Depuis quarante ans, le changement climatique (CC) s’est accéléré de façon alarmante en raison des émissions de gaz à effet de serre d’origine anthropique dans le contexte des sociétés de surconsommation (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat - GIEC, 2021). Le CC appauvrit les écosystèmes des cinq continents et ceux des océans, mettant en danger la vie sur Terre. Ce phénomène constitue non seulement le plus grand défi écologique que l’humanité doit affronter actuellement, mais aussi le plus grand défi social (GIEC, 2021 ; Incropera, 2016). Le CC affecte notre santé, réduit l’accessibilité à l’eau, menace la biodiversité, nuit à la sécurité alimentaire, exacerbe les inégalités, entraîne l’intensification des conflits et des déplacements massifs de populations (Welzer, 2012). La réduction des sources de gaz à effet de serre devient donc une exigence mondiale pour atténuer le CC (GIEC, 2021). Or l’éducation relative au changement climatique (ERCC) peut jouer un rôle de premier plan pour donner accès aux connaissances, développer un jugement critique et un pouvoir-agir, de façon à inspirer et soutenir des actions visant l’atténuation du CC (Anderson et Brows, 2011 ; Didham, Doyle, Klein et Thoresen, 2015). La formation des personnes élu.e.s, du grand public et des jeunes en ce sens constitue une priorité (CCNUCC - Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques, 2015 ; Riechmann, 2015). Depuis l’adoption de l’Accord de Paris (CCNUCC, 2015), l’éducation est en effet reconnue à l’échelle internationale comme un outil essentiel d’information, de sensibilisation et de participation du public à la lutte contre le CC (Article 12). L’ERCC devient ainsi un domaine fondamental et transdisciplinaire de recherche et de formation des citoyens et citoyennes du XXIe siècle, faisant appel à toutes les disciplines de la connaissance. En tant que domaine transversal, l’ERCC devrait également être soutenue par les diverses politiques publiques d’ordre social, environnemental, énergétique et éducatif, dans tous les pays du monde. L’ERCC a en effet pour visée de favoriser un meilleur vivre ensemble sur Terre dans le contexte actuel qui fait appel à une profonde transformation écosociale. Dans la foulée de l’Accord de Paris (CCNUCC, 2015), le Pacte de Glasgow (CCNUCC, 2021) a réitéré l’importance de l’ERCC pour limiter le réchauffement à 1,5 degré Celsius. Parmi les aspects fondamentaux abordés lors de la Conférence de Glasgow qui devraient, entre autres, être abordés par l’ERCC se trouvent 1) les causes et les conséquences du changement climatique, 2) l'augmentation des pertes (humaines, économiques, environnementales) associées au CC et plus spécifiquement, à la consommation de combustibles fossiles, 3) le drame de l'injustice écosociale et ses conséquences, 4) le fonctionnement et la normativisation des marchés du carbone. En effet, l’ERCC doit premièrement devenir un espace éducatif où les citoyennes et citoyens sont informé.e.s et sensibilisé.e.s aux causes et aux conséquences du CC, en mettant l'accent sur l'augmentation anormale des événements météorologiques extrêmes et les pertes de toutes sortes qu'ils entraînent pour la planète, pour le monde vivant, dont l'humanité tout entière. En ce sens, l'ERCC doit faire écho au fait que le bénéfice économique associé aux actions humaines qui causent le changement climatique est actuellement inférieur aux pertes économiques, environnementales et humaines que celles-ci produisent. Parmi des centaines d’exemples, mentionnons les deux suivants signalés par Castillo (2016) : le renforcement des digues de la Nouvelle-Orléans après l'ouragan Katrina en 2005 ayant causé la mort de1 800 personnes, a coûté 4,5 milliards de dollars ; le gouvernement des Pays-Bas prévoit dépenser 1 000 millions d'euros par année pour retenir la montée du niveau de la mer qui menace d'inonder ses terres. Deuxièmement, l’ERCC doit contribuer à la reconnaissance de la gravité des conséquences …
Appendices
Bibliographie
- Anderson, K. et Brows, A. (2011). Beyond dangerous climate change : emission scenarios for a new world. Philosophical Transactions of the Royal Society, 369. Consulté sur https://royalsocietypublishing.org/doi/pdf/10.1098/rsta.2010.0290
- Castillo, J-M. (2016). Los negocios del cambio climático. Virus.
- Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (2015). Accord de Paris. Organisation des Nations Unies.
- Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (2021). Accord de Glasgow. Organisation des Nations Unies.
- Didham, R.J., Declan, D., Klein, J., Thoresen, V.W. (2015). Responsible Living : Concepts, Education and Future Perspectives. Springer International Publishing Switzerland.
- Groupe d'Experts Intergouvernemental sur l'Évolution du Climat (2021). Sixième rapport d’évaluation. Programme des Nations Unies pour l’Environnement.
- Incropera, F.P. Climate Change : A wicked Problem. Cambridge : Cambridge University Press.
- Léveillé, J-T. (2019, septembre 28). Grève mondiale pour le climat : foule record à Montréal. La Presse. Consulté sur https://www.lapresse.ca/actualites/environnement/2019-09-28/greve-mondiale-pour-le-climat-foule-record-a-montreal
- Meira Cartea, P.A. (2008). Comunicar el cambio climático. Escenario social y líneas de actuación. Ministerio de Medio Ambiente y Medio Rural y Marino.
- Pruneau, D., Khattabi, A. et Demers, M. (2008). Éduquer et communiquer en matière de changements climatiques : défis et possibilités. VertigO, 8 (2), p. 1-9. Consulté sur https://vertigo.revues.org/4995
- Riechmann, J. (2015). Autoconstrucción. La transformación cultural que necesitamos. Madrid : La Catarata.
- Sauvé, L. (2014). Au cœur des questions socio-écologiques : des savoirs à construire, des compétences à développer. Éducation relative à l'environnement, 11. Consulté sur https://journals.openedition.org/ere/662
- Welzer, H. (2012). Guerras climáticas. Buenos Aires : Katz Editores.