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Little Jack and other Newfoundland Folktales. Par John D. A. Widdowson, dir. (St. John’s : Memorial University of Newfoundland, Folklore and Language Publications, 2002. Pp. xiii + 245, ISBN 0-88901-363-2).[Record]

  • Mathieu Perron

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  • Mathieu Perron
    Saint-Pascal, Québec

C’est à partir du milieu des années 1960, au moment où est créé le département de folklore de l’Université Memorial, que la collecte systématique des contes de Terre-Neuve et du Labrador a commencé à l’initiative d’Herbert Halpert. Cette collecte, effectuée le plus souvent dans des villages côtiers isolés (dont plusieurs n’avaient pas encore l’électricité), a permis de mettre à jour un répertoire qui, à l’époque, n’était déjà plus vivant dans la plupart des autres cultures anglo-saxonnes, partout sur la planète. Toutefois, cette tradition montrait des signes d’essoufflement, se voyant peu à peu reléguée à l’oubli, notamment en raison de l’arrivée de nouveaux divertissements — dont la radio — et de la scolarisation accrue de la population. En 1976, Herbert Halpert et John D.A. Widdowson commencent à transcrire les contes recueillis… mais ces travaux ne font pas tout de suite l’objet d’une importante publication. Il faut en effet attendre 1996 pour que Widdowson et Halpert publient aux éditions Garland l’imposant Folktales of Newfoundland. The Resilience of the Oral Tradition. Destiné d’abord à un lectorat universitaire, cet ouvrage rigoureux présente, en deux volumes, 150 contes terre-neuviens abondamment annotés et analysés. Cet ouvrage est le premier à dresser un portrait global de l’abondante collecte de contes conservée dans les Archives de la langue et du folklore de l’Université Memorial (MUNFLA), de même que des recherches effectuées sur ce corpus. En 2002, Widdowson publie Little Jack and Other Newfoundland Folktales, qu’il dédie à la mémoire de Herbert Halpert. Cette fois, il choisit 50 contes parmi les 150 publiés dans le précédent ouvrage et les donne à lire sous une autre forme : il soustrait l’appareil critique qui les accompagnait afin d’en faciliter la lecture. Il cherche ainsi à atteindre un public plus large, à qui n’était pas destiné Folktales of Newfoundland, et en particulier la communauté qui a longtemps conservé oralement ce répertoire : « the present volume makes many of the stories available to the general reader, and allows us to give back to the people of Newfoundland and Labrador a selection of the tales that they so generously shared with the collectors over the years » (xi). Cependant, si l’éditeur souhaitait, par cette publication, rejoindre directement le grand public, je crois qu’il aurait dû présenter les textes d’une façon moins « sobrement universitaire » : caractères petits, texte resserré, absence d’images et de photographies, suite de contes qui sont en fait des variations autour d’un même thème (cela est intéressant en soi, mais difficile d’approche pour un néophyte). Le passionné de contes passera facilement outre et pourra apprécier cette anthologie où des conteurs, qui ne se sont probablement jamais rencontrés, semblent ici se relancer pour notre plus grand plaisir. Cette édition s’avérera aussi très intéressante pour des étudiants qui veulent s’initier au conte traditionnel. Widdowson, spécialiste de l’anglais parlé dans les différentes régions de Terre-Neuve et du Labrador, a tenté de transcrire les contes aussi près que possible de la version enregistrée. Cela permet au lecteur d’apprécier ces contes comme témoignages « ethnolinguistiques », mais aussi de rendre sensible la vitalité et la musicalité de la langue, le rythme et les tics propres à chaque conteur. Comment ne pas apprécier cet épilogue des deux contes d’Albert Heber Keeping : « (…) they got married, an’ they were havin’ babies in basketfuls when I left. And all they give me is a slipper an’ a glass. I come all the way slidin’ on my ass » (91) ? Les mots et expressions plus inhabituels sont heureusement définis à la fin de chaque conte, bien que le lexique soit peu pratique …

Appendices