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Chine-Europe-Amérique. Rencontres et échanges de Marco Polo à nos jours. Dirigé par Shenwen Li. (Québec : Presses de l’Université Laval, Collection InterCultures, 2009. Pp. 468, ISBN 978-2-7637-8353-6)[Record]

  • Marie-Hélène Janvier

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  • Marie-Hélène Janvier
    Université Laval

Cette publication réunit les articles de vingt-deux chercheurs spécialistes des relations entre la Chine et l’Occident. Son maître d’oeuvre, Shenwen Li, a rédigé une introduction générale afin de donner un aperçu de l’histoire de ces relations pour ensuite présenter les trois parties de l’ouvrage : la représentation de la Chine en Occident (13-158) ; le christianisme et les activités missionnaires en Chine (161-391) ; et les contacts commerciaux, politiques et culturels (395-468). Cet ouvrage est très bien organisé et structuré puisque le lecteur suit sans difficulté l’articulation entre les parties thématiques et saisit bien la cohérence de l’ensemble. Les études sont fort bien rédigées et documentées ; certaines d’entre elles sont complétées par des tableaux, des graphiques et des notes explicatives qui en facilitent la lecture. La première partie, traitant de l’image de la Chine dans le monde occidental, débute par l’article de Li Zh’an, professeur de l’Université de Nankai en Chine et spécialiste de l’histoire de la dynastie des Yuan, qui s’intéresse au récit tant controversé de Marco Polo. Il se positionne dans le débat toujours d’actualité opposant les spécialistes qui considèrent que ce récit de voyage est une fiction et ceux qui, comme lui, le considèrent comme une réalité historique. Pour ce faire, l’auteur a utilisé des sources chinoises sur les événements historiques de la période mongole afin d’authentifier la véracité des informations trouvées dans le Livre des Merveilles. Michel Cartier, directeur de l’École des hautes études en sciences sociales de Paris, se penche sur la vision de la Chine qu’entretiennent les Européens entre le XVIe et le XVIIIe siècle. Il aborde plus directement la question de l’image de « l’Empire du Milieu » chez les marchands, les explorateurs et les philosophes. S’appuyant sur les écrits de l’époque comme sources de première main, l’auteur constate que les contacts initiaux avec cet empire lointain ont eu lieu uniquement dans les ports, donc en périphérie d’une Chine mal connue. Par conséquent, seule une image des marges maritimes et portuaires de la civilisation chinoise parvenait en Europe. Les missionnaires jésuites dépeignirent la Chine tout autrement, car ils purent aller au-delà des ports et pénétrer à l’intérieur de l’empire. L’auteur insiste sur l’importance de ces écrits, qui eurent un impact sur la formation des idéaux philosophiques en France, en nourrissant le débat entre sinophobes et sinophiles ainsi que la recherche d’un nouveau modèle pour la France, voire pour l’Europe toute entière. Professeure au Département de philosophie de l’Université de Montréal, Anna Ghiglione vise à exposer la perception et la réception de la pensée philosophique chinoise en Occident, du XVIIe siècle à nos jours. Son étude concise et complète lui permet de déterminer que le contexte historique, qu’il soit chinois ou occidental, joue un rôle clé dans la vision de la pensée philosophique chinoise au-delà de l’Orient. Elle emploie d’ailleurs le terme « inséparable » pour qualifier l’importance du lien entre l’évolution des contacts Orient-Occident et l’adoption de la philosophie chinoise au sein de ce dernier monde. Paul Servais, professeur de l’Université catholique de Louvain, s’est intéressé à un personnage spécifique, Charles de Harlez de Deulin, fondateur des études sinologiques dans cette même université. L’auteur s’interroge sur les représentations élogieuses et flatteuses de la Chine transmises par ce dernier, plus particulièrement dans sa présentation de la poésie chinoise. Or, toujours selon Paul Servais, Harlez avait une connaissance incomplète de ce pays lointain puisqu’il n’avait eu entre les mains qu’une infime partie des textes disponibles, qui étaient pour la plupart retravaillés ou en partie censurés. Au fil de ses écrits, ce dernier aurait tenté de faire renaître la sinophilie au …