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Cet ouvrage est l’oeuvre d’auteurs canadiens travaillant pour la plupart à York University. Il analyse les désordres mondiaux et introduit les deux désordres les plus menaçants pour la planète : le terrorisme international et le crime organisé transnational qu’il cherche à définir. Il reprend les définitions qu’en donne le fbi, le Département d’État, l’acte patriote, le sous-comité sur le terrorisme, la sécurité intérieure et la Russie. Il cherche ensuite à clarifier le concept de légitimité de l’utilisation de la force après la guerre froide. C’est un concept central parce qu’il est important que les États n’outrepassent pas leur pouvoir. Les États sont concernés par la légitimité de leur intervention parce que la légitimité est constitutive de l’action internationale et que les actions des États sont contraintes si elles ne peuvent être justifiées par la légitimité. En fait, le recours à la force est permis seulement dans le cas où un État agit contre un autre État dans une situation d’autodéfense, dans le cas des États-Unis agissant en réponse à une menace ou à une rupture de la paix, ou dans le cas d’une agence régionale agissant sous l’autorisation du Conseil de sécurité. L’ouvrage fournit des études de cas : l’Irak, le Kosovo et l’Afghanistan, le cas le plus légitime, puisque l’intervention américaine intervient dans une situation particulière, après les attentats du 11 septembre 2001 contre le World Trade Centre. Il était clair que le régime taliban n’allait jamais livrer Ben Laden, l’auteur des attentats. Les États-Unis avaient donc le droit d’intervenir puisque son territoire était menacé.

L’ouvrage offre un très bon chapitre sur la politique européenne de sécurité et de défense (pesd), symbole d’un monde en pleine transformation. Les États-Unis ont toujours eu une position ambiguë face aux efforts des Européens de se construire une identité en matière de défense. Ils ont accueilli le fait que les Européens prenait en charge le fardeau de l’après-guerre froide mais ont en même temps été très suspicieux envers les implications à long terme de la pesd. Les Américains avaient peur que celle-ci ne mène à une érosion de l’otan. L’ue a cherché à se construire une identité en matière de défense. Elle l’a fait minutieusement, pas à pas au travers des déclarations et des Conseils européens : St-Malo, Cologne. Mais les efforts ne sont pas faciles étant donné les divergences de vues entre la Grande-Bretagne, proche des États-Unis avec qui elle partage des liens militaires et de renseignements, la France qui a plus d’une fois défié la puissance américaine et l’Allemagne qui se débat avec un passé douloureux.

L’ouvrage offre aussi quelques études de cas : la Bosnie-Herzégovine, l’Afghanistan et le Cambodge. La force de police internationale d’intervention en Bosnie-Herzégovine a été mise en place dans les années quatre-vingt-dix dans le but de protéger les citoyens bosniaques, de rétablir l’État de droit et de consolider la paix en Bosnie. Sa tâche ne s’est pas révélée facile. Elle disposait de peu de moyens pour lutter efficacement contre le crime et la corruption, et sa capacité d’imposer sa loi sur la police bosniaque est très faible. Ce n’est pas l’échec de cette force qui est en jeu mais l’échec de tout le processus de Dayton. Le processus de reconstruction en Afghanistan n’est pas celui de la transformation d’un État faible (failed) en un État fort, mais celui de la transformation d’un État faible en un autre État faible où la culture du pavot est incontournable pour procurer des revenus à des paysans appauvris par la guerre.