Comptes rendus : Études stratégiques et sécurité

Coulon, Jocelyn (dir.), Guide du maintien de la paix 2005, Outremont, qc, Athéna éditions, 2004, 336 p.[Record]

  • Simon Petermann

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  • Simon Petermann
    Département de science politique
    Université de Liège, Belgique

Voilà un guide qui s’avère bien utile à tous ceux qui s’intéressent aux opérations de paix dans le monde. La période 2003-2004 a été fertile en événements dans le domaine des opérations de paix. En effet, les opérations, sous quelque forme que ce soit – coalitions des volontaires, missions classiques, forces multinationales intérimaires – se sont multipliées et le nombre de pays participants et de personnes engagées a augmenté. La pratique du maintien de la paix a été marquée une fois de plus par la régionalisation de ses opérations. Jocelyn Coulon qui dirige la publication montre bien dans son introduction que ce phénomène n’est pas nouveau. Il est apparu au milieu des années 1990 pour pallier les insuffisances logistiques et les tergiversations politiques de l’onu. Il s’accentue depuis trois ou quatre ans, et de plus en plus d’organisations régionales ou sous-régionales, certaines organisations de sécurité, comme l’otan, et des groupes d’États participent activement et parfois massivement à des opérations de paix. L’auteur signale à juste titre que le rôle croissant joué par les organisations régionales dans ces opérations est loin de faire l’unanimité et pose nombre d’interrogations, dont celles sur le désengagement des Occidentaux face aux missions de l’onu et sur la marginalisation du Conseil de sécurité. La régionalisation est le thème du Guide du maintien de la paix 2005, et la majorité des textes y est consacrée. Cet ouvrage n’épuise évidemment pas le sujet. Jocelyn Coulon signale d’ailleurs que les textes portent essentiellement sur le rôle militaire de la régionalisation alors que de nombreuses institutions, telles l’Organisation des États américains (oea) ou l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (osce), consacrent temps et énergie à des aspects importants du maintien de la paix, comme la supervision des élections, la promotion de la démocratie, la défense des droits humains ou l’instauration de mesures de confiance. La première partie de l’ouvrage est composée de neuf textes dont la majorité est consacrée au thème de la régionalisation. Une ligne de force se dégage à la lecture de plusieurs d’entre eux. En effet, les auteurs soulèvent tous la même interrogation : les opérations de paix régionales sont-elles menées au nom de grands principes ou répondent-elles à des impératifs d’intérêts nationaux ? En guise d’introduction, Michel Liégeois, de l’Université catholique de Louvain en Belgique, met la table. Après avoir rappelé les fondements juridiques sous-jacents à la régionalisation, l’auteur souligne le contexte historique dans lequel elle s’est développée et décline les avantages et inconvénients du maintien de la paix régional. Le tableau qu’il brosse est tout en nuances, d’où la difficulté d’embrasser ou de rejeter d’un bloc la pratique de la régionalisation. Pour autant, signale l’auteur, le débat sur la régionalisation, est d’abord et avant tout une série de questions plus politiques que techniques – volonté des pays riches d’aider l’onu, rôle du Conseil de sécurité, etc. – et ne pourra s’achever qu’une fois des réponses trouvées. Les trois textes qui suivent décrivent les actions entreprises par des organisations régionales ou par un groupe de pays pour mettre sur pied, déployer et gérer des opérations de paix. Thierry Tardy, du Centre de politique de sécurité de Genève, utilise le cas de la mission Artemis, au Congo en 2003, pour décrire les ambitions de l’Union européenne, acteur régional du maintien de la paix, mais également le jeu particulier de la France dont l’engagement a porté à bout de bras cette opération de paix. Il relève que la mission a été couronnée de succès mais que son caractère restreint ne peut, à l’instar …