TY - JOUR ID - 008481ar T1 - Laissez-passer pour Le désert de Loti : de la relecture aux frontières de l’altérité et de l’illisible A1 - Bouvet, Rachel JO - Études françaises VL - 40 IS - 1 SP - 149 EP - 168 SN - 0014-2085 Y1 - 2004 Y2 - 03/28/2024 10:27 p.m. PB - Les Presses de l'Université de Montréal LA - FR AB - Cet article se propose d’envisager le récit de voyage de Pierre Loti à travers le Sinaï intitulé Le désert dans la perspective de la lecture et de l’altérité. Trois étapes sont distinguées dans ce voyage, au cours desquelles la tension entre soi et l’autre se transforme considérablement. Loin de s’engager tout de suite sur la voie de l’altérité, le périple est tout d’abord ponctué par des références à l’univers judéo-chrétien. Voyager consiste dans un premier temps à relire la Bible, l’Exode en particulier, puis dans un deuxième temps, lors de l’escale au monastère Sainte-Catherine, à voir surgir des images du Christ. La troisième étape occasionne quant à elle une confrontation avec l’altérité. Territoire inaccessible, à la fois physiquement et intellectuellement, la terre musulmane de Pétra ne s’appréhende qu’à travers une gamme d’émotions qui vont de la fascination à l’angoisse « charmante », de la sensation d’oppression à la nostalgie. Le voyageur se heurte aux frontières de l’altérité, au seuil des écritures illisibles. L’examen du laissez-passer révèle en effet la présence d’un malentendu, qui a pour effet d’inscrire l’altérité au coeur même de la lecture du récit. L’espace traversé, le désert, constitue quant à lui une altérité radicale, au même titre que la mort. Si on peut le parcourir, admirer les formes surprenantes dont il se pare, méditer sur le temps des origines auquel renvoie cette écriture de la pierre, du minéral, le désert n’en suscite pas moins une expérience des limites pour l’humain qui, confronté à un espace sans vie, ne peut s’empêcher d’y lire les signes avant-coureurs de sa propre mort. AB - This article considers Pierre Loti’s Sinai travel narrative, Le désert, in the light of theories of reading and alterity. Three stages mark an evolution in which the tension between the self and the other changes significantly. Far from being immediately engaged in a dynamics of alterity, the journey is first marked by Judeo-Christian references, the voyage beginning by a rereading of the Bible, especially Exodus. The journey is then marked by a stay at the Ste-Catherine monastery where emerge a number of Christ images. It is in the third stage, beside the Muslim territory of Petra, that a confrontation occurs with alterity. Perceived as an inaccessible territory, Petra is perceived through a full range of emotions ranging from fascination to ‘angoisse charmante’, from the feeling of oppression to nostalgia. The traveller collides with boundaries of alterity, at the threshold of unreadable writing. The study of the ‘laissez-passer’ reveals a misunderstanding that inscribes alterity inside the reading itself. As for the desert, this space crossed, it constitutes a radical alterity, like death. We can cross it, admire its amazing forms, even meditate on the origin and time of the stone writing, but at the same time we can’t escape the foreshadowing signs of death when confronted with this lifeless space. The desert arouses a sense of human limits. DO - https://doi.org/10.7202/008481ar UR - https://id.erudit.org/iderudit/008481ar L1 - https://www.erudit.org/en/journals/etudfr/2004-v40-n1-etudfr728/008481ar.pdf DP - Érudit: www.erudit.org DB - Érudit ER -