Comptes rendus : Régionalisme et régions - Asie

Stokhof, Wim, Paul van der Velde et Yeo Lay Hwee (dir.), The Eurasian Space. Far More than Two Continents, Singapore, Institute of Southeast Asian Studies, 2004, 216 p.[Record]

  • Thomas Juneau

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  • Thomas Juneau
    Ministère de la Défense nationale,
    Ottawa

Cet ouvrage est le troisième d’une série portant sur les relations entre l’Asie et l’Europe et qui analyse les origines, l’impact et l’avenir de l’asem, le Asia-Europe Meeting. Ce forum interrégional, né en 1996, regroupe les 25 membres de l’Union européenne, la Commission européenne, les dix membres de l’asean, ainsi que la Chine, le Japon et la Corée du Sud. L’asem, construit autour de trois piliers – politique, économique et socioculturel – se veut un processus informel et multidimensionnel cherchant à encourager le développement des relations entre deux des trois pôles du système international et, d’après certains, à encourager la formation d’un contrepoids aux États-Unis. Dans cet ouvrage, les auteurs cherchent à comprendre l’engagement de ses membres envers l’asem, et considèrent en général que le forum a pu, jusqu’à maintenant, jouer un rôle important dans l’évolution des liens euro-asiatiques. Les onze chapitres sont organisés selon quatre thèmes, soit : asemness et East Asianness; inter-régionalisme, trans-régionalisme et extra-régionalisme; coopération sécuritaire et monétaire; et Asie de l’Est et asem. Dans le deuxième chapitre, Michael Reiterer pose une question fondamentale : quel rôle joue l’asem, et quelle est sa contribution à l’étude des relations internationales ? Au niveau conceptuel, il considère qu’en amenant dix pays d’Asie de l’Est à une même table, l’asem contribue au développement d’une identité régionale. Et concrètement, selon lui l’asem contribue à la gouvernance mondiale en encourageant le développement de régimes dans des domaines précis (surtout économiques), et en augmentant le rôle et la visibilité de l’ue en Asie. Dans le chapitre suivant, Gilson et Yeo adoptent une approche constructiviste pour développer de manière fort convaincante le thème de l’émergence d’une identité asiatique à travers les interactions inter-régionales avec l’Europe. Selon eux, le constructivisme permet de voir dans l’asem, comme dans l’apec, un outil important menant au développement d’un discours dominant de l’East Asianness, et donc d’une identité régionale asiatique. La section suivante explore les relations que différentes régions peuvent entretenir. Mathew Doidge, d’abord, étudie l’interrégionalisme (soit les relations de région à région) dans le contexte de la relation ue/asean. Il en conclut que des différentes fonctions que peut remplir l’interrégionalisme, seule la construction d’une identité régionale semble avoir été remplie, favorisée en grande partie par la différence qualitative entre les deux parties. César de Prado Yepes analyse ensuite les relations interrégionales de l’Europe et de l’Asie de l’Est, puis explore les convergences possibles. Il considère que certaines synergies sont réalisables, notamment dans leurs relations avec l’Amérique du Sud et, à un moindre degré, le Moyen-Orient. Puis dans le sixième chapitre, David Milliot étudie l’impact de l’asem sur le développement du transrégionalisme, qu’il définit comme l’ensemble des processus informels de consultation et de coopération entre des États de différentes régions agissant en leur propre nom, par une comparaison entre l’asem et le Forum for East Asia and Latin America Cooperation (fealac). Pour Milliot, un des intérêts majeurs de l’asem aura été son impact sur la montée du transrégionalisme : le fealac est né du modèle de l’asem et, quoique ses débuts soient modestes, il contribue à l’émergence d’une gouvernance mondiale complexe selon laquelle le trans-régionalisme est un pilier fondamental des relations internationales. Les deux chapitres suivants explorent deux des grands thèmes de l’asem : la coopération sécuritaire et monétaire. Heiner Hänggi, d’abord, expose la dimension sécuritaire de l’asem, et conclut que malgré le développement graduel d’un acquis sécuritaire, surtout depuis les attentats de septembre …