Comptes rendusRégionalisme et régions - Europe

The Making of the eu’s Lisbon Treaty. The Role of the Member States, Finn Laursen (dir.), 2012, Bruxelles, pie Peter Lang, coll. Cité européenne/European Policy, vol. 49, 324 p.[Record]

  • Louis Clerc

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  • Louis Clerc
    Département de science politique et d’histoire contemporaine, Université de Turku, Finlande

Actuelle « loi fondamentale » de l’Union européenne, le traité de Lisbonne est entré en vigueur en décembre 2009, au terme d’une longue séquence politique et institutionnelle : l’adoption du traité de Nice en 2000, la mise en place d’une convention sur l’avenir de l’Europe, le rejet en 2005 par les référendums français et hollandais du résultat des travaux de cette convention, puis le recyclage en 2007 de certaines des dispositions proposées dans un nouveau traité, un référendum irlandais en 2008 rejetant le nouveau traité, et, enfin, l’entrée en vigueur du texte après certains amendements. Le livre dirigé par Laursen revient sur ce processus avec un parti pris clair : les États membres ont été les maîtres du processus institutionnel et de sa réforme, et le niveau d’observation le plus pertinent de ce processus se trouve dans chaque État participant à ce processus. Ce parti pris est développé dans le livre au travers d’une série de contributions nationales. Le livre commence par une introduction du directeur de publication, qui revient sur les différentes étapes du processus, et en particulier sur les suites de la décision allemande au début 2007 de pousser les États membres vers un nouveau traité à la suite de l’échec de 2005. On voit bien dans cette décision, et durant la conférence intergouvernementale qui va suivre, le rôle joué par l’Allemagne et par la chancelière Angela Merkel ; celle-ci sera le pivot de négociations durant lesquelles, de façon assez prévisible, chaque État se présente avec ses griefs et ses demandes, des « lignes rouges » britanniques aux admonestations polonaises, des inquiétudes des petits États à l’ambiguë volonté de progresser des grands. Le sommet de juin 2007, fermement débattu, finit par son lot de compromis, de délais, d’opt-outs. Une négociation classique des négociations européennes, où l’Allemagne joue très clairement le rôle de chef d’orchestre ; les autres États, comme le Royaume-Uni ou la France, apparaissent en soutien et sur des points particuliers, alors que les institutions européennes, Parlement et Commission, sont très largement absentes. L’Allemagne fait donc l’objet des deux premiers chapitres. Hans J. Lietzmann revient sur les évolutions de la position allemande entre Nice et Lisbonne, alors que Frank R. Pfetsch s’étend plus largement sur la vision allemande du processus de réforme des institutions de l’ue. La contribution de Pfetsch est probablement la plus utile des deux : elle apporte au lecteur des éléments généraux sur la politique européenne de l’Allemagne et propose une réflexion sur la fonction de la présidence tournante du Conseil européen, axée sur trois rôles : organisation des débats, rôle d’initiative et de proposition, rôle tactique durant les négociations. Loin de l’image d’une Allemagne imposant ses visions à ses partenaires, l’article révèle une Angela Merkel médiatrice et prête au compromis. Le contraste avec l’image publique actuelle de Merkel pourrait inviter en particulier un lectorat français à nuancer son appréciation de la chancelière allemande. D’autres États membres sont vus par la suite dans des chapitres particuliers. Le texte de Bernard Barthalay sur la France part d’assez loin, faisant de l’opposition entre Jean Monnet et Charles de Gaulle une parabole fondatrice de la politique européenne de la France, puis exprimant sa tension principale entre les désirs souverainistes et fédéralistes. Barthalay est très critique à l’égard du traité de Lisbonne, regrettant son manque d’ambition et appelant de ses voeux un pacte fédéral entre les pays de la zone euro. Alasdair Blair ramène à la surface les raisons internes qui expliquent la méfiance britannique constante vis-à-vis de l’intégration européenne : manque de consensus au sein des principaux partis britanniques sur la réaction à …