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Michelle Landry. L’Acadie politique. Histoire sociopolitique de l’Acadie du Nouveau-Brunswick. (Québec, Presses de l’Université Laval, 2015, Pp. 170. Coll. « Langues officielles et sociétés ». ISBN 978-2-7637-2340-2)[Record]

  • Mathieu Wade

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  • Mathieu Wade
    Université du Québec à Montréal

La monographie de Michelle Landry propose un survol du parcours sociopolitique de l’Acadie. L’Acadie politique : histoire sociopolitique de l’Acadie du Nouveau-Brunswick, le second ouvrage paru dans la nouvelle collection « Langues officielles et sociétés » des Presses de l’Université Laval, porte sur « les luttes et les mobilisations politiques des Acadiens du Nouveau-Brunswick » (7) visant à définir leurs frontières en l’absence d’un État leur appartenant. Les six chapitres qui composent l’ouvrage correspondent à six périodes selon elle distinctes de l’histoire de l’Acadie, chacune caractérisée par des moyens d’action, un rapport aux institutions et des représentations particuliers. La thèse centrale de Landry est que la périodisation classique présentant « une Acadie traditionnelle et une Acadie moderne à partir des années 1960 » est erronée et que « l’Acadie du passé ne peut être qualifiée de traditionnelle, même avant les déportations, puisque les colons français sont arrivés en Amérique dans le mouvement de modernité qui se déployait en Europe » (4). Cependant, l’Acadie comme entité politique, elle, ne serait apparue que dans les années 1860 avec la formulation d’une idéologie nationale qui s’est consolidée dans à la fin du 19e siècle. Bien que traditionnaliste, cette idéologie était néanmoins moderne. Les six chapitres retracent ainsi ce qu’elle considère être six grands moments du nationalisme acadien au lieu des deux périodes qui caractériseraient l’essentiel de la littérature. Le premier chapitre de l’ouvrage est consacré à « la définition de la nation », à la construction d’une référence collective traditionnaliste permettant aux Acadiens de se représenter en tant que groupe distinct du Canada français et des autres minorités ethniques au pays. Le deuxième chapitre de l’ouvrage porte sur la « timide institutionnalisation » qui a suivi la Convention de 1881, jusqu’aux années 1930. « L’ère de l’éducation… et du clergé », le troisième chapitre, couvre une période de 30 ans allant de 1930 à 1960, pendant laquelle l’idéologie traditionaliste de l’élite clérico-professionnelle a connu son apogée. Le quatrième chapitre, « Étatisation et éclatement du discours » retrace la révolution tranquille néo-brunswickoise des années 1960 avec l’élection de Louis J. Robichaud. L’étatisation de la société initiée par Robichaud a marqué une transformation en profondeur des structures organisationnelles acadiennes, qui se sont modernisées. L’Église qui était devenue l’institution centrale du nationalisme acadien a été délaissée et la société s’est retrouvée « face à l’État ». Le cinquième chapitre porte sur la réorganisation de la société civile acadienne et la lutte pour trouver le porte-parole légitime du peuple acadien dans les années 1970 et 1980. Le sixième et dernier chapitre, « Entre prise de sang et prise de parole », porte sur les années 1990 jusqu’à 2014 et s’intérresse tout particulièrement aux tensions entre une définition ethnique et une définition nationale de l’identité acadienne, représentée notamment au sein des Congrès mondiaux acadiens. Landry propose un ouvrage clair, qui retrace les moments les mieux connus de l’histoire acadienne en s’appuyant sur des sources secondaire, mais qui demeure au final trop descriptif et sans thèse forte. La thèse centrale de Landry, à savoir que la révolution tranquille ne marquerait pas le passage d’une Acadie traditionnelle à une Acadie moderne n’est pas tout à fait originale – elle a été formulée par Joseph Yvon Thériault, notamment – et n’est jamais clairement présentée et théorisée. La thèse d’une modernité inhérente à l’Acadie lui sert surtout à dresser un portrait relativement linéaire du parcours acadien depuis 1860. Les six chapitres qui composent l’ouvrage et qui représentent en principe les grands moments du nationalisme ne sont pas conceptualisés. Landry propose plutôt un récit descriptif des moments centraux du nationalisme acadien …