Abstracts
Résumé
Bien que les poèmes de Saint-Denys Garneau aient attiré l’attention d’un bon nombre de traducteurs et de traductrices anglophones, les deux qui ont le mieux réussi sont F. R. Scott et John Glassco, deux poètes associés au groupe de McGill, lequel était actif à l’époque de Saint-Denys Garneau. Leur rapport avec le poète québécois sera abordé en deux volets. Dans un premier temps, je décris les contextes historiques reliés à l’émergence de la poésie de Saint-Denys Garneau. S’il a fallu plusieurs années pour que sa poésie soit dûment reconnue par les lecteurs francophones, son accueil par le milieu littéraire anglophone fut encore plus lent, et il est même frappant que ce dernier n’ait jamais accordé au poète le statut qui lui revient. En dépit du fait qu’une traduction complète de ses poésies par John Glassco soit disponible, son absence dans le monde littéraire anglophone serait due à la fois à ses traductions et à l’incapacité des lecteurs anglophones à comprendre sa poésie. Il y aurait une différence d’imaginaire entre les lecteurs canadiens et québécois. Pour éclaircir cette différence, je me sers, dans le second volet de la réflexion, de la distinction qu’établit Pascal entre l’esprit de géométrie et l’esprit de finesse, dont le premier caractériserait le lecteur canadien et le second, le lecteur québécois. Même si, en somme, Saint-Denys Garneau avait la bonne fortune de trouver une traduction vraiment réussie, ce qu’il n’a pas pour le moment, une telle traduction ne trouverait que peu de lecteurs.
Abstract
While many anglophone translators have shown interest in Saint-Denys Garneau’s poems over the years, the most successful were F. R. Scott and John Glassco, two members of the McGill group, a dynamic cluster of poets at the time when Garneau was writing. This article considers, from two different perspectives, the translators’ conceptions of the Québécois poet. First, it describes the historical contexts related to Saint-Denys Garneau’s emerging poetry. Although it took several years for his poetry to be duly recognized by francophone readers, his reception in the English-speaking literary milieu was even slower. In fact, the latter has never given the poet the status he deserves. Despite the fact that John Glassco’s complete translation of Garneau’s poems is available, his absence in the anglophone literary world may be due to the translations of his work as well as anglophone readers’ inability to understand his poetry. Such an assumption posits a difference between the imaginary realm of the Canadian reader versus that of the Québécois reader. To clarify this difference, I appeal, in the second part of this article, to Pascal’s distinction between the spirit of geometry and the spirit of finesse to characterize, respectively, the Canadian and the Québécois reader. But ultimately, even if a successful translation of Garneau’s work were to be published, which is not yet the case, it would reach only a small readership.