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Jean-Claude Zarka nous propose ici un guide court mais complet des relations internationales contemporaines, particulièrement dans leurs dimensions politique et juridique. Après une présentation des grandes conceptions ainsi que de l’histoire des relations internationales de 1945 à nos jours, l’ouvrage expose de manière simple et concise les règles, les acteurs principaux, puis les défis majeurs des relations internationales contemporaines.

Dans une très brève introduction générale, l’auteur commence par une définition des relations internationales, soit « l’ensemble des rapports et communications pouvant s’établir entre des groupes sociaux et qui traversent les frontières ». S’ensuit une description succincte des trois grandes conceptions des relations internationales, les courants dits réaliste, de l’interdépendance, et marxiste.

Zarka offre dans la première partie un rapide survol de l’évolution des relations internationales depuis 1945. Quatre périodes sont analysées : la guerre froide (1947-1962), la détente (1962-1979), la guerre fraîche (1979-1985), ainsi que la détente gorbatchévienne et la fin du monde bipolaire (1985 à nos jours). S’entremêlent efficacement dans cette partie tant les événements clés, présentés de manière chronologique, que les principaux débats qui ont marqué l’époque. Par exemple, dans le chapitre sur le monde postguerre froide, les thèses de Huntington (le choc des civilisations) et de Fukuyama (la fin de l’histoire) sont opposées l’une à l’autre.

La deuxième partie présente, encore de manière concise et efficace, certains principes politico-juridiques régissant la société internationale. Zarka discute d’abord de deux principes d’origine ancienne, l’égalité des États et la non-intervention, tous deux étroitement liés à la souveraineté de l’État. Puis, l’auteur passe en revue cinq principes consacrés par la Charte des Nations Unies, soit le respect des droits de l’homme, la coopération internationale, le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, le règlement pacifique des différends, ainsi que l’interdiction du recours à la force. Enfin, deux principes « en gestation », soit le devoir d’ingérence humanitaire et la responsabilité pénale internationale, sont examinés.

L’État demeure aujourd’hui l’acteur principal de la vie internationale, malgré l’apparition de nouveaux joueurs tout au long du xxe siècle. Zarka commence donc la troisième partie avec une présentation de cinq acteurs étatiques majeurs, soit les États-Unis, la Russie, la Chine, le Japon, et l’Inde. On notera, en particulier, l’accent mis sur les différents atouts qui constituent l’hyperpuissance américaine, et qui permettent à Washington d’asseoir sa suprématie stratégique. L’auteur poursuit avec une discussion de trois grandes organisations intergouvernementales, l’Organisation des Nations Unies, l’Union européenne et l’Organisation mondiale du commerce. La section portant sur l’onu se démarque par sa longueur en comparaison avec les autres chapitres ; ce sujet occupe par ailleurs une place centrale tout au long de l’ouvrage. Enfin, l’auteur complète cette troisième partie en examinant différents acteurs non étatiques qui ont émergé plus récemment sur la scène internationale, tels que les organisations non gouvernementales, les sociétés multinationales, les mouvements de libération nationale, ainsi que les individus.

Enfin, dans la dernière section, Zarka aborde sept défis auxquels la communauté internationale fait actuellement face. Au niveau sécuritaire, d’abord, l’auteur discute de la prolifération des armes de destruction massive et du terrorisme, et s’arrête sur les outils dont dispose la communauté internationale pour lutter contre ces deux fléaux ainsi que sur les efforts particuliers des États-Unis. Trois autres chapitres abordent le rôle de l’onu en matière de maintien de la paix et de développement économique et social, ainsi que les possibilités de réformer cette organisation. Enfin, l’auteur effleure les défis que représentent la croissance démographique et la protection de l’environnement.

Zarka adopte pour cet ouvrage une approche politico-juridique par laquelle il réussit dans la difficile tâche qu’il entreprend. La section sur l’Union européenne, en particulier, se démarque par son exhaustivité : l’auteur y détaille non seulement les principales institutions du Vieux-continent, mais également les faiblesses et les atouts de l’Union, ainsi que sa complexe relation avec la superpuissance états-unienne, surtout dans le contexte du déclenchement de la guerre en Irak en 2003.

L’ouvrage accorde en général une place de choix aux institutions, et en particulier à l’onu. Par exemple, dans le cadre de la discussion portant sur les mouvements de libération nationale en tant qu’acteurs des relations internationales, Zarka discute presque exclusivement de leur place au sein de cette organisation. D’autre part, on notera que certains défis des relations internationales abordés dans la quatrième partie portent directement sur l’onu (réformes, maintien de la paix), alors que d’autres sont présentés en grande partie en fonction du rôle que peut jouer l’onu pour y faire face, par exemple en matière de conventions internationales ou de résolutions de l’Assemblée générale ou du Conseil de sécurité (terrorisme, prolifération).

On pourra certes déplorer quelques omissions (comme les « points chauds » du globe dans la partie sur les défis), mais ceux-ci sont inévitables dans un livre qui se voulait concis. De plus, tant l’exhaustivité des sujets discutés que le juste équilibre que trouve Zarka entre simples descriptions et brèves explications font que cet ouvrage est tout à fait réussi et atteint pleinement son objectif de proposer un guide bref et concis des concepts et des dates clés des relations internationales contemporaines. Relations internationales est donc utile tant pour l’étudiant de premier cycle que pour l’honnête homme qui souhaite avoir en main une référence brève et générale.