Les femmes et la sécurité internationale : perspectives canadiennesWomen and International Security: Canadian PerspectivesEl género como preocupación personal, profesional y científica en Relaciones Internacionales[Record]

  • Stéfanie von Hlatky

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  • Stéfanie von Hlatky
    Robert Sutherland Hall, Suite 403, Université Queen’s, 138 rue Union, Kingston (Ontario) K7L 3N6, Canada
    svh@queensu.ca

L’identité du chercheur influence-t-elle les problématiques de recherche qu’il ou elle choisit ? Dans le cas des études féministes en Relations internationales, la réponse semble claire, car celles-ci passent par une critique des travaux des pères fondateurs de la discipline. En effet, les approches dites traditionnelles des Relations internationales, par exemple le réalisme, l’institutionnalisme néolibéral ou, encore, l’analyse en politique étrangère, ont privilégié une vision statocentrée de la politique internationale. Les acteurs principaux des cas d’étude, c’est-à-dire les représentants de l’État ou des organisations internationales, sont majoritairement masculins et le rôle des femmes est généralement passé sous silence (Sjoberg 2015). Bien qu’il y ait une tendance croissante à parler des perspectives de genre dans le monde universitaire et politique (Cohn 2008) – sous la bannière du concept de gender mainstreaming –, cette tendance ne semble pas encore bénéficier d’une grande visibilité dans la discipline, qu’on prenne en exemple les catalogues des grandes presses universitaires (mis à part les collections spécialisées) ou, encore, les tables des matières des grandes revues. Les travaux féministes et sur le genre sont souvent exclus des plateformes les plus influentes. Cette introduction au numéro spécial se veut critique face à la discipline des Relations internationales, qui a souffert d’un cloisonnement scientifique des questions de genre. En science politique, cela peut s’expliquer partiellement par la création d’un sous-champ distinct pour étudier les questions liées au genre (Alonso et Lombardo 2016). Étape pourtant nécessaire à l’avancement des connaissances sur le genre, cette séparation a permis aux approches traditionnelles et critiques d’évoluer en parallèle, plutôt que d’encourager un pluralisme ontologique et épistémologique au coeur des grands débats. L’historiographie des Relations internationales rend compte du clivage entre positivistes et postpositivistes, mais ce débat ne met guère en lumière l’apport des approches genrées aux problématiques de recherche (centrées sur le conflit et la coopération internationale), qui sont centrales à l’évolution de la discipline (Marchand 1998). Certains auteurs avancent même que ce troisième débat en ri a nui au féminisme, comme nous le rappelle Leah Sarson dans ce numéro (Ship 1994 ; Sylvester 2004). Il faudrait ajouter par ailleurs que certaines théoriciennes féministes s’opposent à ce que la « variable genre » soit normalisée ainsi, car cela risque d’éclipser les perspectives féministes constructivistes ou postmodernes qui ne sont pas portées par les mêmes élans épistémologiques (Steans 2003). Dans le cadre de ce numéro spécial, nous nous intéressons aussi aux dynamiques de genre qui façonnent notre environnement de recherche, une considération professionnelle importante pour plusieurs des auteures. Cette dimension nous pousse vers un questionnement plus approfondi sur les inégalités basées sur le genre dans la discipline des ri, mais aussi vers des considérations plus pratiques comme la recherche de terrain et la façon dont cette expérience professionnelle peut être vécue de façon différente par les hommes et par les femmes. Comment donc réconcilier identité, objet de recherche et contribution scientifique ? Ce questionnement nécessite un exercice profondément introspectif, que nous avons proposé aux auteures de ce numéro. Les contributions s’articulent ainsi autour de trois défis : Les femmes qui ont contribué à ce numéro spécial ont réfléchi à une ou plusieurs de ces questions. Nous avons ainsi traité de la place des femmes dans le domaine des Relations internationales, de leurs contraintes, de leurs influences et, somme toute, de leur apport scientifique aux Relations internationales axées sur les questions de sécurité, un domaine particulièrement masculin, tant à cause de la surreprésentation des hommes que de l’aspect militarisé des études stratégiques. Dans ce numéro d’Études internationales, nous nous sommes souciées de présenter plusieurs perspectives ontologiques, épistémologiques et méthodologiques pour élargir le …

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