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Quand l’association opère comme un laboratoire[Record]

  • Caroline Leininger-Frezal

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  • Caroline Leininger-Frezal
    Maitre de conférences en didactique de la géographie à l'Université Paris Diderot. Elle travaille au sein du laboratoire de Didactique André Revuz sur l'enseignement des questions socialement vives. Elle a soutenu une thèse sur Le développement durable et ses enjeux éducatifs : acteurs, savoirs et territoires sous la direction d'Isabelle Lefort, Université Lumières Lyon 2

La recherche doctorale présentée ici (Leininger-Frézal, 2009) s’est faite au sein d’une association, le GRAINE Rhône-Alpes qui est le réseau des parties prenantes de l’éducation à l’environnement et au développement durable (EEDD) sur le territoire régional. Le GRAINE n’était pas le sujet de recherche, mais il a constitué le milieu dans lequel a été effectuée cette recherche. L’auteure a en effet été recrutée par le Rectorat de Lyon en tant que professeur-relais au sein de l’association pour favoriser les liens entre l’Éducation nationale, les enseignants et les acteurs de l’EEDD. Le poste de professeur-relais au sein du GRAINE Rhône-Alpes a rendu possible la recherche doctorale évoquée. L’association a été un lieu de cueillette de données et de productions de savoirs scientifiques. Un lieu est un « élément de base de l’espace géographique […] un point, mais un point singulier, identifiable et identifié, distinct des autres. » (Brunet, Ferras, et Théry, 1992, p. 298). Le GRAINE a été un lieu au sens premier du terme : des bureaux où nous avons travaillé ensemble. Ce qui a rendu ce travail possible, ce sont nos échanges continus au cours des quatre années de la recherche doctorale. L’enjeu de ce texte est de saisir comment les interactions association/chercheur se sont opérées. L’hypothèse qui guide cette réflexion est que l’association a joué le rôle d’un laboratoire. Nous allons explorer cette hypothèse par le biais d’une relecture distanciée de la thèse et plus particulièrement d’une action de recherche réalisée conjointement avec l’association, soit une enquête internet réalisée auprès d’enseignants de l’Académie de Lyon sur les pratiques en EEDD. La reconstruction a posteriori soulève trois biais possibles. Tout d’abord, le cadre théorique proposé par la thèse ne permet pas d’explorer en profondeur ce questionnement. Nous avons dû l’enrichir. C’est sur la sociologie de la traduction (Callon, Lascoumes et Barthe, 2001) et les travaux de Latour et Woolgar (1979) que nous nous appuierons. Par ailleurs, les traces (comme le carnet de recherche et les notes) n’ont pas toutes été conservées. Le matériau est donc plus restreint que lors de la recherche initiale. Enfin, il y a toujours le risque de vouloir distordre la réalité pour valider l’hypothèse émise. Pour éviter ces pièges, nous avons travaillé principalement à partir de la thèse telle qu’elle a été soutenue. En tenant compte des remarques précédentes, nous montrerons dans un premier temps, que le questionnement de la recherche doctorale s’est construit dans l’interaction avec les acteurs du GRAINE Rhône-Alpes et est entré en résonnance avec les préoccupations de l’association, ce qui a débouché sur un dispositif de recherche partenariale dans lequel l’association, mais également le Rectorat, ont été impliqués. Néanmoins, parler de recherche partenariale ne permet pas d’épuiser les interactions chercheure/association : c’est ce qui nous conduira dans un second temps à mobiliser le concept de laboratoire pour modéliser les interactions chercheure/association. Le GRAINE Rhône-Alpes a été en tant qu’association et en tant que réseau, le médiateur grâce auquel a émergé le questionnement de recherche sur lequel s’est construite la thèse mentionnée ci-dessus. Cette thèse s’appuie sur un mémoire de Master 2 (Frézal, 2005) qui a conduit au constat que le territoire est un terme très présent dans le discours des éducateurs à l’environnement pour désigner le local, l’espace de vie du public ; celui-ci est arpenté en animation, la finalité des animations étant de modifier le lien du public à son environnement proche. Le terme de territoire tel qu’il est employé ici, ne correspond pas à son acception géographique : « un espace approprié avec conscience de son appropriation » (Brunet et coll.., 1992, p. 480). Paradoxalement, le contenu des animations …

Appendices