Comptes rendus : Mondialisation et transnationalisme

Chen, John-ren (dir.), The Role of International Institutions in Globalisation. The Challenges of Reform, coll. International Institutions and Global Governance, Northampton, ma, Edward Elgar Publishing, 2003, 232 p.[Record]

  • Jacques Fontanel

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  • Jacques Fontanel
    Université Pierre Mendès
    France Grenoble, France

Le rôle des institutions internationales croît avec le processus de globalisation économique, qu’elles ont pour fonction de faciliter. L’objet de ce livre est de mettre en évidence l’intérêt des organisations internationales dans l’architecture économique globalisée et de proposer les réformes qui permettraient notamment aux pays en développement de bénéficier des bienfaits de l’ouverture des frontières. En effet, l’économie mondialisée souffre d’inégalités de revenus, les taux de change sont très volatils au même titre que les prix des matières premières, l’endettement et les crises financières constituent une menace permanente au bon fonctionnement du système financier. Depuis 1950, plus d’une centaine de pays ont été concernés par ces problèmes, aggravés par les inégalités d’information, l’aléa moral ou les défaillances sur les marchés bancaires. Dans le chapitre 1, John-ren Chen étudie les fondements et les justifications des institutions internationales importantes. Si les gouvernements souverains ne peuvent seuls réguler les acteurs des marchés globalisés du fait des conflits d’intérêt, il est nécessaire d’établir des règles globales par le canal d’institutions internationales (au moins 350 dans le monde). Comme un gouvernement mondial n’est ni souhaitable, ni réaliste à court terme, il convient alors de réformer les organisations publiques qui satisfont des biens publics internationaux. Se posent alors plusieurs problèmes concernant leur mise en place, leur fonctionnement concret (parfois concurrentiel), leur coordination, la défense des valeurs démocratiques, le système de distribution des votes, les fondements idéologiques et théoriques qui justifient leurs actions et l’évaluation respective de leur efficacité. Lorsque le marché mondial échoue (externalités, biens publics ou marchés imparfaits ou défaillants), les institutions internationales interviennent. Aujourd’hui, les biens publics internationaux se rangent en six catégories : la sécurité internationale, la stabilité économique internationale, l’environnement, l’économie de la connaissance et de l’information, la santé et l’assistance humanitaire. L’étude de Chen est intéressante, car elle introduit la question de la réforme des institutions internationales d’aujourd’hui, sur une base économique, sans références théoriques excessives. Pour Kwan S.Kim et Seok-Hyeon Kim (chap. 2), la taxe Tobin constitue un moyen intéressant pour limiter le potentiel de crises financières. Les libéraux y sont principalement opposés du fait de leur opposition à l’intervention du secteur public et aux impôts. Or, la taxe Tobin a deux principaux objectifs : d’une part diminuer l’influence des mouvements financiers spéculatifs, concernant principalement les opérations spots, hedge et forward markets (accroissant ainsi l’importance relative des réserves de change des pays) et utiliser les moyens rendus disponibles pour financer le développement des pays les plus pauvres. D’un point de vue technique, les définitions des opérations concernées et l’évasion fiscale constituent les principaux problèmes à résoudre, mais des solutions simples sont envisageables. La taxe Tobin pourrait devenir le premier instrument de financement du développement des pays les plus pauvres, géré par une institution globale politiquement indépendante. Le principal obstacle est la volonté des États puissants à accepter cette réforme, ce qui n’est pas le cas des pays anglo-saxons notamment. La principale critique formulée à l’analyse de Kim et Kim est de ne pas suffisamment mettre en évidence les contraintes politiques qui s’opposent ardemment à la taxe Tobin, dont son initiateur a réfuté, ensuite, les développements proposés. Pour V.N. Balasubramanyam et David Sapsford (chap. 3), il faudrait inclure les investissements directs à l’étranger (ide) dans les compétences de l’Organisation mondiale du commerce (omc). Ils sont déjà présents dans les négociations sur les mesures d’investissement reliées au marché (trims), la gestion des droits de propriété intellectuelle (trips) et les services (gats). Les ide ne sont pas la panacée du développement économique des pays pauvres, ils ne sont pas meilleurs ni plus mauvais …