Comptes rendus : Études stratégiques et sécurité

Whitworth, Sandra, Men, Militarism & UN Peacekeeping. A Gendered Analysis, Boulder, co, Lynne Rienner, 2004, 225p.[Record]

  • Julie Breton

…more information

  • Julie Breton
    Programme Paix et sécurité internationales hei,
    Université Laval, Québec

Les études féministes en relations internationales sont apparues au milieu des années 1980. Au départ, les recherches féministes portaient surtout sur le développement et la paix. Depuis son apparition, la littérature sur le genre n’a cessé de proliférer et s’est étendue à plusieurs autres thèmes des relations internationales tels la sécurité, les conflits et le maintien de la paix. L’auteure utilise comme cadre théorique le modèle culturel, les théories féministe et postcolonialiste. D’abord, on retrouve le concept des communautés imaginées de Benedict Anderson appliqué aux armées et aux institutions multilatérales, c’est-à-dire que celles-ci sont en partie constituées d’idées généralement admises. Puis, les modèles féministe et postcolonialiste s’appuient sur le modèle culturel pour affirmer que ces idées admises sont inévitablement influencées par les questions de genre et de race. Outre les représentations et les communautés imaginées, le discours et les pratiques discursives sont analysés. Dans le cadre de sa démonstration, l’auteure utilise deux études de cas : la mission de l’onu au Cambodge en 1991 et le déploiement du régiment aéroporté canadien en Somalie. L’ouvrage comporte cinq chapitres, outre l’introduction et la conclusion. Le chapitre premier présente le sujet du livre, l’hypothèse et les modèles théoriques utilisés dans l’élaboration de l’analyse. Le second chapitre aborde le maintien de la paix à travers son histoire et comment celui-ci a évolué, particulièrement depuis la fin de la guerre froide. Puis, l’auteure s’attarde à ce que le maintien de la paix a apporté aux Nations Unies et aux militaires. En effet, pour les militaires, le maintien de la paix apporte une source de financement ainsi qu’une certaine légitimité. Finalement, Whitworth avance la critique que le maintien de la paix est un exemple de la volonté du monde occidental d’imposer ses normes occidentales aux pays du tiers-monde en proie à des conflits, sans égard à la culture et aux traditions politiques et culturelles locales. Le chapitre trois porte sur la première étude de cas soit la mission des Nations Unies au Cambodge en 1991. L’auteure souligne qu’il s’agissait de l’une des premières missions de paix dans la période post-guerre froide et que pour les Nations Unies, cette mission représentait une sorte de test, puisque ses résultats auraient un impact important sur les futures missions de grande envergure. Cette mission demeurait très militarisée et caractérisée par une forte présence d’hommes. La mission a été l’objet de critiques officielles répertoriées par l’auteure. Le chapitre s’attarde par la suite à la vision des Cambodgiens sur cette mission, suivie d’une relecture critique de cette mission du point de vue féministe. Le chapitre quatre traite du Canada comme pays fournisseur de troupes de maintien de la paix lors de la mission en Somalie en 1993 où un jeune Somalien a trouvé la mort à la suite des blessures que lui ont infligées des soldats du régiment aéroporté. Le but de ce chapitre est de démontrer comment l’image que les Canadiens ont de la nation et de leur armée dépend de l’image du soldat de la paix, altruiste et gentil. Cela représente donc une contradiction puisque l’image du soldat violent est diamétralement opposée à ce qui est attendu de la part des militaires et de l’entraînement qu’ils reçoivent. En ce sens, l’auteure en déduit que la commission d’enquête mise sur pied pour faire la lumière sur la mort d’un jeune Somalien, ne portait pas tant sur ce qui était arrivé à ce jeune Somalien mais sur ce que ces événements révélaient aux Canadiens de leur armée. Le cinquième chapitre analyse le rôle de l’onu dans les questions de genre, de paix et de sécurité. Dans ce chapitre, l’auteure présente …