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Destiné avant tout aux étudiants français préparant leurs examens, cet ouvrage de Sophie Chautard – enseignante d’histoire et de géographie à Prépa-sciences ipecom et de géopolitique à l’Institut international de commerce et distribution –, rassemble une mine d’informations sur un grand nombre de conflits du xxe siècle. En quelques pages, le lecteur peut ainsi se familiariser avec les origines historiques et géopolitiques de ces guerres, leurs déroulements de même que leurs conséquences. L’écriture est claire, directe, synthétique, en d’autres mots efficace.

Divisé en cinq parties (Europe, Proche-Orient, Afrique, Asie et Amérique latine), l’ouvrage comporte aussi une très brève introduction à laquelle répond une fort courte conclusion. À cela s’ajoute une bibliographie très restreinte (on peut d’ailleurs se demander si un tel ouvrage n’aurait pas mérité que chacune des entrées soit dotée de pistes bibliographiques), de même qu’un bien utile index des noms (lieux, pays, personnages, traités et accords, partis et organisations politiques, etc.) Il faut aussi souligner la présence de tableaux récapitulatifs à la fin de chacune des parties du livre, tableaux qui permettent, pour chacun des conflits traités, de visualiser en un coup d’oeil l’essentiel des événements clefs s’étant déroulés à chaque décennie du siècle.

Puisqu’il serait vain de vouloir résumer et critiquer ici chacune des entrées, nous nous attarderons surtout à souligner certaines faiblesses structurelles de l’ouvrage. De fait, là où le bât blesse, c’est dans le choix des différents conflits traités. D’emblée, l’absence des deux guerres mondiales parmi les entrées laissent le lecteur dubitatif. Soit, la collection dans lequel le livre est publié comporte un ouvrage sur chacun de ces deux conflits. Cependant, un examen plus attentif permet de voir que plusieurs autres conflits d’envergure ou du moins d’importance ne sont pas davantage abordés. Quelques exemples suffisent : la guerre russo-japonaise (1905-1906), la guerre civile qui suit la révolution russe de 1917 et qui voit les interventions étrangères, la guerre sino-japonaise des années 1930, la guerre civile espagnole (1936-1938), la guerre entre l’Italie et l’Éthiopie (1935-1936), etc. De même, l’examen de l’entrée portant sur l’Irak démontre qu’un total d’environ sept pages traite de la guerre Iran-Irak et de la guerre du Golfe alors que la dernière guerre d’Irak (celle de 2003) est abordée sur plus de trente pages. Il y a bien là un déséquilibre difficilement explicable autrement que par un parti pris pour la période très récente.

Sans vouloir nier les mérites ni l’intérêt de l’ouvrage, celui-ci se déploie donc selon une perspective (trop) récente et ne mérite donc pas son titre, lequel induit le lecteur en erreur s’il croit trouver là un ouvrage accordant grosso modo aux conflits pré-1945 une place équivalente à celle des conflits post-1945… En l’état, il aurait peut-être été plus juste d’intituler le livre L’indispensable des conflits depuis 1945. Il est vrai que cette faute revient peut-être davantage à l’éditeur qu’à l’auteur. En dépit de ces critiques, il n’en demeure pas moins qu’il s’agit là d’un ouvrage utile, bien que ce soit pour ce qu’il est en réalité et non pour ce que laisse entrevoir son titre.