Comptes rendus : Régionalisme et régions - Europe

Dumoulin, André et Francis Gevers (contr.), Union de l’Europe occidentale. La déstructuration (1998-2006), coll. Axes/Savoirs, Bruxelles/Paris, Bruylant/lgdj, 2005, 415 p.[Record]

  • Samir Battiss

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  • Samir Battiss
    Chaire de recherche du Canada en politiques étrangère et de défense canadiennes
    Université du Québec à Montréal

Inconnue ou méconnue du monde académique, alors qu’elle est aussi ancienne que l’otan, l’Union de l’Europe occidentale (ueo) est en voie de disparition. Cet ouvrage nous présente cette organisation dans le détail et met en lumière le processus de démantèlement dont elle fait l’objet depuis sa création mais en se concentrant sur une période plus récente. Les auteurs entreprennent une longue description et analyse de la disparition progressive de l’ueo pendant la période 1998-2006, complétant ainsi un précèdent livre essai, plus dense, consacré à cette organisation (André Dumoulin, Éric Remacle, L’Union de l’Europe occidentale. Phénix de la défense européenne, Bruxelles, Bruylant, 1998, 605 p.). L’originalité de l’ouvrage tient dans l’analyse tant historique que technique de la disparition d’une organisation internationale, en l’occurrence l’ueo. La seconde réside dans le fait que cette analyse permet de mieux comprendre les relations actuelles entre, d’une part, l’Union européenne (ue) et l’otan, et d’autre part, celles entre l’ueo et l’ue. Le premier chapitre est dédié à un rappel succinct mais nécessaire des origines de l’ueo et des événements qui ont concouru aux premiers « dépouillements » dans les années 1950, puis au « grignotage » de ses compétences dans les années 1990. Dans un deuxième chapitre, l’auteur examine les résistances de l’ueo et tente d’apporter des éléments réponses à la survivance de certains outils fonctionnels et politiques, alors que les États membres de l’ue ont décidé de se doter d’une Politique européenne de sécurité et défense (pesd). Enfin, en dernière partie, les auteurs s’emploient à établir les scenarii possibles pour l’article v du traité constitutif de l’Organisation internationale en question (défense collective) et l’Assemblée parlementaire. À travers une analyse historique, le premier chapitre montre que l’ueo était dès le départ sujette à de nombreuses influences de la part d’autres organisations antérieures concurrentes et boudée par ses États membres. Les compétences initiales de l’ueo couvraient des domaines comme la coopération économique, culturelle et en matière de sécurité. La création d’autres organisations occidentales traitant de ces questions (cee, osce-ocde, Conseil de l’Europe ou encore l’otan), a réduit son champ d’activités aux questions de défense entre européens mais en liaison étroite, voire sous tutelle de l’otan. C’est ainsi que subsistait dès les années 1960 uniquement le noyau dur, l’article relatif à la défense collective du traité de Bruxelles de 1948, acte constitutif de l’ueo. La signature du Traité créant l’Alliance atlantique, le 4 avril 1949, la relégua au second plan, au rang de forum politique. Au cours des développements, l’auteur replace en perspective les relations entre ueo et otan et montre comment celles-ci auguraient de celles plus récentes entre l’Union européenne et l’otan, l’ue ayant commencé, dès 1993, sa fusion-absorption des fonctions opérationnels de l’ueo dans le cadre de sa Politique européenne de sécurité commune (pesc). Poursuivant dans sa réflexion dans un deuxième chapitre, le politologue belge insiste davantage sur les relations entre l’Union européenne et l’ueo. Il détaille avec minutie le processus de transfert au gré des rencontres ministérielles, allant des compétences et des structures jusqu’au sort réservé au personnel administratif et politique et à l’immobilier. À travers ce focus, il met en avant les positions des États de l’Union européenne sur la vitesse à laquelle la passation doit s’effectuer. On a alors une photographie exacte des enjeux, des jeux de pouvoir et d’influence entres grands États européens et du climat de négociation permanente, propre à …