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Cimetières. Patrimoine pour les vivants. Dirigé par Jean Simard et François Brault. (Québec, Éditions GID, 2008, Pp. 451. ISBN 978-2-922668-41-4)[Record]

  • Robert David Guerdy Célestin

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  • Robert David Guerdy Célestin
    Université d’État d’Haïti et Université Laval

Ce livre, paru sous la direction de Jean Simard, avec la collaboration du photographe François Brault, est une anthologie de témoignages sur un patrimoine qui permet aux vivants de rendre hommage à leurs ancêtres disparus. Véritables laboratoires ethnographiques, les cimetières sont présentés comme étant le reflet de la société à laquelle ils appartiennent. Ils fournissent des informations sur la généalogie et la structure sociale de la communauté. Dans sa présentation, Jean Simard évoque les problèmes que connaissent les cimetières aujourd’hui et pose la question de leur avenir étant donné le déclin des pratiques et coutumes traditionnelles. À travers ce recueil de quatre chapitres réalisé avec l’apport d’une équipe pluridisciplinaire de onze spécialistes, les différentes facettes que revêtent ces lieux de mémoire ont été mises à découvert. De plus, avec le support de la photographie, l’analyse des diverses thématiques découlant de cette étude parait être plus évidente au point de vue de leur interprétation. Cet ouvrage représente une contribution importante aux connaissances sur les cimetières et les rites mortuaires au Québec, mais aussi ailleurs dans le monde dans la mesure où il peut servir de modèle. Il offre aussi une bibliographie d’une grande richesse à quiconque est intéressé par de tels sujets. Dans le premier chapitre, la géographe Lorraine Guay présente l’évolution typologique des cimetières du Québec. Cette évolution est, à la base, influencée par une mutation observée au niveau des rites et pratiques mortuaires qui sont influencés à leur tour par les nouvelles techniques scientifiques. L’auteure fait aussi mention des problèmes relatifs à l’urbanisation croissante et à la diversification des modes de sépulture. Pour établir l’évolution des relations entre les vivants et les morts à travers les multiples pratiques cultuelles, une étude chronologique de ces lieux sépulcraux a été réalisée, du cimetière primitif jusqu’au cimetière contemporain. L’utilisation des cartes, des plans de localisation, des dessins et des photos de cimetières dans la ville du Québec, permet de comprendre l’évolution de ces espaces. L’ouvrage se poursuit avec les travaux effectués par l’ethnologue et botaniste Jacques Rousseau auprès des Amérindiens dans la forêt boréale. En analysant leurs rites de passage et les manifestations face à la mort, ses recherches contribuent à expliciter leur fidélité aux traditions ancestrales, mais aussi la perméabilité de leurs rites funéraires face à la nouveauté. Ces derniers ont été, à l’origine, inspirés de la tradition européenne, mais, au fil du temps, ils sont altérés par l’évolution des moeurs et coutumes d’une société qui semble être assujettie aux lois de la technologie grandissante. En effet, l’apparition de nouvelles pratiques comme « la crémation » et la création de centres funéraires sont des exemples annonciateurs de changements profonds sur le plan des pratiques ancestrales. Les valeurs traditionnelles, véhiculées depuis très longtemps, sont de nos jours reléguées à un niveau secondaire. De plus, viennent s’ajouter les campagnes de déchristianisation qui consacrent la perte du pouvoir « suprême » et des privilèges qu’avaient les autorités ecclésiastiques, particulièrement l’Église catholique, en matière d’inhumation. Cette présentation prend aussi en considération l’organisation spatiale des cimetières du Québec, ainsi que leur ancrage territorial. En évoquant la perte de références religieuses dans les rituels funéraires, les auteurs du second chapitre, Serge Gagnon et Pierrette Maurais, soulignent la marginalisation et les inégalités sociales entretenues par l’Église. Les campagnes de déchristianisation ont par conséquent abouti à l’épuisement de la discrimination des clans religieux. Le combat pour les funérailles d’inspiration religieuse devient désuet et la construction de plusieurs chapelles privées, malgré les réticences des prêtres, est devenue une réalité. Malgré tout, la ritualisation dominée par la foi en la résurrection et le refus d’acceptation d’un contexte multiconfessionnel et multiculturel tardent …

Appendices