Comptes rendus : Mondialisation et transnationalisation

Duchastel, Jules et Raphaël Canet (dir.), Crise de l’État, revanche des sociétés, Outremont, qc, Athéna éditions, 2006, 406 p.[Record]

  • André Joyal

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  • André Joyal
    Université du Québec à Trois-Rivières

Voilà un ouvrage collectif qui reflète bien son titre du début à la fin, tout en gardant un certain fil conducteur entre les différentes contributions, surtout dans la deuxième partie où il est question d’altermondialisation. Le lecteur saura gré aux responsables de cette publication d’avoir réuni des collaborateurs dont l’érudition permet d’offrir des textes de grande qualité, appuyés par une documentation aussi vaste que variée, d’une lecture agréable et non hermétique, comme le sont trop souvent les oeuvres académiques. C’est à la Chaire de recherche du Canada en mondialisation, citoyenneté et démocratie (mcd) de l’uqam, dont J. Duchatel est titulaire, que l’on doit cet effort collectif auquel contribuent des universitaires aussi bien québécois, que canadiens, français et anglais. Duchatel et Canet n’en sont pas à leurs premières armes auprès de cette maison d’édition, ayant publié depuis 2003 trois autres titres sur des sujets se rapportant aux préoccupations de la chaire mcd qui existe depuis 2001. Le présent volume comprend deux parties qui reprennent le titre de l’ouvrage, chacune étant partagée en deux sections où se retrouvent les dix-neuf auteurs. R. Canet ouvre la marche avec une introduction qui pourrait être lue en même temps que la conclusion globale de J. Duchastel, étant donné qu’elle prend davantage la forme d’une introduction que d’une conclusion. Le premier, en se rapportant au titre du volume, précise que les auteurs s’inscrivent dans le courant de la nouvelle sociologie des relations internationales. Pour sa part, Duchastel évoque les fissures de l’édifice institutionnel issues de la modernité qui incitent à remettre en cause les institutions politiques et à inventer de nouvelles pratiques en vue de redéfinir la démocratie. Dans cet ouvrage, il est abondamment question d’un concept qui a envahi les discours et les écrits depuis une dizaine d’années : celui de la société civile. Un concept qui ne peut qu’agacer tous ceux qui se sont intéressés au développement communautaire et qui continuent à encourager la participation de la population à l’intérieur des différents mécanismes décisionnels plutôt que de parler de la contribution de cette soi-disant société civile. Mais on peut savoir gré à Canet de fournir pas moins de sept définitions différentes, alors que l’on s’en tient d’habitude à celle, bien connue, de Gramsci. Cinq autres auteurs puisent à leur tour dans leur érudition pour définir ce concept à leur façon. C’est ainsi que D. Couvrat de l’uqam, dans un chapitre intitulé Altermondialisme, société civile et démocratie radicale, nous apprend que nul autre que Tocqueville y a recours dans son De la démocratie en Amérique, sans toutefois le définir. Il fallait s’y attendre, R. Carnet ne pouvait passer à côté d’un autre concept qui s’avère de nos jours tout à fait incontournable : la gouvernance. Alors que vers la fin des années 1990, on n’y pouvait voir rien d’autre qu’un de ces buzzwords dont les milieux académiques sont si friands, on en reconnaît de plus en plus sa pertinence dans un monde où divers acteurs sont appelés à avoir voix au chapitre dans la prise de décisions sur des sujets qui les touchent directement ou indirectement. Ainsi J.A. Scholte, de Warwick University, complète les informations déjà fournies sur la gouvernance après avoir, à son tour, donné son point de vue sur la société civile dans un chapitre intitulé La société civile et la démocratie. Elle écrit ainsi : « Alors que nous avions l’habitude de parler de gouvernement, il convient maintenant de parler de gouvernance ». Aux yeux de cette auteure, si l’État ne disparaît pas, il faut admettre que l’on assiste à la fin de l’étatisme …