Comptes rendus : Organisations internationales

Newman, Edward et Roland Rich (dir.), The un Role in Promoting Democracy. Between Ideals and Reality, New York, United Nations University Press, 2004, 359 p.[Record]

  • Flavie Major

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  • Flavie Major
    Centre d’études interaméricaines
    hei, Université Laval, Québec

Cet ouvrage collectif offre une analyse du rôle de promotion de la démocratie de l’Organisation des Nations Unies (onu). L’ouvrage est assez complet, offrant descriptions et analyses du fonctionnement de l’organisation et des ressources dont elle dispose pour mener à bien ses programmes en matière de démocratisation, tout en abordant également les difficultés rencontrées par l’onu et les controverses et critiques suscitées par son implication dans ce secteur d’activité. L’ouvrage est divisé en trois parties. La première partie couvre six chapitres et aborde différentes facettes du rôle de l’onu dans la promotion de la démocratie. Roland Rich et Edward Newman, dans leur chapitre d’introduction, rappellent la raison d’être de l’implication de l’onu dans la promotion de la démocratie. Le mot « démocratie », après tout, n’apparaît nulle part dans la Charte de l’organisation. Par contre, on a établi, à la fois aux niveaux théorique et pratique, qu’il existe une interdépendance entre la démocratie et les trois principaux objectifs de l’onu tels que mentionnés dans le préambule de sa Charte, soit ceux de « préserver les générations futures du fléau de la guerre », de créer les conditions nécessaires au respect de la justice et des droits fondamentaux de la personnes et de « favoriser le progrès social et instaurer de meilleures conditions de vie ». Dans une suite logique à cette introduction, Tom J. Farer se questionne sur les fondements juridiques du rôle de l’onu en matière de promotion de la démocratie. Sur quelles bases légales l’onu peut-elle agir dans ce domaine, alors que l’article ii de sa Charte spécifie qu’elle ne peut intervenir dans les affaires internes de ses membres ? Farer soutient que la légitimité de l’onu à accomplir ce rôle est en grande partie liée à sa responsabilité à protéger les droits humains. L’article 21 de la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948 stipule en effet que « la volonté du peuple est le fondement de l’autorité des pouvoirs publics et cette volonté doit s’exprimer par des élections honnêtes qui doivent avoir lieu périodiquement ». Cette norme démocratique fut par la suite transformée en engagement à caractère obligatoire pour les États membres de l’onu, lors de l’adoption en 1966 du Pacte international de l’onu relatif aux droits civils et politiques. Le troisième chapitre, de Roland Rich, s’attarde à une question plus concrète qui concerne la façon dont les mandats de démocratisation qui émanent du Conseil de sécurité de l’onu sont formulés. Rich s’intéresse aux facteurs politiques et légaux qui influencent la formulation des mandats, à savoir quels pays en sont les auteurs, quels objectifs réels ces mandats poursuivent, ou sur quelle jurisprudence ils reposent. Selon l’auteur, ces facteurs influencent directement la façon dont les mandats de démocratisation sont par la suite mis en oeuvre dans le pays ciblé. Ce chapitre est particulièrement informatif sur le fonctionnement interne du Conseil de sécurité de l’onu. Simon Chesterman aborde ensuite le rôle de l’onu dans la « construction de la démocratie » dans les sociétés post-conflit. L’auteur est particulièrement critique face à l’efficacité de l’onu à réellement préparer une population à la gouvernance démocratique, lorsque l’organisation maintient une présence civile internationale et impose une « autocratie éclairée » pour une période donnée. Il aborde deux questions en particulier, soit la capacité et la volonté de l’onu à assurer un niveau suffisant de consultation avec les acteurs locaux, et le niveau de responsabilité du personnel onusien qui participe à ces missions, afin d’assurer que ce personnel respecte les intérêts locaux et …