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S'il était besoin de montrer qu'il est possible de travailler au sein d'un service de l'État, celui du ministère de l'Éducation nationale, et de défendre une cause âprement, Yannick Bruxelle en serait l'illustration. Enseignante de sciences de la vie et de la terre, puis chargée de mission à la Direction académique à l'éducation artistique et à l'action culturelle au sein de l'Académie de Poitiers, elle a participé à la création du réseau École et Nature et du GRAINE – Groupe Régional d’Animation et d’Initiation à la Nature et à l’Environnement - Poitou Charentes, cherchant tout au long de sa vie à créer des liens entre l'école et le monde associatif et à renforcer ceux qui se tissent entre les personnes.

Le moteur de son engagement : le partenariat apprenant, cherchant à soutenir que « face à la complexité du monde, on est de moins en moins compétent tout seul » (2001, p. 39) et que seul le rassemblement des compétences permettra de modifier les relations humaines qui alors, contribueront à des changements sociaux importants.

L'unique partenariat dont il était question pour elle était le partenariat de réciprocité, « lorsque tous les partenaires cheminent réellement ensemble du début du projet à son évaluation, lorsque toutes les compétences sont prises en compte et jugées complémentaires, lorsque la relation est horizontale, sans assujettissement et sans prise de pouvoir » (Idem, p. 53). Elle ne se contentait pas de l'écrire, mais l'animait dans le quotidien de son travail et de ses engagements associatifs.

Comme présidente du GRAINE Poitou-Charentes, elle avait initié avec quelques collègues le travail de co-écriture de la Charte de qualité de l’Éducation Environnementale au cours de l’année 1993[1] . Travailler avec Yannick c'était la certitude que chacun serait écouté dans ses positions et que le temps serait donné à la co-construction du projet, passant de la diversité des points de vue à la complexité du choix réalisé. « Un plus un égale trois » disait-elle toujours, accompagnant l'émergence du tiers inclus, de la proposition inattendue survenant du tissage de la différence.

Différence des institutions ou des organisations et différence entre les êtres, c’est dans cette marge, en bordure du cadre qu’elle aimait favoriser l’apprenance dans un bain de bienveillance, démontrant combien ce type de partenariat qui va au bout de la démarche est « apprenant », car on en sort un peu différent. L’accueil et la convivialité étaient au cœur de sa pratique de formatrice et de sa façon d’être au quotidien.

Yannick Bruxelle nous a quittés en 2017. La revue Éducation relative à l’environnement tient à lui rendre hommage. C'est l'occasion pour nous de rappeler combien travailler avec elle était fécond et enthousiasmant, et de relire ses écrits toujours nourrissants.