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Multiculturalism, Interculturality and Diversity in Education. An Anthropological Approach. Par Gunther Dietz (München, Waxmann, 2009. Pp. 183, ISBN 978-3-8309-2197-4)[Record]

  • Stéphanie Arsenault

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  • Stéphanie Arsenault
    Université Laval

Dans cet ouvrage fort dense, le concept central de multiculturalisme désigne l’ensemble des associations, communautés, institutions ou mouvements engagés dans la mise en valeur des différences ethniques et culturelles de même que leurs luttes diverses visant à pluraliser les sociétés dans lesquelles ils s’inscrivent et évoluent, dans ce cas-ci, les sociétés d’origine européenne. Il s’agit donc d’une acception beaucoup plus large que celle accordée au multiculturalisme au sens de la Loi sur le multiculturalisme canadien. En peu de pages (183), l’auteur retourne, de façon critique, aux origines des différents mouvements de protestations sociales ayant eu cours dans les sociétés d’origine européenne pour une reconnaissance ou une valorisation de la diversité ainsi que sur les processus d’institutionnalisation et de pédagogisation en découlant (Chapitre 1), il aborde l’impact de cette institutionnalisation sur la configuration de nouvelles disciplines et approches académiques penchées sur l’interculturalité et la diversité (Chapitre 2), il présente le corpus théorique et conceptuel apporté par l’anthropologie à l’étude des phénomènes interculturels ainsi que les transformations structurelles au coeur des états-nations contemporains dans un contexte où des processus de diversification identitaire et institutionnelle supranationaux, intra-nationaux et transnationaux se développent (Chapitre 3) et, finalement, il propose une intégration conceptuelle anthropologique au modèle d’étude ethnographique de l’éducation interculturelle qui permette d’éviter un certain réductionnisme ou une certaine instrumentalisation de laquelle la « school ethnography » a souvent souffert (Chapitre 4). L’auteur cherche en définitive à présenter une perspective et un point de vue selon lequel l’éducation interculturelle ne saurait être conçue et réduite à une réaction académique et professionnelle à l’arrivée et à l’intégration des « autres » au système scolaire. Il cherche en outre à dénoncer le fait que les programmes ou stratégies d’éducation interculturelle se résument trop souvent à cibler les autres comme étant problématiques dans le cadre du système en place, sans jamais remettre en cause les fondements de ce système à fonction uniformisante. Dietz articule une argumentation visant à démontrer que le traitement différencié — que ce soit par des visées assimilationnistes, ségrégationnistes, intégrationnistes ou de remise en cause du pouvoir dominant — accordé par les systèmes éducatifs officiels à des groupes identifiés comme minoritaires fait partie intégrante des politiques identitaires des états-nations. Les perceptions de l’« autre » (otherness) ainsi créées sont en ce sens à la fois produits et productrices d’identité. Pour l’auteur, les pédagogies tant nationalistes que multiculturalistes (ou ethnicistes) émanent de politiques identitaires qui reposent sur des stratégies qui cherchent à établir, maintenir et légitimer les frontières entre « eux » et « nous ». Toujours selon l’auteur, à la manière dont l’ethnicité nécessite un antagoniste devant lequel se définir, le nationalisme culturel et linguistique requiert d’un « autre » pour se développer. L’auteur affirme que les différentes politiques de la différence appliquées dans les milieux scolaires et éducatifs, comme c’est le cas en Espagne, induisent généralement une conception de l’autre fondamentalement problématique où les solutions deviennent culturalistes et où les inégalités socioéconomiques, politiques et légales sont interprétées comme relevant des différences culturelles. Dans cette même perspective, faire de la diversité ou de l’intégration des migrants en milieu scolaire un problème est une voie erronée. « Le problème, ce ne sont pas les immigrants. L’obstacle principal auquel se trouve confrontée toute stratégie visant à interculturaliser l’éducation est l’institution scolaire en elle-même, profondément ancrée dans une pédagogie nationaliste qui prend racine dans la nature même de l’état-nation. Selon l’analyse présentée, il est urgent qu’une perspective de la diversité en milieu scolaire reconnaisse l’hétérogénéité comme normale et qu’elle soit à même de rende visible les multiples formes de diversité identitaire existante, mais souvent invisible ou …

Appendices