L’ouvrage Éthique des rapports Nord-Sud. Regards croisés est paru en 2010 aux Presses de l’Université Laval. Si le titre de l’ouvrage est déjà en lui-même très évocateur, l’image de la page de couverture est aussi significative puisqu’elle représente une foule en liesse portant des couleurs différentes et allant dans une même direction. Elle évoque l’idée que le monde est constitué de pays de tailles et de poids politiques et économiques différents, mais que tous sont appelés à collaborer de manière équitable, puisqu’ils ont tous des destins communs. Paru sous la direction du regretté Gérard Verna, professeur titulaire au Département de management de l’Université Laval, et de Florence Piron, professeure agrégée au Département d’information et de communication, avec la collaboration de Corinne Béguerie, cet ouvrage de 362 pages se veut un manuel de réflexion sur la composante éthique des relations entre le Nord et le Sud, ou entre les riches et les moins riches. Divisé en quatre parties, cet ouvrage est constitué de seize contributions toutes plus originales les unes que les autres. Ses différents auteurs se sont intéressés à ce qu’est l’éthique et ses enjeux en économie et en politique. En passant en revue les grandes crises économiques du monde actuel, les dérives boursières, les scandales politiques, les délits d’initiés, la corruption, ainsi que diverses situations pratiques à travers le monde, ces auteurs n’ont pas hésité à pointer du doigt les inégalités entre les pays du Nord et ceux du Sud. Dans leurs propos, il est clairement établi que l’éthique est une chose complexe et qu’elle dépend fortement de notre culture et de notre histoire. L’éthique est définie sous la plume de Florence Piron comme étant à la fois un domaine de réflexion qui suscite une prise de conscience de l’interdépendance entre les pays et les humains, mais aussi un outil de combat et de participation des acteurs (à travers la société civile organisée) pour faire pression sur les États afin que ceux-ci puissent faire des choix moraux et acceptables. Pour elle, En se référant à la Déclaration universelle des droits de l’Homme, l’auteure pense qu’aucune éthique de responsabilité ne peut naître d’une « attitude d’indifférence à la souffrance d’une immense partie de l’humanité, attitude immorale entre toutes » (2). Elle évoque le concept de « capabilité » développé par l’économiste Amartya Sen pour faire comprendre qu’il peut exister un minimum de bien-être social, politique et économique, permettant à une personne d’avoir une vie digne et satisfaisante. Cette dernière peut être évaluée autrement que par le modèle de la performance mesurée à partir des indicateurs abstraits (PNB, PIB, longévité, taux d’analphabétisme, etc.) qui ne reflètent pas toujours les conditions réelles de vie et d’existence des individus. Enfin, elle rappelle le concept de « développement durable ou soutenable » proposé par le rapport Brundtland, adopté à la Conférence de Rio en 1992, qui invite les pays du Nord et du Sud à se solidariser face à des périls communs. De son côté, Gérard Verna démontre assez clairement que les inégalités politiques et économiques résultent de pratiques et de cultures différentes selon les pays. Partant des idées du sociologue Max Weber, pour qui « la forme la plus courante la légitimité, c’est la foi dans la légalité » (11), Verna invite à établir une distinction entre les notions de « légalité » et de « légitimité ». Il propose une réflexion sur ces notions en analysant des situations de violence légale, d’informalité et de criminalité en France et dans le monde contemporain. Son analyse permet de caractériser différents types de manquement à l’éthique au sein des rapports nord-sud, lesquels sont typiques de …
Éthique des rapports Nord-Sud. Regards croisés. Dirigé par † Gérard Verna et Florence Piron (Québec, 2010, Presses de l’Université Laval. Pp. 380. ISBN : 978-2-7637-8992-7).[Record]
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Kenrick Demesvar
Université LavalSamuel Régulus
Université Laval