomatiques ne sont pas toujours reconnus comme acteurs internationaux par le droit international. Ils doivent négocier avec le pouvoir central pour avoir une place sur un strapontin. Dans ce contexte, la paradiplomatie peut révéler de nombreux conflits internes et des dissonances externes. « La paradiplomatie met donc en péril la construction westphalienne des relations internationales, construction déjà passablement effondrée, il est vrai, suite aux effets de la mondialisation et de l’accélération des flux transnationaux » (p. 22). L’approche du Two-Level game de Putman met en évidence le fait que, dans de nombreuses situations, l’État négocie souvent simultanément avec les acteurs internationaux et avec les entités subétatiques, notamment dans les pays démocratiques. Dans ce contexte, la paradiplomatie est un facteur de puissance, puisque l’État est conforté par le soutien de ses composantes. Des régions comme le Québec, la Wallonie, la Flandre ou la Catalogne aspirent à une ouverture vers l’extérieur, ce qui n’est pas facile sur une scène internationale dominée par les États-nations. Dans une première partie, Stéphane Paquin met en évidence trois causes fondamentales à l’activité des entités subétatiques : le commerce international, l’internationalisation et l’intégration régionale et la montée de l’identitaire. La seconde partie aborde l’importance du phénomène paradiplomatique dans les relations internationales, ses effets sur les relations interétatiques contemporaines et les questions de sécurité nationale et internationale. La stabilité du régime politique en place est un gage de bon fonctionnement du système politique. Elle permet de créer un climat de confiance. Cependant, la paradiplomatie du commerce met en évidence la concurrence entre les territoires, notamment pour l’implantation des firmes. Dans ce contexte, les régions défendent leurs intérêts particuliers, aussi bien face aux acteurs économiques mondiaux que pour les choix des investissements dans les régions d’un même pays. L’intérêt national au niveau économique n’est pas jugé suffisant par les acteurs subétatiques. C’est le cas du Québec, de Montréal même, qui participent à des visites officielles des chefs d’État. L’Alabama a décidé de financer l’implantation de la firme Mercedes-Benz, pour emporter cet investissement au détriment des autres États fédérés candidats. Les firmes multinationales font jouer la concurrence et elles tiennent compte des facteurs culturels et linguistiques. En Europe, les relations entre les régions se multiplient, sans passer par le niveau central. Il en va de même pour les grandes mégapoles qui rassemblent à elles seules 80 % des connaissances scientifiques mondiales et réalisent 90 % des opérations financières et 85 % des échanges …