Abstracts
Résumé
Lors de la fondation de la Société de phrénologie, le renforcement des collections de têtes fut l’une des décisions principales de ses membres. Pour ce faire, il y eut une participation volontaire de nombreuses célébrités de tous domaines et de toutes disciplines. Une commission fut chargée de réaliser des copies de tous les plâtres importants présents dans les collections de province et à l’étranger, de visiter les bagnes pour faire mouler des têtes, ou d’obtenir des individus célèbres leur empreinte. Les collections s’enrichirent alors rapidement, on échangea, on surmoula les têtes dans les sociétés étrangères afin de posséder l’empreinte de types humains divers et de gloires internationales. Une fois ces reliques rassemblées en très grande quantité, il importait de les diffuser. Pour ce faire, la Société phrénologique de Paris prit modèle sur les beaux-arts et inaugura le 14 janvier 1836, rue de Seine-Saint-Germain, le Musée de la Société phrénologique de Paris, dont les collections sont aujourd’hui conservées au Musée de l’Homme de Paris. Le souhait premier en ouvrant ce Musée au public était l’enseignement et la diffusion gratuite du système gallien à tous ceux qui en ressentaient l’envie. Les étagères offraient alors un magnifique panorama des gloires parisiennes dans des domaines aussi divers que le théâtre, les sciences, les beaux-arts, la musique ou la politique. Par cette collection, ce Musée sans oeuvre d’art allait s’avérer populaire. Ces chasseurs de têtes furent fréquemment condamnés par la presse artistique, la tête phrénologique étant considérée comme une sculpture sans vie, une atteinte portée à la dignité des modèles et à l’art du portrait. Ainsi, par la réception critique de ce musée dans la presse artistique, il s’agira d’évaluer les craintes suscitées par l’émergence de ce panthéon morbide.
Abstract
At the time of its founding, the members of the French Société de phrénologie (Phrenology Society) decided as prime objective to enlarge their collection of heads. Famous people from many fields and disciplines participated and a commission was appointed to make copies of all major casts available in local and foreign collections, to visit prisons for the purpose of molding heads, and to obtain the “headprints” of famous individuals. The collections grew rapidly, exchanges were made, heads of various human types were molded, and it then became important to publicize them. Thus the Phrenology Society of Paris followed the fine arts example and on January 14, 1836, at rue de Seine-Saint-Germain, inaugurated the Museum of the Phrenological Society of Paris, whose collections are now kept at the Musée de l’Homme in Paris. The purpose of this first public museum was to teach and freely disseminate the Gallien system to interested parties. The displays offered fabulous examples of Parisien celebrities in a wide range of fields including theatre, science, fine arts, music and politics. This non-art collection would ultimately prove very popular despite the bad press heaped on these “headhunters” by the art press which viewed the phrenological head as a lifeless sculpture, an imposition on the dignity of models and portraiture. But the museum’s critical reception by the art press only served to spur interest in this morbid pantheon.